Quelques peintres russes plus en détail

Publié le 09 février 2016 par Jigece

Alexandre Deïneka

Alexandre Deïneka (Александр Дейнека) (1899-1969) est considéré comme l’un des peintres russes les plus importants du XXe siècle, notamment au sein du courant du réalisme soviétique – et certainement un des plus « original » dans la mesure où il a véritablement un style et où, même s’il a pu être vu comme « le chantre du totalitarisme soviétique », il est plus resté à distance de l’art dit idéologique que certains de ses homologues comme Alexandre Guerassimov ou Isaak Brodski, n’ayant jamais réalisé de portraits de dirigeants par exemple, se concentrant sur la représentation du « peuple soviétique ».

Né dans une famille de cheminots, il étudie entre 1915 et 1917 au lycée d’art de Kharkov, où il est élève du peintre Alexandre Loubimov. Il soutient la révolution russe, s’engageant dans l’Armée rouge entre 1919 et 1920 au sein du département politique de Koursk. De là, il est envoyé étudier aux Vkhoutemas, les Ateliers supérieurs d’art et de technique fondés par Lénine en 1920. Il y rencontre Vladimir Favorski, qui sera son professeur, et le poète Vladimir Maïakovski, qui auront tous deux une grande influence sur son développement artistique et sa formation à la création. Membre fondateur de groupes comme Ost (« Être ») ou Octobre, il réalise la première grande œuvre historique révolutionnaire en 1928 : La Défense de Petrograd. Vers 1931, il devient membre de l’Association des artistes prolétariens (A.H.R.R.).
Dans les années 1930, il réalise de nombreuses affiches de propagande colorées et enthousiastes, tandis que le style de ses peintures diffèrent déjà d’autres peintres par le traitement qu’il leur accorde et les sujets abordés, comme Sur le balcon (1931).
En 1932, La Mère marque le début d’une nouvelle période créative. Deïneka réalise également des peintures à sujet politique comme Chômeurs à Berlin (1933). Au milieu des années 1930, il opère un tournant moderniste, très inspiré par le thème de l’aviation (Futurs pilotes, 1937). Avec le pilote G.F. Baidoukov, il réalise un livre pour enfant sur le sujet, publié en 1938. Les thèmes historiques qu’il aborde sont basés sur sa propre réflexion sur l’histoire pré-révolutionnaire. À cette époque, il commence à réaliser des mosaïques, dont celle de la station de métro Maïakovskaïa à Moscou.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il réalise des peintures monumentales et dramatiques, dont Banlieue de Moscou, novembre 1941 constitue la première œuvre. Il parvient à faire pénétrer une grande souffrance dans son travail (Le Village brûlé, 1942), autant que l’enthousiasme héroïque (La Défense de Sébastopol, 1942).
Après la guerre, il continue de peindre et reprend son travail de mosaïque, notamment pour le palais des congrès du Kremlin. Pour Les Joueurs de hockey (1960), il est récompensé du prix Lénine en 1964.
Il décède le 12 juin 1969. Il est enterré au cimetière de Novodevitchi à Moscou.

[ Vous pourrez trouver ici un éclairage très intéressant sur l’œuvre de Deïneka et ce qu’elle montre sur le « réalisme socialiste soviétique » et son rapport au corps et au genre (ce qui est tout à fait d’actualité). On peut notamment y lire que « Si les représentations à dimension « érotique », condamnées par les autorités, n’ont pas, en principe, leur place dans le réalisme socialiste, la représentation de corps nus ou dénudés est possible, semble-t-il, dans la mesure où elle participe à une forme de glorification du corps prolétaire capté dans son rapport à la construction du socialisme : dans l’effort physique bien-sûr (avec toujours le triptyque travail, sport, guerre), mais aussi dans son rapport plus diffus à un style de vie (« Soviet way of life »), à un idéal, à un « avenir radieux » qui existerait déjà dans le présent. » ]

Voici maintenant une sélection de ses meilleures œuvres.

Boris Grigoriev

Boris Grigoriev Dimitrievitch est né à Moscou. Il fait partie du mouvement de l’Avant-garde russe. Il a également écrit régulièrement pour le magazine « Satyricon » et « New Satyricon. » Son travail de portraitiste est particulièrement reconnu.

Jeunesse

Grigoriev est né à Moscou en 1886 d’une mère suédois. Né hors mariage, il n’a été reconnu et adopté par son père Dimitri Grigoriev qu’à quatre ans. Enfant de toute évidence doué, il est inscrit à l’école d’art Stroganov à l’âge de 17 ans, puis commence à fréquenter l’Académie Impériale des Arts de Saint-Pétersbourg en 1907 en tant qu’auditeur.
Au cours de ses études à Saint-Pétersbourg, il profite de la proximité de la Suède pour visiter la famille de sa mère en 1909. Il participe à l’exposition du groupe, « Union des impressionnistes », organisée par l’artiste et musicien Nikolai Koulbin.
Grigoriev se rend à Paris en 1913, où il vit pendant environ quatre mois. Il a assiste aux cours de l’Académie de la Grande Chaumière, et sera très influencé par l’art impressionniste qu’il voit dans les musées.
Après son retour à Saint-Pétersbourg, il rejoint le mouvement « Monde de l’art » qui a été influencé par le mouvement Art Nouveau. Grigoriev reste avec ce groupe jusqu’en 1918, exposant avec eux régulièrement. Il est connu comme un grand dessinateur, et aussi un représentant de la gauche à l’intérieur de l’avant-garde. Il commence à enseigner à l’Institut Stroganov à Saint-Pétersbourg.

Hors de Russie

Cependant, peu de temps après, Grigoriev décide de quitter la Russie et de passer en Europe. La raison en est qu’il commeçait à être critiqué pour son style européen. Avec sa famille, il traverse clandestinement le golfe de Finlande sur un bateau en 1919, d’où ils se rendent à Berlin. Ils ont déménagent ensuite à Paris en 1921. Sa carrière décolle aussitôt – il expose à Paris, New York, Prague et Milan. Durant les années suivantes, il passe ses étés en Bretagne, produisant son « Cycle Breton ».

Les dernières années

Le travail de Grigoriev est très connu au milieu des années 1920, il cumule expositions et commissions. Il voyage aux États-Unis en 1928, où son talent de portraitiste était en vogue. L’année précédente, il avait acheté une villa à Cagnes-sur-Mer, près de Nice, et s’y était installé. La villa a été nommé Borisella, d’après son prénom et celui de sa femme, Ella.
Grigoriev est chargé de créer une œuvre de grande échelle en 1929 pour la Société des Nations, intitulé Visages du Monde. Il a été acquis par la ville de Prague en 1932.
Grigoriev est mort à Cagnes-sur-Mer en 1939.

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