Job flm « Steve Jobs » : think different !

Publié le 09 février 2016 par Toulouseweb

A l'affiche actuellement, ce film du réalisateur britannique Danny Boyle (très connu pour son " Slumdog millionnaire ") est très représentatif d'une catégorie de cinéma dans lequel les américains ne sont pas trop manchots : la biographie, c'est-à-dire le " biopic ". Et là, il s'agit de celle de Steve Jobs, le génial créateur d'Apple, qui a eu l'honneur (posthume) d'avoir deux films ayant évoqué sa vie et son parcours fulgurant. Ce film est donc le deuxième, après " Jobs ", un film indépendant sorti en 2013, et passé complètement inaperçu.
Les américains sont cependant des gens prudents : on attend en général, dans les majors compagnies, que les gens dont elles retracent le parcours soient passés de vie à trépas... Sinon ce sont les ennuis assurés, et des " immeubles d'avocats " se pourlèchent les babines en préparant des procès en préjudice moral, avec de juteux paquets de dollars à la clé.
Cela tombe bien, Steve Jobs est mort en 2011, à 56 ans. Et ce film, en fait, n'est pas, à proprement parler un panégyrique du tycoon de la Silicon Valley. En ce sens, il diffère sensiblement d'un film sorti en 2010, qui avait été un gros succès : " The social network ", l'histoire (qui se poursuit... exception à la règle citée plus haut !) de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook. D'un côté, Steve Jobs et Apple : la révolution de la micro-informatique de l'autre, Mark Zuckerberg, son " réseau social "... et son milliard de connectés quotidiens (depuis le milieu de l'année 2015) je ne fais pas, personnellement, partie de cette armada gigantesque, au grand désespoir de ma famille mais je me soigne !

Pour en revenir au film, sa grande force vient d'un travail scénaristique remarquable, articulé autour des trois grandes présentations publiques des inventions de Jobs : le Macintosh en 1984 (succès assez poussif), le Next (échec total), alors qu'il n'est plus chez Apple, et l'iMac, au désign et au concept révolutionnaire, en 1998 (énorme succès). Dans les trois cas, un homme, qui va, seul, donner une sorte de show dans une salle de spectacle, pendant que l'on s'agite beaucoup en coulisses... La très intelligente dramatisation de ces moments capitaux fait du film une sorte de pièce de théatre antique, passionnante de bout en bout aux affrontements entre Steve Jobs, imperméable aux sentiments de ses collaborateurs, enfermé dans sa logique technologique, répond dans une sorte de contrepoint l'affrontement avec son ex-compagne, en présence d'une enfant qu'il mettra des années à reconnaître comme sa fille biologique.
Servi par des acteurs excellents (Kate Winslet, sa collaboratrice souffre-douleur, entre autres) ou carrément époustouflants ( Michael Fassbender, qui a complètement " habité " le personnage de Steve Jobs), ce film au titre éponyme est une magistrale leçon de cinéma... Bref, je n'avais pas du tout envie, aujourd'hui, de vous parler de " Dirty papy " !

christian.seveillac@orange.fr