Pollution des mers

Publié le 29 février 2016 par Serdj
La terre est la seuls planète connue qui possède de l'eau à l'état liquide (il semble y avoir quelques  traces occasionnelles d'eau liquide sur mars, et il y a peut être un océan sous la glace qui recouvre Europe, un des satellites de Jupiter). Pourtant, nous nous obstinons à traiter les océans comme d'immenses égouts à ciel ouvert.

Qui pollue la mer ?

Les fleuves !

Les trois quarts de la pollution marine proviennent de la terre, et de la pollution des fleuves qui s'y déversent. Le reste est dû à la navigation et aux installations pétrolières.  En Amérique du Sud, 98% des eaux usées domestiques finissent dans la mer sans traitement.
Chaque année,  les vingt pays qui bordent la méditerranée y rejettent 50 millions de tonnes de déchets.
Chaque jour, les chinois rejettent soixante millions de tonnes de déchets dans la mer jaune. Les égouts  du Japon, du Canada, des Philippines et de la Corée du sud finissent eux aussi dans la mer sans aucun traitement.
Les produits chimiques issus de l'agriculture industrielle et de l'industrie sont emportés par les fleuves jusque dans la mer et s'y accumulent. La mer noire est polluée par le Dniestr, le Dniepr et le Danube. Son écologie est anéantie. La mer de Norvège, la Baltique, la Mer de Barents, et certaines parties de la Méditerranée sont gravement contaminées par les déchets industriels et les métaux lourds. Ces produits peuvent décimer et rendre non comestibles des populations entières de coquillages, de crustacés et de poissons. La pollution aux pesticides en Caroline du Sud est responsable de la moitié des disparitions de poissons.
Stop ! La mer n'en peut plus !

Les marées noires :

Les plus célèbres :
  • Torrey Canyon (Cournouaille et Bretagne, 1967, 118 000 tonnes rejetées)
  • Amoco Cadiz (Finistère, 1978, 227 000 tonnes rejetées)
  • Tête de puit Ixtoc One (golfe du méxique, 1979) : 600 000 tonnes rejetées
  • Exxon Valdez (Alaska, 1989) : 40 000 tonnes "seulement" (notons que cela permettrait de remplir 125 piscines olympiques !) mais les dégâts furent considérables à cause de la fragilité de l'écosystème en Alaska : 250 000 oiseaux, 28000 loutres et 300 phoques furent tués.
  • Guerre du Koweit (1991, 1 million de tonnes déversées)
  • Erika (1999, 20 000 tonnes) : 350 Km de côtes furent touchées.
  • Jessica (Galapagos, 2001) :  1000 tonnes, seulement, mais 62 % des 25 000 iguanes de l'ïle furent exterminés.
  • Prestige (Espagne, 2002)
(Mais il y en a plein d'autres ! voir la liste complète sur wikipédia)

Les armateurs peu scrupuleux, qui alignent des pétroliers hors d'âge ou qui dégazent en pleine mer, sont légion : 27 pays proposent des pavillons de complaisance. Les plus importants sont le Libéria et le Panama.  Pour économiser les frais de nettoyage de leurs cuves, des centaines de navires pétroliers déversent, de nuit, le goudron qui tapisse le fond de leurs cuves en plein mer.  Cela représente 700 000 tonnes rien qu'en méditerranée. Même sans accidents et sans pollution illégale, l'activité "normale" des plate-forme pétrolières conduit a des déversements massifs de pétrole en mer. En mer du nord, cela représente chaque année, 20000 tonnes de pétrole, 84 000 tonnes de produits chimiques utilisés pour les forages et 6000 tonnes d'autres produits chimiques.
On estime à six millions de tonnes par an la quantité d'hydrocarbures introduite dans les océans par l'activité humaine, ce qui constitue par conséquent une cause fondamentale de la pollution des océans. Sachant qu'une tonne peut recouvrir environ une surface de 12 kilomètres carré,  les océans sont donc contaminés de façon quasi permanente par un film d'hydrocarbures.
On constate qu'il faut six à sept ans pour faire disparaître les traces visibles d'une marée noire, mais dans des pays plus chauds ou plus froids que la France cela peut durer bien plus longtemps. Ainsi 13 ans après l'échouement de l'Amoco Cadiz, certains marais et quelques vasières n’avaient toujours pas retrouvé leur repeuplement d'avant la catastrophe. Les eaux du Golfe Persique, mer peu profonde et sans courants, resteront sans doute plus d'un siècle contaminées par la folie des hommes lors de la guerre du Koweit.

