Accepter, c’est avant tout les voir, accueillir, comme si elles étaient nos enfants, sans les juger. Ainsi, quand le chagrin me visite, au lieu de le fuir à tout prix, faire l’expérience complète de cette tristesse me permet de passer à autre chose, de tourner la page. Quand j’étais petit, je ne me laissais jamais aller totalement à la peine. Toujours, j’ai résisté jusqu’à l’épuisement.
Aujourd’hui, quand je suis abattu, j’essaie, au contraire, de couler un temps, de ne pas résister. Je constate que je peux flotter, même au cœur de l’agitation. Voir que les émotions ne tuent pas finit par donner une grande confiance. Je dirais presque qu’en un sens les tempêtes nous aident. Rien ne contrarie davantage le dire « oui » joyeux que le déni face à ce qui nous agite.
La deuxième pratique, celle qui me nourrit le plus, consiste à laisser passer. Mille fois par jour, laisser passer les angoisses, les peurs, les émotions, comme autant d’abeilles qui viendraient bourdonner autour de nous : plus nous les chassons, plus elles s’agitent. Laissons-les simplement déguerpir, sans réagir le moins du monde. »
extrait de "Trois amis en quête de sagesse".