Le monde de Narnia : Le Prince Caspian - Interview du réalisateur

Par Laurent Ballestra
Andrew Adamson, néo-zélandais de naissance, réalisait son premier film d’action avec Le Monde de Narnia : Le Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique (il a également les deux premières parties de Shrek à son actif). Il s’est installé une fois de plus dans le fauteuil du réalisateur pour le Prince Caspian, second volet tant attendu des histoires de Narnia.

Studio de montage, Londres, le 18 février 2008.
Prince Caspian a été tourné pendant l’été 2007, mais le travail d’Adamson ne s’arrête pas là. Pendant les premiers mois de 2008, il s’est consacré aux derniers détails du film dans un studio de montage à Londres, dans le quartier de Covent Garden, habituellement plus fréquenté par les touristes que par les cinéastes oscarisés.

Interview

L’histoire de Prince Caspian est très différente de celle du Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique. Laquelle a été la plus facile à adapter pour le cinéma ?
Andrew Adamson : C’est une bonne question. La difficulté pour l’adaptation du Prince Caspian était que, contrairement au Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, l’histoire semblait plus compliquée à adapter au cinéma. Une grande partie de l’histoire est racontée rétrospectivement. Lorsque les enfants Pevensie arrivent à Narnia et rencontrent le nain Trompillon qui leur explique alors ce qui est arrivé à Narnia pendant leur absence. Nous avons dû modifier la structure du livre pour rendre l’histoire plus dynamique.
Il y a une autre différence nette entre le film et l’adaptation cinématographique de Prince Caspian par le fait que le rôle principal soit joué par un acteur plus âgé que le personnage du livre. Quelle en est la raison ?
Andrew Adamson : Je crois que le livre dit que Caspian a 13 ans, mais il y avait plusieurs raisons pour changer ça. Tout d’abord, il fallait que l’on puisse croire qu’il mènerait cette immense armée et deviendrait roi. D’autre part, tous les autres enfants on grandi depuis Le Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique et je voulais que leurs personnages grandissent et mûrissent également à l’écran, donc Caspian devait lui aussi être plus âgé. En fait, je me rends compte, curieusement, qu’à la lecture des livres j’avais toujours imaginé Caspian plus vieux.
Est-ce que changer l’âge des personnages dans le film change les rapports qu’ils ont entre eux et cela crée-t-il des problèmes au niveau de l’écriture du scénario ?
Andrew Adamson : Oui, il est certain que ça change les choses entre les personnages, mais ça nous donne aussi la possibilité de les pousser un plus loin, de leur donner davantage de substance. En lisant Le Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, j’ai toujours pensé à quel point ça devait être dur pour Peter Pevensie, qui est roi à Narnia pendant 15 ans et qui doit retourner à sa vie normale et faire ses devoirs. Les problèmes sont inévitables ! Et je crois que l’histoire transparaît dans ce qui arrive entre Caspian et Peter dans le nouveau film. Il y a immédiatement prise de bec entre Peter et Caspian, parce que Peter veut reprendre son ancienne position glorieuse et Caspian se considère comme le roi des Narniens.

Vous avez apparemment filmé une bien plus grande proportion de Prince Caspian dans des lieux réels, tandis que le premier film avait été réalisé en studio. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?
Andrew Adamson : Je voulais que Prince Caspian soit un peu plus épique. Il s’agit davantage d’une histoire d’aventure, d’un film pour garçons. Le Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique a été tourné à 40% en extérieurs et 60% en studio, et c’est plus ou moins l’inverse pour Prince Caspian. Nous avons tourné dans des endroits fabuleux en Nouvelle-Zélande, en République tchèque, en Slovénie – un peu partout, en fait.
Vous avez aussi choisi une distribution très diverse et très internationale pour Prince Caspian. Était-ce un choix délibéré ?
Andrew Adamson : Une partie de cette décision vient du fait que je voulais que Caspian soit très différent de Peter, physiquement et sous tous les autres aspects. Et puis en relisant le livre, je me suis rendu compte que le roi Miraz et les Telmarins, et donc le prince Caspian également, étaient censés être des descendants de pirates. C’est ce qui m’a lancé sur mon idée de rechercher des types méditerranéens, et puis Gail Stevens, notre directrice du casting, m’a suggéré l’acteur italien Sergio Castellitto pour le roi Miraz, et il est tout simplement fabuleux. Nous avons également choisi l’un des meilleurs acteurs du Mexique, Damian Alcazar, un autre des meilleurs acteurs d’Italie, Pierfrancesco Favino (Lord Glozelle), et Alicia Borrachero, qui vient d’Espagne. Nous avons trouvé des acteurs vraiment extraordinaires.
Il y a de nouveaux personnages dans Prince Caspian, comme par exemple la souris guerrière Ripitchip. La création de personnages de synthèse vous amuse-t-elle beaucoup ?
Andrew Adamson : Ripitchip a toujours été mon personnage préféré dans les livres, mais ce n’est que quand nous avons commencé à travailler sur Caspian que j’ai réalisé à quel point je m’en étais inspiré pour la création du Chat botté dans la série Shrek. Ce sont tous les deux des personnages petits, qui savent manier l’épée et qui détestent qu’on leur dise qu’ils sont mignons. Ce qui m’a surtout aidé, c’est quand nous avons choisi Eddie Izzard, qui a donné à Ripitchip un caractère d’aristocrate britannique.
Il y a une scène dans la bande-annonce de Prince Caspian, où l’on entend dire « vous découvrirez qu’à Narnia la barbarie règne plus que jamais ». L’affiche du film dit aussi « Un nouveau chapitre s’ouvre. Une nouvelle bataille commence». Ces phrases résument-elles la manière dont vous avez abordé le film ?
Andrew Adamson : Absolument, parce que pour moi, l’essentiel du film est que les enfants reviennent à Narnia et découvrent que le monde qu’ils avaient quitté a disparu à tout jamais. Je raccroche cela à expérience que j’ai vécue quand j’étais enfant. J’ai grandi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays qui a connu tellement de changements que les lieux de mon enfance n’existent tout simplement plus aujourd’hui. Donc cette idée que l’on ne peut pas revenir en arrière est centrale à l’idée du film et, quand on la compare à l’enfance, elle prend une dimension universelle. Même si notre enfance est heureuse, on ne peut jamais revenir… Il faut absolument s’en détacher. Les Pevensie doivent se détacher du Narnia qu’ils ont connu.
Y a-t-il aussi un message pour les spectateurs ? Que Narnia va être un endroit très différent la deuxième fois ?
Andrew Adamson : Certainement. Prince Caspian conserve quelques-uns de ces moments de calme et de lyrisme typiques de l’écriture de C. S. Lewis, et qui sont au cœur du Lion, la sorcière blanche et l’armoire magique, mais c’est un film au rythme plus rapide et une plus grande épopée, dans un monde plus noir et plus réaliste. Le Narnia de Prince Caspian est un endroit différent. Comme je l’ai dit, on ne peut pas revenir en arrière !
La sortie internationale du film Le Monde de Narnia : Prince Caspian est prévue pour le printemps 2008.
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