Autres naufrages, et dégâts de la navigation

Il n'y a pas que les marées noires : certains bateaux transportent des produits chimiques, et il leur arrive aussi de couler... C'est le cas du Levoli Sun, en Octobre 2000 au large du Cotentin, avec 6000 tonnes de produits chimiques toxiques (styrène monomère, méthyle-éthyle-cétone et propanol). Il s'agissait d'un navire qui était classé 35 sur un indice de vétusté qui compte 50 degrés.
Mais tout navire qui coule, et pas seulement les pétroliers et chimiquiers,  emporte avec lui dans les profondeur son carburant, ce qui peut aller jusqu'à plusieurs centaines de tonnes.  Dans certains régions du monde, les déchets chimiques sont tout simplement jets à la mer, y compris en faisant couler volontairement les navires qui les transportent (triple bénéfice : on se débarrasse de produits dangereux ni vu ni connu, on se débarrasse de vieux cargos rouillés, et on empoche l'assurance !). En Italie, la mafia "évacue" environ 35 millions de tonnes de déchets de cette manière, chaque année.
Vous ne le savez peut-être pas,  mais les navires polluent même lorsqu'ils ne coulent pas, et ne transportent pas de produits chimiques, et même les voiliers de plaisance ! En effet presque tous les bateaux ont la coque enduite de peinture antifouling, contenant un produit, le tributyltin, qui empêche les crustacés de s'y accrocher. Ces peintures, sont toxiques. Elles provoquent des difformités sur les huîtres et des changement de sexe chez les buccins. (Le trybutiltin devrait être interdit en 2008).
Les navires de croisière ne sont pas les derniers à polluer. La Royal Caribbean Cruise, deuxième opérateur mondial de croisières touristiques,  a été condamnée trois fois pour déversement illégal de pétrole et produits chimiques en mer.

