Police...

Publié le 29 février 2016 par Hunterjones
...Plein de pisse #36.
Cette ritournelle, on l'a scandée toute notre enfance.
Être policier n'avait rien de noble quand j'étais plus jeune.
C'était l'autorité.
Encore aujourd'hui, je lutte contre cette envie folle de souffler "fuckkkkkking cop" quand j'en croise un en voiture.
C'est absurde, malsain et immature. J'y travailles.

Il est possible que certains policiers le deviennent avec le but premier de faire le bien, lutter contre le mal. maintenir l'ordre social. Il est même possible que ce soit la majorité d'entre eux. Malheureusement, on entend généralement parler des autres. Ceux qui deviennent policier par soif d'un pouvoir qu'il n'aurait jamais eu ailleurs dans leur vie jusqu'à maintenant. Et qui inconsciemment, souhaitent vengeance.
C'est probablement le cas du matricule 728, Stefanie Trudeau.
Les formations de policiers ont quelque chose de militaire où on exige des candidats de se débarrasser de leur personnalité, afin de faire de votre personne, le policier bien moulé à la confrérie. Il existe peu de confrérie aussi unie que celle des policiers. Sinon l'armée. Rares sont les corps de travail où un pays entier pourrait se mobiliser pour rendre hommage à un employé mort au devoir.
Vous ne verrez pas le pays se solidariser pour Yvan Vallée, mort coincé sous la machine qu'il tentait de nettoyer à Lévis la semaine passée.   
L'uniforme, le droit de conduire à peu près n'importe où et n'importe comment, les armes, voilà des signes de pouvoir et d'autorité probablement grisants.  Le policier s'attend à être obéi, écouté et respecté du public. Avec un certaine binarité, il s'isole du public et se place légèrement au-dessus de la mêlée en départageant la monde en Eux avec un grand E et Nous avec un grand N. Ce qui renforce le sentiment de solidarité entre policiers. Les policiers sont formés pour penser qu'ils sont les bons et que la population regorge de potentiels mauvaises personnes mal intentionnées. La mentalité policière est construite de manière à penser que l'ordre social sera maintenu seulement si les bons gagnent. À tout prix. Si on les met au défi, de quelconque manière, un policier, trop souvent, se sent obligé de tracer la ligne de son autorité. Comme la distinction est très forte entre le Eux et le Nous, le complexe d'infériorité défensive peu être grand de part et d'autres. Chez les Eux populaires comme chez les Nous policiers.

C'est aussi ce qui s'est passé dans le cas de Stéfanie Trudeau.
Elle était mandatée de maintenir l'ordre dans le cadre des manifestations contre la gouvernement Charest, qui prévoyait rendre les frais d'accès universitaire moins avantageux pour les étudiants, (une histoire de génération pelletant sa mauvaise gestion des finances dans la cour d'une autre) prenaient place au Centre-Ville de Montréal.
La première fois qu'on entendrait parler d'elle serait un moment d'impatience fort malheureux de sa part.  Ce geste, avant qu'elle ne le sache encore, signerait sa mort dans la profession qu'elle aimait et qu'exerçait son père avant elle. Un enfant qui tâte de la patience d'un parent peu être victime de son impatience et ce moment ne serait qu'un autre de ces moments où la police perd son calme devant une attitude non coopérative. Deux-trois jours de chialage, sans plus.
Toutefois, quelques mois plus tard, elle noierait le reste de sa carrière. Son manque de jugement allait être trop criant.

En choisissant de monter dans l'appartement pour donner une volée à un homme qui l'avait traitée de grosse, elle a déshonoré sa profession au point d'en perdre sa badge. Les commentaires qu'elle a portée ensuite sur "les carrés rouges" et "les gratteux de guitare de mangeux de marde" allait jeter une ombre qu'il tardera longtemps à effacer des mémoires collectives sur sa profession.
En anglais on parle de brotherhood entre policiers.
Ou pourrait y lire toute la connotation négative qui s'y rattache.

Elle a perdu son emploi depuis, et a été trouvée coupable de voies de faits la semaine dernière.
Justice a été rendue. Pour une histoire de bière.
Dieu merci, il y avait des "bons" autour qui voyaient, allaient témoigner et filmaient.
Stéfanie Trudeau est malade et doit se soigner.
Pour ce "nous" dont parle les policiers entre eux, mais surtout pour elle.

Parce qu'entre Eux et Nous, il y a un lien commun.

Des êtres humains.
Des bons comme des mauvais.