Réparer les vivants. Maylis de Kerangal

Par Nelcie @celinelcie

L’année dernière, j’avais entendu parler de Réparer les vivants à diverses reprises. Certains blogueurs en faisaient l’éloge, tandis que d’autres étaient ressortis très mitigés de leur lecture. Le thème du livre m’intéressait, et j’avais donc envie de le lire. J’ai eu la chance de recevoir le roman lors d’un mini swap, l’occasion de me mettre à sa lecture.

Synopsis

« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps. »
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

Mon avis

Et bien ce roman ne m’a pas franchement convaincu. En fait, il m’a même pas mal déçu dans son ensemble. Et pourtant, il y a quand même des belles choses dedans… Des choses peut-être trop belles, justement, et qui m’ont gâché ma lecture.

Le roman raconte l’histoire de Simon qui, après un accident, se retrouve dans le coma. Son état est sans espoir, la mort est la seule issue possible. Cependant, il est un candidat viable pour un don d’organes. S’ensuit alors la rencontre avec les parents, l’explication des faits, le déni, le rejet, l’acceptation du don. Puis l’on continue avec la partie administrative, la rencontre avec les professionnels de santé, le deuil à effectuer… Bref toutes ces questions qui tournent autour du don d’organes. Et tout ça est psychologiquement très fort en soi. Toutes ces questions que des parents peuvent se poser, sur l’éthique, sur la religion, sur le fait de savoir que le poumon de son enfant va se retrouver dans le corps d’une inconnu. A travers le regard des parents, mais aussi des médecins, j’ai trouvé que l’auteure insérait une certaine pudeur, comme si elle nous intimait, nous lecteurs, de respecter le choix de ses protagonistes, en particulier des parents de Simon. Laisser ces parents crier leur colère, faire leur deuil, ne pas intervenir : voilà ce que j’ai ressenti lors des passages où ils sont mis en avant.

Le problème, c’est que je n’ai pas accroché au style de l’auteure, mais surtout qu’elle use et abuse de digressions qui, selon moi, ne font pas du tout honneur au récit.
Alors oui, il y a les rencontres entre les parents de Simon et les médecins qui sont non seulement intéressantes, mais aussi fortes émotionnellement, mais entre les deux, l’auteure nous gratifie de métaphores, de détails inutiles sur la vie de chaque personnages. J’ai franchement eu une impression de remplissage, et ça a fini par m’énerver.
Et puis, il y a cette plume, ce style poétique, qui au début me plaisait bien, mais qui au fil de la lecture m’est devenu de plus en plus faux. Les mots sonnent bien. En fait, les mots sonnent trop bien, trop poétiques. Les phrases sont d’une longueur à n’en plus finir, mêlant souvent dialogues entre personnages, ou bien pensées digressives d’un protagoniste. Moi, j’ai toujours eu du mal avec les phrases de 10 lignes, mais quand en plus j’ai l’impression de lire une pseudo envolée lyrique, c’est trop pour moi !

Le fond du roman est bon, il y a des belles choses dedans. Mais bon sang, pourquoi autant de détours, de digressions pour parler du sujet principal ? Pourquoi vouloir à tout prix imposer un souffle lyrique dans chaque phrases, alors que parfois la simplicité aurait été cent fois plus efficace, et même cent fois plus belle ?
Je suis et serai toujours une amatrice des belles phrases, j’attache une importance considérable (parfois trop) aux mots choisis par l’auteur, à leur mélodie, leurs diversités. Mais parfois, le langage le plus simple et le plus commun s’avère bien plus efficace que des belles phrases. Pour moi, c’était le cas pour ce roman qui m’a fait l’effet d’un manque de modestie.