Solo, T2 : Le cœur et le sang

Par Belzaran


Titre : Solo, T2 : Le cœur et le sang
Scénariste : Oscar Martin
Dessinateur : Oscar Martin
Parution : Janvier 2016


Oscar Martin avait marqué nombre de lecteurs avec le premier tome de « Solo ». Cette histoire de rat mutant, dans un futur apocalyptique, était surtout puissante par son dessin d’une grande beauté et d’un sens du mouvement incroyable. Hélas, la redondance des combats empêchait de vraiment adhérer à la démarche. Avec ce tome 2, intitulé « Le cœur et le sang », l’auteur cherche à développer la psychologie de son personnage. Le tout est publié chez Delcourt pour une centaine de pages.

À la fin du premier tome, Solo trouvait, avec l’amour, un sens à son existence. Dans ce second tome, il fait ainsi partie d’une communauté et est en couple avec une jolie ratte. Celle-ci va retrouver son meilleur ami, enclenchant un trio amoureux destructeur. Solo fait rarement dans la finesse et il va partir méditer dans les landes dévastées plutôt que d’affronter ses sentiments.

Plus de psychologie, moins de combats.

Clairement, ce tome est bien plus pauvre en combats. Comme pour le premier opus, le début laisse présager une profondeur. Les rattes sont ainsi capturés par des humains pour faire de l’élevage. Mais alors qu’on s’imagine Solo aller délivrer sa belle, il n’en sera rien. Simple prétexte, l’univers post-apocalyptique reste rachitique, se contentant de permettre l’existence d’animaux mutants et d’une violence barbare. Quant au trio amoureux, il est traité avec beaucoup de simplicité et sert de prétexte à un départ métaphysique du rat.

Malgré cette déception, Oscar Martin a le mérite de ne pas se répéter. Ainsi, ce tome 2 ressemble très peu au premier. L’ambiance reste là, avec les monologues de Solo, la violence et le monde barbare. Mais là où le premier tome innovait par une mise en scène et un découpage inventifs, on se retrouve ici avec une bande-dessinée plus classique. En assagissant sa série, l’auteur assagit aussi ses innovations.

Le dessin reste une véritable merveille d’anthropomorphisme. On pense à Disney, bien évidemment, mais Oscar Martin apporte cette violence, voir cette sensualité qui fait tout le charme de la série. Certaines cases sont incroyables et le dynamisme des scènes, la variété des plans et des postures force le respect. Mais on finit un peu sur le même constat que pour le premier tome, la surprise en moins : avec un scénario plus fouillé, on aurait là une œuvre magistrale.

L’ouvrage fait une centaine de pages, mais l’histoire principale n’en pèse que soixante-dix. À la fin, un bestiaire est présenté (histoire de donner de l’épaisseur à l’univers ?) ainsi que des histoires courtes.

Ce deuxième tome m’a clairement déçu. Certes, ce n’est plus une série de combats que nous propose Oscar Martin, mais la psychologie des personnages et le développement de l’univers restent très légers. Et du coup, on perd l’inventivité de la narration, peut-être plus puissante. Le troisième tome apportera-t-il enfin l’ouvrage que l’on espère tant d’Oscar Martin ? Ce n’est pas certain… En tout cas, graphiquement, « Solo » reste une œuvre marquante qui en inspirera plus d’un, moi le premier.