La déchéance

Publié le 29 décembre 2015 par Le Journal De Personne
La déchéance... ah, la déchéance... oh, la déchéance... hi, la déchéance... ah oui,
Je suis profondément déchue !
C'est un terme sacré, subtilisé par les profanes pour nous attester qu'ils ont le sens du sacré...
Ils savent séparer ce qui est séparable mais non réparer ce qui est réparable.
Cela correspond dans notre inconscient collectif à un vieux pro-jet : jeter ce qui est jetable... tous les rebelles binationaux à la poubelle.

"Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française, nous dit le Président qui sait ce que décevoir veut dire, nous devons pouvoir déchoir
(trois verbes qui se suivent donc c'est définitif) nous devons pouvoir déchoir un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte terroriste, même s'il est né français... je dis bien même s'il est français, dès lors qu'il bénéficie d'une autre nationalité".
Il a presque tout dit. Et ce qu'il n'a pas dit, on va se le dire.

En première lecture : on n'a aucune chance de terroriser les terroristes avec ce genre de menace... à moins de considérer que les morts ont besoin d'une pièce d'identité pour accéder au jugement dernier.
C'est sans efficace pour ceux qui sont prêts à tout pour laisser une trace... c'est juste bon pour faire sourire nos kamikazes.

En deuxième lecture : on tend à souligner que la nationalité n'est qu'un bien mal acquis qui ne profite jamais.
Autrement dit, elle ne peut et ne doit être acquise, elle est innée ou elle n'est pas.
Une raison nécessaire et suffisante pour se débarrasser du droit du sol, pour ne retenir désormais que le droit du sang.
Les français de souche ne peuvent que saluer ce genre de retouches... qui ne saute pas, n'est pas français... voilà de quoi faire vibrer tous les stades.

En troisième lecture : ce projet de loi "destitutionnel", donc anticonstitutionnel est hautement symbolique... voire symptomatique. Il indique que notre mère-patrie est gravement malade, qu'elle ne reconnaît plus tous ses enfants mais seulement ceux qui sont issus de son premier mariage...
Mais aucun de ceux qu'elle doit à son marivaudage... à ses voyages...
Retour à l'ordre ancien... parce que la France a vieilli, elle n'est plus à l'âge de s'ouvrir mais à l'âge de se refermer.

En quatrième lecture : celui qui hait la France sans raison, la France va lui donner une raison pour la haïr en devenant haïssable. Elle va enfin s'asseoir sur tout ce qui la maintient : ses principes, ses valeurs, ses idéaux... et tendre la main au populisme et à l'opportunisme. Le Président a compris qu'il ne peut épater sans flatter ni convaincre sans se déclarer vaincu par un double appel : celui d'en haut et celui d'en bas, la finance et l'ignorance.

En cinquième lecture : un rappel : ce ne sont pas les nationaux qui sont concernés mais seulement les binationaux. Nous voilà rassurés... d'apprendre que la France dont le déficit commercial est colossal, s'apprête à exporter le terrorisme qu'elle a tout fait pour importer sur son sol : ingérence dans ses affaires étrangères... mauvaises gérances de ses affaires intérieures.

En sixième lecture : le réel mesquin a absorbé notre idéal républicain. Le vivre ensemble qui nous ressemble et nous rassemble, ne ressemble plus à rien... ce n'est pas l'éthique qui va nous consoler mais la politique politicienne...
LA SOLUTION PRAGMATIQUE : il faut jeter le bébé avec l'eau du bain, pour que la maman ne se dise jamais qu'elle a donné naissance à un monstre, à une monstruosité.

En septième lecture : les français qui tuent d'autres français, ne cessent pas d'être français pour autant même si on leur retire leur nationalité.
La France ne peut se laver les mains après les avoir mal élevés et bien armés au point de se retourner contre elle. Nous sommes des parents irresponsables.
Doit-on sans cesse le rappeler, qu'il n'y a pas de déliquescence sans décadence... Le déclin appelle le déclin.

En huitième lecture : dehors les arabes ! On n'en veut pas, on n'en veut plus. C'est l'occasion rêvée pour s'en débarrasser... à peu de frais... sans détour et sans prime pour le retour.
Il n'y en a plus un aujourd'hui qui ne se sente pas regardé dans la rue... garde à vue ! Garde à vous !

Ils sont déjà déchus, monsieur le Président par le regard porté sur eux... au coin de la rue, sur la terrasse d'un café, ou dans une rame de métro... ils sont déjà déchus, épargnez leur au moins la honte d'être français !