Les insoumis : film noir

Par Rob Gordon
Il y avait de quoi craindre le pire à l'idée de voir Claude-Michel Rome, jusqu'ici réalisateur de téléfilms et de feuilletons estivaux comme Zodiaque et sa suite, débarquer sur grand écran avec un polar qui sentait bon l'esprit TF1. Des préjugés bien excessifs, le bonhomme faisant preuve d'une certaine aisance derrière la caméra. Les insoumis est un film, un vrai, pas un caprice de star de la petite lucarne. S'il a encore des progrès à faire dans le découpage des scènes d'action, Rome met en scène de façon convaincante un film noir qui peine cependant à convaincre.
Il faut dire que le scénario d'Olivier Dazat (auteur, entre autres, du Vélo de Ghislain Lambert et de Quatre étoiles) empile un peu trop les poncifs sur le métier de flic. Difficile notamment de croire au personnage de Richard Berry, cow-boy solitaire et incorruptible qui vient remettre les choses à leur place dans un commissariat difficile. De nombreuses scènes donnent une impression de déjà vu, pas aidées par des dialogues franchissant plus d'une fois la limite de la trivialité et du bon mot facile. Tout cela nuit un peu à la crédibilité du film, plongée dans milieu du gangsterisme d'envergure. Heureusement, le casting est solide et l'interprétation convaincante, de Zabou Breitman en cheftaine enceinte au méconnu mais excellent Moussa Maaskri en fliquard taciturne.
Pas révolutionnaire mais bien menée, l'intrigue donne lieu à des morceaux de bravoure pas forcément lisibles mais étonnamment explosifs. La scène d'ouverture fait penser à Heat, une autre à Assaut, et si la comparaison s'arrête là, elle permet de constater que Les insoumis est un film ambitieux. Il est surtout permis d'espérer que Claude-Michel Rome, s'il poursuit dans ce désir de livrer des polars d'envergure et s'il trouve de meilleurs scénarios, puisse devenir l'un des fers de lance du film noir français, bien loin des vilains préjugés que l'on pouvait émettre à son encontre.
5/10

(également publié sur Écran Large)