Le Pentagone voudrait voir ses industriels investir plus en R&D interne

Publié le 29 décembre 2015 par Toulouseweb


En cette fin d'année tous les politiques du Monde entier réfléchissent déjà aux budgets qu'ils auront à défendre devant leurs instances de tutelle. Il en va en France comme aux Etats-Unis où le prochain budget du Pentagone (le département de la Défense américaine) comportera une demande d'allocation comprise entre 12 et 15 milliards de dollars destinée à la recherche et au développement sur les 5 prochaines années. Une somme qui sera destinée aux technologies de simulation sur terrains d'opération, d'expérimentation et de démonstration de nouvelles technologies sensées doter le pays, ou au moins lui conserver, une longueur d'avance technologique par rapport à des pays comme la Chine et la Russie.

Un budget de recherche et développement qui devrait motiver les industriels de la défense à dépenser plus pour la recherche et le développement en interne plutôt que de procéder au rachat d'actions de leur l'entreprise, estime le sous-secrétaire d'Etat à la Défense Frank Kendall, rapporte l'agence Reuters. Franck Kendal relève que les sociétés d'armement cotées en bourse ainsi que leurs directoires sont concernés par les résultats financiers, y compris la valeur de l'action, alors que la santé financière de ces entreprises relève de leur capacité à innover et à développer de nouveaux produits.

Allégations qui sont évidemment récusées par les industriels qui ont des doutes, s'appuyant sur l'expérience passée, quant à l'attribution d'aides suffisantes qui les stimuleraient à investir plus largement dans la R&D interne.

Reuters rapporte aussi que le président de l'Association des industries aérospatiales (AIA) estime que le phénomène du rachat d'actions devrait aller en diminuant par l'effet de la remontée des taux d'intérêt et que les fusions-acquisitions reprendront. Ce qui effectivement est dans l'air du temps.

Toujours est-il que si certains industriels avancent que les aides du Pentagone ne sont pas suffisamment convaincantes pour susciter un rebond de R&D autofinancées, le département de la Défense a toutes les raisons du monde de s'inquiéter et d'envisager des solutions pour que les Etats-Unis conservent leur place au niveau mondial.

En effet l'agence Bloomberg rapporte que selon une étude conduite par le " Centre for Economics and business Research " l'économie chinoise dépassera celle des Etats-Unis en 2029 (moins rapidement que prévu cependant à cause de la faiblesse de sa monnaie) et que l'Inde talonnera la Chine dès la seconde moitié du centenaire. Certes les données économiques sont susceptibles encore d'influencer la bonne santé financière des pays, et on peut compter sur le prix du pétrole pour mélanger les cartes, mais il faut aussi tenir compte du soutien que peuvent recevoir certains compétiteurs.

Ainsi, si l'on revient plus précisément au domaine de la défense, on note la volonté de la Russie de propulser ses entreprises d'Etat à un niveau d'excellence capable de rivaliser avec l'Occident. Ainsi le conseil de surveillance de Rostec a approuvé la nouvelle stratégie définie jusqu'en 2025 qui consiste à diversifier l'économie et augmenter la proportion de produits civils de haute technologie et d'exportations de matières premières transformées. S'il est question pour Rostec d'abaisser sa part de produits militaires dans son chiffre d'affaires, il n'est en aucun cas question de réduire la production de série ou la fourniture d'armes, de composants et de services après ventes pour les aéronefs, mais de faire progresser la part du commercial, explique le patron de Rostec qui affirme que pour atteindre ses objectifs le programme d'investissement pourrait atteindre 64,3 milliards de dollars d'ici à 2025/2035.

Bien sûr ces investissements ne concernent pas spécifiquement l'aéronautique civile ou de défense, mais elle rappelle s'il le fallait qu'il faut toujours rester vigilants face à des concurrents qui visent une croissance annuelle de 17 % tel que Rostec et veulent gagner rapidement le leadership mondial dans au moins deux à trois segments.

Nicole Beauclair pour AeroMorning