[Critique série] KINGDOM – Saison 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Titre original : Kingdom

Note:
Origine : États-Unis
Créateur : Byron Balasco
Réalisateurs : Frank Grillo, Kiele Sanchez, Matt Lauria, Jonathan Tucker, Nick Jonas, Joanna Going, Paul Walter Hauser, Mark Consuelos, Mac Brandt, Natalie Martinez, Juliette Jackson…
Genre : Drame/Action
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :
Rien ne va plus pour Alvey Kulina, le propriétaire du Navy St. Gym. Sa relation avec Lisa a du plomb dans l’aile et ses rapports avec Nate et Jay, ses deux fils, sont toujours aussi compliqués. Jay, qui se débat lui aussi avec ses problèmes, tout en faisant le maximum pour monter les échelons et imposer son talent de combattant sur l’octogone. Tout comme son petit frère, qui se remet toujours de ses blessures, alors que le secret qu’il porte le ronge petit à petit. Ryan Wheeler pour sa part, tente de recoller les morceaux avec son père et se prépare à disputer un match très important pour la suite de sa carrière. Une nouvelle combattante fait également son entrée au club…

La Critique :
Sans qu’on ne la voit trop arriver, Kingdom, a su se faire une place au soleil. Sans faire de vagues mais en se « contentant » de faire les choses bien. Avec application, la première saison a donc posé les bases, avant de proposer une galerie de personnages forts. Les enjeux, puissants eux aussi, ont alors permis de multiples développements scénaristiques, sans que le show ne perde de son unité et de sa cohérence. Avec naturel, toujours sans forcer, Kingdom est alors devenue la première véritable série portant sur les arts-martiaux mixtes (MMA, zéro bla-bla, un maxi de tracas dans la tronche). Remarquable par sa propension à instaurer une véritable palette d’émotions, se démarquant aussi par son caractère souvent viscéral, la première saison avait fait l’effet d’un joli uppercut du gauche dans la mâchoire. La conclusion, risquée car illustrant une sorte de descente aux enfers collective pour la quasi totalité des personnages, était pourtant à double tranchant car si la série avait réussi son entrée sur le ring, encore fallait-il éviter le K.O. sur la longueur…

La bonne nouvelle, c’est que très rapidement, Kingdom se remet sur les rails. Un peu comme si il n’y avait pas eu de pause, le show retrouve son même rythme de croisière, entrecoupé de plusieurs morceaux de bravoure, histoire de conserver sa force de frappe. Sur, ou en dehors du ring d’ailleurs. Marqué par un combat, histoire de complètement nous replonger dans le grand bain, le premier épisode augure le meilleur. Ce qui sera effectivement le cas.
Sans se la jouer trop prétentieuse, cette nouvelle salve d’épisodes brille par son écriture. Les éléments entamés précédemment trouvent un développement plus que convainquant, y compris pour les plus délicats. Aucune redondance également, ce qui, quand on s’intéresse à certains personnages, comme la mère junkie de Jay et Nate, tient presque de l’exploit, tant ce genre de profil amène souvent, à la télévision comme au cinéma, à un déluge de clichés bien plombants. Ici, on ne passe pas très loin du dérapage, mais globalement, grâce à une très grande justesse dans la tonalité et l’angle choisi pour aborder les problèmes, ça passe comme une lettre à la poste. La « faute » à une structure particulièrement judicieuse, qui permet de ne jamais perdre de vue tel ou tel protagoniste, sans non plus y rester focalisé trop longtemps. On peut d’ailleurs souligner l’apparent désir du showrunner de ne pas surcharger la série avec un trop grand nombre de personnages. La saison 2 en voit ainsi très peu débouler, et au fond, un seul (une seule en l’occurrence) devrait en toute logique se tailler la part du lion pour faire jeu égal avec les vétérans de la famille Kulina, au centre de la dynamique.

Des personnages qui ont aussi beaucoup évolué. Déjà pas vraiment unilatéraux, ils bénéficient pour la plupart d’un soin tout particulier. Les acteurs n’étant bien entendu pas étranger à cette plus grande ambiguïté. Jonathan Tucker, alias Jay Kulina n’est plus seulement cette grande gueule. Il s’ouvre, montre un peu plus ses failles et en dévient plus attachant. Il convient d’ailleurs de saluer le boulot, sur le plan physique certes, mais pas seulement, de cet acteur auparavant vu dans des films comme Les Ruines ou Dans La Vallée d’Elah. Petit à petit, il impose un charisme hors norme, aussi improbable que réjouissant, et apporte une puissance non négligeable à la série. Même sentence sans appel pour Matt Lauria, désormais décidément bien loin des précédents rôles, en majorité anecdotiques qu’il a pu tenir dans des séries diverses et variées. À fond dans son personnage, il gagne lui aussi en intensité et en complexité et se trouve être à la source des moments les plus émotionnellement intenses de ce deuxième acte. On ne saurait trop saluer Nick Jonas, qui revient de très loin (pour rappel, il faisait partie des Jonas Brothers). Ici méconnaissable, il campe un personnage vraiment torturé et trouve le moyen, en plus d’en imposer physiquement, de ne jamais opter pour le chemin le plus court pour atteindre son objectif et toucher au vif.
En chef de troupe, Frank Grillo confirme qu’il s’agit là du rôle le plus important de sa carrière. Viscéral à souhait, le comédien taillé dans la roche, livre une composition habitée du plus bel effet, elle aussi grandement responsable de la bonne tenue de l’ensemble.
Série de mâles par excellence, Kingdom ne délaisse pourtant pas le beau sexe, à travers, principalement, deux personnages forts. Le premier, interprété par Kiele Sanchez, incarne justement ce combat permanent pour s’imposer dans un monde d’hommes et se trouve être l’un des plus cruciaux du lot. Petite nouvelle pleine d’assurance, et pour le coup vraiment percutante à plus d’un titre, Natalie Martinez envoie du lourd dans la peau d’une championne du ring en devenir, sans se départir d’une féminité non sacrifiée sur l’autel des coups de poings dans la tronche.

Gommant les défauts les plus grossiers de la première saison, cette seconde rafale recentre un peu plus les choses et se concentre sur l’essentiel. Personne n’est à la traîne. Si on fait exception de rares scènes peut-être un peu trop appuyées, la tension monte sans discontinuer. Non seulement convaincante quand il s’agit d’honorer au premier degré son côté martial, au travers d’affrontements violents et bien chorégraphiés (et bien filmés c’est important), Kingdom ne perd pas du tout de sa force quand elle reste en coulisses et brosse le portrait d’âmes cabossées. La métaphore du combat prend alors tout son sens et tels des films où le sport tient une place de choix pour sa propension à tirer vers le haut les hommes, la série ne table pas uniquement sur les démonstrations de force brute. Le rapprochement que nous faisions avec l’impressionnant Warrior, dans lequel jouait également Frank Grillo, est en cela plus que jamais valable.

Kingdom conserve un sens de la mesure en somme toute rare. Cette saison 2 le prouve. Les coups portent, au propre comme au figuré. La rythmique est affûtée et la réalisation au diapason. Plus déterminés que jamais, poings en avant, les pieds bien vissés au sol, les combattants de Kingdom rendent les coups avec une énergie communicative. Sans céder à la tentation de la feinte facile. Ils touchent au vif, à plusieurs reprises, à tel point qu’il est légitime d’en redemander.

@ Gilles Rolland

  Crédits photos : Audience Network/OCS