Prendre de la hauteur

Par Mpbernet

Journée ensoleillée à Paris ce matin ... Une opportunité d'aller admirer la plus belle perspective qui s'offre au piéton de Paris. Ignorer le côté touristique de la butte, les bistrots et les boutiques de souvenirs, les toiles fabriquées au kilomètres en Chine ou ailleurs ... Car cette colline reste très inspirée et vaut le détour.

Les étrangers ne s'y trompent pas puisque le Sacré Coeur est le deuxième lieu le plus visité de la capitale - après Notre Dame - avec 11 millions de visiteurs.

Et ce depuis des lustres : il y avait là déjà des temples romains dédiés à Mars et à Mercure, puis l'église romane Saint Pierre, l'abbaye royale ... avant que ne soit érigé cet immense chou à la crème qui est bien l'un des symboles reconnaissables entre tous de Paris.

La basilique éternellement blanche - la pierre de Souppes a la propriété de blanchir à l'eau de pluie - culmine à 130 m d'altitude. Sa construction a été décidée en réalisation d'un voeu en forme d'expiation après la défaite de nos armées à l'été 1870. Donc avant les événements de la Commune de Paris. Cependant, c'est bien sur ce même terrain que sera ouvert le gigantesque chantier là où furent parqués les canons de la Garde Nationale et d'où la révolte fut déclenchée.

L'architecte Paul Abadie remporta le concours en juin 1874, s'inspirant de la basilique Saint-Front de Périgueux. Honoré Daumet puis Charles Laisné lui succèdèrent. Abadie avait exercé ses talents en Aquitaine et, en particulier, dessiné la petite église de Villefranche du Périgord ... C'est la période des grandes basiliques de Notre Dame de la Garde ou de Fourvière. Le style romano-byzantin est à l'honneur avec le catholicisme triomphant. Du fait de la Grande Guerre, la consécration n'intervient cependant qu'en octobre 1919

Ne pas se contenter de contempler la ville depuis les marches du perron : l'intérieur de la basilique est couvert de superbes mosaïques à détailler : le chemin de croix et surtout le grand décor au dessus du maître autel inauguré en 1922. La mosaïque d'Olivier Merson recouvre 475 m² et met en scène de nombreux personnages, dont certains en frac ... c'est naïf à souhait !

Un autre détail qui ne saute pas immédiatement aux yeux mais a son importance : le sanctuaire n'est pas orienté est-ouest mais nord-sud, et la lumière l'enveloppe à toute heure ... Même un jour de pluie, où tout brille et où la silhouette de l'édifice se détache sur un fond gris foncé, le pélerinage en vaut la peine !