Les amants du néant

Publié le 21 février 2016 par Le Journal De Personne
Je vais en surprendre plus d'un, en relatant la vie de ceux qui défient la mort et font fi de la vie d'autrui.
Ils ne s'estiment ni lâches, ni courageux, mais téméraires, sans recul et sans scrupules, plus extrêmes que les extrêmes, avec les autres et avec eux-mêmes.
Ils vivent par défaut, ils meurent par excès. Par excès de dégoût.

Pour eux, c'est la vie qui n'a pas de sens. La mort en a un à leurs yeux.
Elle met fin à leur calvaire et à leur univers sans sel, et qui ne peut, ni ne doit être conservé en tant que tel... sans rien d'universel.
Ils n'ont pas besoin de consulter le LIVRE pour se persuader que la mort délivre.
Rien que l'idée les enivre, les rend ivres. Et c'est cette ivresse de la mort qui les débarrasse du stress et leur fait faire toutes les prouesses... ce petit pas de danse juste avant la délivrance.
Quitte à mourir, autant choisir sa mort, son heure, son malheur !

C'est une nouvelle génération de nihilistes qui explosent l'être pour explorer le néant. Ils démontrent par l'absurde, en invoquant le nom de Dieu, que toute politique est religieuse, même la plus laïque secrète sa propre transcendance et nous oppose ou nous impose un SENS... un NON-SENS diront ces candidats à la mort. Un CONTRE-SENS, diront ces prétendants à l'au-delà.
Tous ces êtres suicidaires invoquent trois raisons pour nous rendre la vie chère ou amère.

==> Les premiers se donnent la mort parce qu'ils ne tiennent plus à la vie, ce sont les suicidaires qui veulent faire de leur mort, un évènement spectaculaire, exister en cessant d'exister. C'est leur fin mot de l'histoire.

==> Les deuxièmes nous en veulent et ne veulent pas mourir seuls. Pour ne pas sentir leur sang couler pour rien, ils font couler le sang des autres pour rien. Leur délivrance est assurée par leur vengeance. Parce qu'il y a chez ces criminels, une passion pour le sensationnel, pour les jeux dangereux et les feux d'artifice, leur abîme devient une cime lorsqu'ils perpétuent leur crime.

Si pour les premiers, c'est leur mort qui importe, pour les deuxièmes c'est la mort des autres qui l'emporte. Et dans un cas comme dans l'autre, c'est la pulsion de mort qui exhorte.

==> Les troisièmes candidats à la mort sont d'un tout autre ressort. Ils sèment la terreur. Ils nous terrorisent parce qu'ils ont choisi d'être terroristes. Tyrans criminels, criminels comme tous les tyrans, ils nous tyrannisent en nous imposant leur vision ou division du monde. C'est leur Foi qui fait la Loi. Leur vérité seule est digne de Foi.
Ils ne craignent pas la mort, ils croient en un au-delà. Et ils font la guerre à ceux qui n'y croient pas. Une guerre sainte et non feinte qui ne fait pas d'eux des meurtriers mais des martyres. Des héros qui nous font ou refont la peau. Notre impiété ne leur fait pas pitié car ils sont impitoyables.
Et ils ont une petite longueur d'avance sur nous, ils savent QUI nous sommes mais nous ne savons pas QUI ils sont... parmi eux, il peut y avoir ton père, ton fils ou ton frère... le voisin qui vient de te serrer la main peut t'exploser demain à la figure. Et pourtant il n'est ni arabe, ni musulman mais amant du néant.

Pour nos trois candidats, il y a un point commun : si la vie est sans attrait, la mort en a un : transformer le hasard en destin... retrouver un espoir au cœur de leur désespoir... faire de leur mort, un acte volontaire - c'est dans l'air quand on garde les yeux ouverts.
Avec les temps qui courent, tous les délaissés sont susceptibles de se radicaliser, de rivaliser d'ingéniosité pour gagner leur concours de circonstances et donner un sens à leur piteuse existence.

Détraqués ou détracteurs, tous ces adeptes de la pulsion de mort sont utilisés aujourd'hui, subtilisés par les grandes puissances pour semer la terreur là où elles ont du mal à installer leurs valeurs guerrières ou marchandes.
Avant d'incriminer les fous de Dieu... il faut récriminer ceux qui se payent la tête des hommes en finançant le plus odieux marché : celui de la mort !