Résumé de Beverley Skeggs, Des femmes respectables. Classe et genre en milieu populaire

Publié le 20 janvier 2016 par Juval @valerieCG

La respectabilité est un signe de classe et donc un enjeu pour les classes populaires. L'étude porte sur 83 femmes blanches du Nord Ouest de l'Angleterre. La respectabilité joue un rôle essentiel dans l'identité nationale britannique ; certains en ont naturellement , d'autres doivent être contrôlés par de l'état. La famille est vue comme un lieu de stabilité et la femme comme une force civilisatrice. La femme peut être une source de menace pour la société. L'état met donc en place des cours d'éducation domestique afin d'éduquer les femmes des classes populaires. Les femmes qui vont dans ces écoles d'aide à la personnes ont des ressources culturelles féminines à ce sujet puisqu'elles ont déjà des expériences personnelles en termes de soin à la personne au sein de leur famille. Elles se dévaluent et se déprécient lorsque les pratiques institutionnelles enseignées à l'école leur expliquent que ce qui est correct ne correspond pas à ce qu'elles avaient l'habitude de faire. Cela développe leur anxiété qui les prédispose à se responsabiliser.
Quand ces femmes commencent leur stage, elles sont très soumises à l'évaluation et exercent sur elles-mêmes un contrôle permanent. Pour se sentir respectables elles font du bénévolat ce qui les conduit à être exploitées.
Elles cherchent à dissimuler leur appartenance de classe ; cette dissimulation est justement un produit de leur classe.
Il est difficile pour elles de rentabiliser leur appartenance de classe. Elles vont investir dans des vêtements, des pratiques de consommation, des loisirs. Elles aspirent ainsi à une classe supérieure imaginaire et fantasmée.
La féminité :
Les femmes des classes populaires sont ce que la féminité n'est pas. Elles doivent donc désavouer le sexuel et mettre en scène une apparence et une conduite féminines pour avoir l'approbation et la validation culturelles, puisqu'elles sont vues par défaut comme vulgaires.
La féminité devient une ressource culturelle leur permettant d'éviter un déclassement.
Pour ne pas mettre en danger leurs investissements, elles se font complices de la féminité qui est une catégorie inhospitalière et davantage une nécessité qu'une souhait. La féminité reste en effet une catégorie de classe.
L'hétérosexualité :
L'hétérosexualité consolide la respectabilité et en est un marqueur puissant. Il est très difficile pour les femmes des classes populaires d'assumer une identité sexuelle (homosexuelle ou hétérosexuelle) car elles cherchent justement à éviter cette sexualisation dans une quête de la respectabilité. Elles "jouent" parfois les lesbiennes pour avoir la paix ; cela leur permet de créer un espace protégé où elles sont ensembles à jouer à être sexuelles sans risquer une perte de respectabilité.
Le féminisme :
S'identifier au féminisme suppose pour les femme des classes populaires de s'identifier à la catégorie "femme" et donc à la catégorie "femme populaire" ce qu'elles refusent. Elles considèrent que le féminisme ne s'adresse pas à elles et ne leur demande pas leur avis. Même le discours d'indépendance du féminisme leur semble lointain car il est prononcé par des femmes trop différentes d'elles. Elles ne savent pas ce qu'elles ont à gagner avec le féminisme que la féminité ne pourrait leur donner. Elles s'intéressent parfois au féminisme après une expérience négative ce qui rattache toujours le féminisme à quelqu'un chose de négatif. Qui plus est le féminisme est vu comme une autorité morale.

Partager