Drifter, de Brandon et Klein : un magnifique voyage aux confins du réel.

Par Hectorvadair2
Drifter t1 & t 2
Ivan Brandon/Nic Klein
Glénat comics
Janvier 2016
2015 aura été l’année de la reprise en main par la maison d’édition Glénat de son catalogue comics, et de nombreux articles s’en sont fait l’écho. Il avait été d’abord dirigé un temps par Thomas Rivière, du blog Comicsplace, (2012-2014), grâce à qui on avait eu droit entre autre à Danger girl et la réédition de Out there, avant d’être repris ce début d’année 2015 par Olivier Jalabert.
De nouvelles séries, dont pas mal issues de chez Image sont été lancées, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la comparaison éditoriale avec l’excellence de la collection indies d’Urban, n’a rien d’une coïncidence. Alors oui, les auteurs sont différents, et les volumes un peu moins épais. Mais on tient là de belles nouvelles séries, et des auteurs de talent.
Drifter est l’un des 3 grands titres lancés dés Avril, avec Lazarus et Sex criminals, qui mérite le détour.

©Nic Klein/Ivan Brandon/Glenatcomics

Abraham Pollux s’est crashé avec son vaisseau sur la planète Ouro, et il a pu intégrer avec assez d’aisance une communauté d’humains dont l’énergie nécessaire à la survie est puisée dans les profondeurs, grâce aux déchets organiques de vers géants.
Cette communauté vit en relation étroite et dangereuse avec ceux qu’on appelle les rouleurs, une race extraterrestre humanoïde acariâtre et quasi invincible.
Abraham n’a cependant qu’un désir, rentrer chez lui.
Alors qu’il intègre une troupe afin d’aller chercher de nouvelles pièce détachées sur la face cachée de la planète, ceux-ci tombent sur le vaisseau d’Abraham.  Mais à l’intérieur.. il ne sont pas les seuls…Comment le destin d’Abraham va t-il se sceller, en relation étroite avec ces fameux rouleurs ?…
Cette série de science fiction au graphisme et aux couleurs exceptionnels* nous plonge dans un univers assez proche de Storm dogs, publié chez Delcourt en 2014 (et chroniqué ici)
Cette base, et la vie qui y règne, rappelle de bons moments, vus ou lus dans Ghost of mars (Carpenter), ou même Trish trash, récent comics de Jessica Abel. L’apanage d’un récit se situant dans une station au look un peu western.
C’est d’ailleurs le terme qui a été utilisé par l’éditeur, accolé à celui de Space opera, qui est justifié lui, entre autre par les superbes planches des pages 20 à 24 de ce tome 2, où l’on s’envole avec l’équipe à bord d’un petit vaisseau cargo, naviguant dans un univers féerique, entouré d’oiseaux blancs, ressemblant étrangement au Groot de Moebius dans Arzach.

Superbe pages 20-21 ©Nic Klein/Ivan Brandon/Glenatcomics

Tout est fait dans cette série pour nous ravir : un scénario ménageant le suspens, de nombreux personnages avec des psychologies bien différentes, des méchants dont on ne sait pas grand chose, des décors somptueux et une face cachée réservant des surprises.. et le destin de notre héros, dont on se demande s’il est déjà écrit ou pas.
On se doute en effet qu’un problème spatio-temporel lors de sa chute a pu lui faire perdre différentes notions, que les rouleurs lui rappellent d’ailleurs à demi mots, tout comme l’autre héroïne, la shérif, qui l’a recueillie en début de récit et lui a expliqué qu’il était là depuis plus longtemps qu’il ne l’avait perçu lui-même.
...La science fiction ne s’est jamais portée aussi bien dans les comics que depuis une dizaine d’année, et je pense encore en disant cela, et après avoir déjà cité deux ou trois titres, au superbe et ambitieux Prophet, d’un autre Brandon (Graham), né aussi en 1976. (chroniqué ici)
Ce Drifter fait partie des bonnes lectures du moment, et qui resteront, certainement. Ne le manquez pas !  NB : tome 3 à paraitre ! 
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> La collection Glénat comics : http://www.glenatbd.com/actu/glenat-comics.php
 Une interview des deux auteurs (en anglais) sur Vulture.com.
(*) Nic Klein est un auteur allemand très doué, et il nous fait un cadeau sur son blog en nous montrant ci-dessous comment il travaille. (Tiré de son blog : https://nicklein.wordpress.com)