Le Néant

Publié le 20 février 2016 par Joseleroy

Le Néant n'est pas une notion seulement orientale (shunyatâ) ; on le retrouve dans la philosophie occidentale (néoplatonisme, l'idéalisme allemand...) et la mystique chrétienne.

Voici des extraits d'Angélus Silésius, tirés du Pélerin Chérubinique.

L'ERRANT CHÉRUBINIQUE (extraits)

Il faut passer Dieu même

Où se tient mon séjour ? Où moi et toi ne sommes.
Où est ma fin ultime à quoi je dois atteindre ?
Où l'on n'en trouve point. Où dois-je tendre alors ?
Jusque dans un désert, au-delà de Dieu même (I, 7).

On ne saisit pas Dieu

Dieu est un Rien pur, nul maintenant, nul ici ne Le touchent ;
Plus tu cherches à Le saisir et plus II t'échappe (I, 25).

Non-chose bienheureuse

Chose heureuse je suis, si je puis être non-chose,.
Inconnue, étrangère à tout ce qui existe (I, 46).

La Déité est un Rien

La Déité frêle est un Rien, un Sur-Rien :
Qui rien ne voit en tout, crois-moi, homme, le voit (I, 111).

Un abîme appelle l'autre

L'abîme de mon esprit sans cesse appelle avec clameur
Celui de Dieu, quel est, dis-moi, le plus profond ? (I, 68).

Dieu hors du créé

Va là où tu ne peux ; regarde où tu ne vois ;
Ecoute où rien ne bruit : tu es où parle Dieu (I, 199).

Rien est la meilleure consolation

Rien est la meilleure consolation ; si Dieu se retire,
Le Rien pur te consolera dans la désolation (II, 6).

Le calme est égal au Rien éternel

Rien n'est si égal au Rien que solitude et calme ;
C'est pourquoi le veut, autant qu'il veuille, non vouloir (II, 248).

Tout vient de ce qui est caché

Qui l'eût pensé ! Des ténèbres vient la lumière.
De la mort vient la vie, du rien le quelque chose (IV, 163).

Devenir Rien c'est devenir Dieu

Rien ne devient, qui est ; si d'abord tu n'es rien,
Jamais tu ne naîtras de l'éternelle lumière (VI, 130).