L'éolienne du futur sera «made in France»

Publié le 19 février 2016 par Blanchemanche
#eoliennesflottantes
  • Une PME française a inventé un nouveau type d'éolienne flottante permettant une production d'électricité plus importante pour un coût moins élevé. La recette séduit déjà des investisseurs chinois.

    ©Nenuphar
    Faire pousser des champs d'éoliennes flottantes sur le vaste espace maritime français: c'est le doux rêve que caresse Nenuphar. Cette PME française, basée à Lille et Aix-en-Provence, dispose d'un argument solide pour y arriver: une technologie innovante. L'entreprise a mis au point la toute première «éolienne offshore flottante contrarotative à axe vertical» au monde. Ou plus simplement une éolienne disposant de deux turbines montées sur un flotteur et dont les pales à axe vertical tournent dans le sens contraire.

    En plus d'avoir un impact paysager limité, cette innovation technologique «permet de surpasser les performances des éoliennes classiques grâce à un effet aérodynamique augmentant la performance du rotor», assure l'entreprise. Le flotteur permet une installation au-delà des 50 mètres de profondeur imposés aux éoliennes offshore posées. «Ces 50 mètres constituent la limite physique des éoliennes offshore classiques. Au-delà, les zones avec d'excellentes ressources en vent sont plus nombreuses», souligne Olivier Jaboulay, directeur général de Nenuphar. Avec deux trubines d'une puissance cumulée de 5 mégawatt (MW) posées sur un flotteur, l'entreprise promet un coefficient de puissance supérieur à 50% contre environ 45% pour des éoliennes offshore traditionnelles.Les avantages se retrouvent aussi du côté des coûts d'investissement. «Avec l'éolienne flottante, la turbine est assemblée et montée à quai puis amenée avec son flotteur. C'est moins compliqué et moins coûteux qu'un assemblage en mer», ajoute le directeur de la PME. Au final, «le coût de l'élecricité, qui dépend de ces coûts d'investissement, de ceux de l'exploitation de la ferme et de l'énergie produite, baisse. Alors qu'il se situe aux alentours de 170 euros le MW pour l'éolien offshore posé, avec le flottant et notre innovation, on peut viser un prix compris entre 110 et 130 euros le MW», souligne Olivier Jaboulay. Cette nouvelle génération d'éolienne se veut donc plus compétitive.

    Une ferme pilote d'ici 2022



    Pour l'instant, la PME née en 2006, n'a procédé qu'à des installations de prototypes sur terre. Une éolienne a axe verticale, la plus grande au monde avec une puissance de 600 KW, est donc installée sur les terres de Fos-sur-Mer depuis 2014. Disposant de trois pales, elle devrait passer à un système bipale en juin prochain pour se rapprocher du modèle final. Nenuphar table sur l'installation, courant 2017, d'un premier prototype offshore de 2 MW à Port-Saint-Louis en Méditerranée. Suivra en 2019-2020 un prototype de 5 MW qui devrait aboutir à une ferme pilote à horizon 2022.

    Charles Smadja et Frédéric Silvert, les deux fondateurs de cette société qui emploie une quarantaine de personnes, ont déjà su convaincre des grands noms du secteur. La PME bénéficie du soutien d'EDF EN mais aussi d'Areva, entrée au capital en 2014 en même temps que la BPI. L'entreprise a aussi pu compter sur le fonds d'investissement IDInvest Partners, la région PACA ou encore la Commission européenne. «Pour l'instant, nous avons réussi à rassembler environ 20 millions d'euros de fonds publics et l'équivalent émanant d'organismes privés», détaille Olivier Jaboulay. Aux dernières nouvelles, des investisseurs asiatiques seraient aussi prêts à ouvrir leur portefeuille. «Nous avons été approchés par des entreprises chinoises et japonaises. Il s'agit pour l'instant de prises de contact», ajoute ce dernier.
    «Il y a une prise de conscience du potentiel de l‘éolien offshore et du flottant»Olivier Jaboulay, directeur général de Nenuphar

    Nenuphar vise également les eaux profondes du Japon et du Royaume-Uni où l'éolien en mer est en plein boom. Sans oublier les 11 millions de km² de zones maritimes françaises où le potentiel de développement est énorme. Les capacités de production électrique en mer n'atteignent pour l'instant en France que 3 GW et devraient grimper à 6 GW en 2020 si les objectifs fixés par la loi de transition énergétique sont respectés. Pour l'éolien flottant, le potentiel énergétique théorique est estimé à 140 GW! «Le retard sera compliqué à rattraper mais il y a une prise de conscience du potentiel de l‘éolien offshore et du flottant. Il y a une vraie volonté politique de se donner les moyens d'aller vers plus d'énergies renouvelables. On peut y arriver», affirme, optimiste, le patron de Nenuphar.L'entreprise, qui consolide actuellement ses besoins de fonds pour accompagner les prochaines étapes de son développement, prévoit même de nouvelles embauches. «La structure va continuer à grandir. La dynamique est en place», assure Olivier Jaboulayhttp://www.lefigaro.fr/societes/2016/02/18/20005-20160218ARTFIG00110-l-eolienne-du-futur-sera-made-in-france.php?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&link_time=1455809361#xtor=AL-155-[facebook]