Sommet pour un plan B européen : Grèce, Espagne, Allemagne et France

Par Sergeuleski

  

   Qu'il soit permis de rappeler ceci à propos d'une gauche de rupture : si tous les "alternatifs" qui refusent une alternance sans alternative, sont déconsidérés aux yeux d'une classe politique et médiatique qui les traite le plus souvent avec mépris, ou bien les ignore, c'est que tous ces "alternatifs" remettent en cause le cadre idéologique qui garantit à cette classe une prospérité et une longévité dans des carrières ultra-lucratives sans commune mesure avec ce qu'un autre cadre leur garantirait car, tous le savent : on ne peut servir et l'argent et la justice.

Cela étant rappelé... poursuivons avec ce "mini-sommet pour un plan B européen" clôturé le 24 Janvier.

   Conférence de presse pour un Plan B en Europe le 23 janvier 2016 à Paris avec :


– Jean-Luc Mélenchon, député français au Parlement européen (1)
– Zoé Konstantopoulou, ancienne présidente du Parlement grec
– Lola Sánchez, députée espagnole au Parlement européen
– Oskar Lafontaine, ancien ministre des Finances en Allemagne

   Podémos en Espagne, Syriza en Grèce avant la capitulation de Tsipras, tous deux à 20% ; le Portugal avec un bloc de gauche anti-social-démocrate majoritaire à l'Assemblée... qu'en est-il du Parti de gauche et/ou le Front du même nom ?

Si les élections régionales de 2015 nous sont d'une aide quelconque pour répondre à cette question, voici le score du Front de Gauche : à peine 4% des votes exprimés au premier tour, soit 2.5% des inscrits avec 50% d'abstention.

Selon la stratégie qui veut qu'à 20% le PS devra plier face à une gauche alternative, où Mélencon ira donc chercher les 16% qui lui manquent ?

Dans son analyse, il semblerait que Mélenchon oublie que les électeurs pourraient très bien ne pas se mobiliser  pour le Parti de gauche ou le Front du même nom ; il ne l'ont pas fait pour les Régionales de 2015, rien n'indique qu'ils le fassent au premier tour de la Présidentielle de 2017. Et quand bien même ils se mobiliseraient, que faire de ces 20% au deuxième tour ? Demander aux électeurs de gauche de se mobiliser en faveur de Hollande contre Marine Le Pen, si tant est qu'il se qualifie, ce qui serait tout simplement impossible avec un Front de gauche à 20% car avec un tel pourcentage, c'est le PS qui se serait effondré dès le premier tour.

Or, en ce qui concerne ce qu'il est maintenant convenu d'appeler "des politiques de rupture", c'est le FN qui remplit son office à cet égard, et c'est lui qui, à terme, fera pression et qui pèsera sur Les Républicains qui lui sont les plus proches.

Mélenchon semble avoir aussi oublié qu'il n'y avait pas un FN à 15% des inscrits et à plus de 30% des suffrages exprimés (abstention à 50% aux dernières Régionales), soit près de 7 millions de bulletins de vote, dans les trois pays du sud de l'Europe qui ont vu émerger une gauche alternative à 20% et plus. Aussi, espérer rafler 20% des suffrages à quelque élection que ce soit avec un FN à 30% des suffrages exprimés, c'est vraiment faire preuve d'un optimisme pour le moins extravagant car, dans les faits, seule une large coalition (des souverainistes-gaullistes au PC en passant par les Verts et "les déçus" et maintenant, "les sans espoir" du PS) peut espérer frôler, voire dépasser, la barre des 20% ; une coalition avec une direction collégiale et l'établissement d'un cabinet fantôme à l'anglaise (2), de Dupont-Aignan à l'extrême gauche...

Dans le cas contraire, en ce qui concerne la France, cette alternative dite "Plan B européen" retombera très vite comme un soufflé avant même d'en avoir épouser la forme faute d'électeurs.

1 - Vidéo Youtube de Mélenchon et son discours de clôture de ce mini-sommet ICI : notez que cette vidéo a fait 265 vues.

 2 -  Un Shadow cabinet comprend les membres d'un parti ou d'une coalition d'opposition qui, sous la conduite d'une direction tournante, forment un cabinet alternatif, une équipe ministérielle de gouvernement face aux électeurs, et ce dans l'attente des élections générales.

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Qu'est-ce que la gauche ?

Frédéric Lordon répond.

C'était en mars 2012.

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Pour prolonger, cliquez : Alternative politique et mondialisme