Rejets nucléaires

Étant donné que les mers recouvrent les deux tiers du globe, les spécialistes ont donc «naturellement» pensé à elles pour se débarrasser de ces substances mortelles. Depuis longtemps déjà, les puissances nucléaires (Grande-Bretagne en tête) sont contenté de rejeter leurs déchets radioactifs dans les mers à l’aide de fûts métalliques qui rouillent rapidement.  Le pouvoir corrosif de l'eau est considérable, aucun fût ne lui résiste plus de quelques mois à quelques années.  Depuis 1972 à Londres, plusieurs grandes nations ont décidées de stopper le rejet à la mer des déchets à haute activité, mais en revanche de poursuivre le stockage des déchets à moyenne et faible activité.
Pourtant, aujourd'hui tout le monde sait bien que la pollution nucléaire est la plus dangereuse et la plus insidieuse de toutes. Les doses de radioactivité auxquelles un organisme est soumis s'additionnent et les effets cumulés se font ressentir dans toute la descendance des algues et lors de leur mort ils se décomposent sur les fonds et forment un dépôt sédimentaire contaminé.  Les radio nucléides se substituent dans les tissus vivants, à des éléments qui y sont normalement présents et s'y concentrent. L'iode 131, par exemple, remplace l'iode non radioactif et se trouve en proportion très importante dans les algues. Les algues concentrent également préférentiellement le plutonium.
Il existe un certain nombre de centrale nucléaires au bord des mers (sans compter les 400 qui sont le long des fleuves). Mais la plus célèbre installation qui rejette des déchets nucléaires dans la mer est le "tuyau de la Hague" dans le Cotentin (France). Ce tuyau, d'une longueur de 5 Km, rejette directement dans la mer les déchets nucléaires de l'usine de retraitement AREVA/COGEMA de la Hague.  
La radioactivité des rejets est a peu près constante et vaut 300 microSieverts par heure. L'usine en rejette 230 millions de litres par an. Ce tuyau est en mauvais état, entartré, et a subi plusieurs fuites (en mer et sur terre). Plusieurs études ont établi une recrudescence statistiquement importante de leucémies dans la région de La Hague. Cette augmentation se poursuit.
Enfin les militaires sont responsables de pollutions nucléaires :
En Août 2000, le sous marin atomique russe Koursk se livrait aux essais d'une torpille à propulsion par moteur fusée, capable de foncer à 500 Km/h vers sa cible, sous l'eau. Des observateurs chinois étaient présents à bord, chose inacceptable pour les américains, qui l'attaquèrent avec deux autres sous-marins. Les 118 marins à bord du Koursk périrent.  Conscients de la pollution terrible que le réacteur nucléaire pouvait provoquer, les russes tentèrent de renflouer le Koursk, mais seule la partie arrière (incluant le réacteur) fut remontée. L'avant, à 118 m de fond, fut torpillé à nouveau pour effacer les traces de l'attaque, un accord (secret) étant intervenu entre-temps entre la Russie et les USA pour étouffer l'histoire. Cette histoire est donc à mettre au conditionnel, puisqu'il n'en reste aucune preuve tangible.
Au total, On recense 31 sous-marins nucléaires coulés. 150 sous-marins atomiques de plus achèvent de se rouiller dans la presqu'île de Kola, en Russie. Le nombre de bombes atomiques qui gisent au fond des mers est, lui, inconnu. Probablement plus d'une centaine...

Conséquences de la pollution des mers

Disparition de la vie

Lorsque la pollution est importante, la vie marine est tout simplement tuée. Une marée noire due à x tonnes déversées tue directement à peu près la même quantité de biomasse marine dans les mois qui suivent. Quand la pollution est plus faible, il existe néanmoins un risque sérieux de disparition des espèces animales et végétales.
On ne le sait pas, mais le taux de nitrates augmente rapidement dans l'eau de mer. Comme pour les rivières, il existe un danger sérieux d'eutrophisation. Cela commence déjà le long des plages, le long de l'Europe, qui se couvrent progressivement de bandes vertes (qui puent le soufre, soit dit en passant).  C'est encore plus accentué en mer noire et Adriatique. Dans le golfe du Mexique, les nitrates déversés par le Mississipi ont crée une zone de 16000 km2 où toute vie marine a disparu.
Les coraux des grandes barrières de corail (600 000 Km2), second écosystème le plus diversifié de la planète après l'Amazonie, sont en voie de disparition : 80 % des coraux sont menacés, 10% ont déjà disparu de manière irréversible.
Et lorsque la vie ne disparaît pas, elle change. A cause des déchets toxiques, les phoques de la mer de Wadden, qui borde le Danemark, l'Allemagne et les Pays-bas, sont devenus vulnérables à un virus, le Phocine Distemper, qui a tué des milliers d'entre eux en 2002.

La pollution biologique : Bio-invasion

C'est une pollution assez peu connue, mais redoutable : Elle décime des populations entières, menace la bio-diversité et à d'importantes conséquences financières.
Elle est principalement provoquée par le déballastage des cargos. De quoi s'agit-il ? Il se trouve qu'un cargo est fait pour être plein. S'il est vide, il est instable et risque de se retourner à la première grosse vague. Les cargos sont donc, équipés de ballasts, un peu comme les sous-marins. Lorsqu'il quittent un port à vide, ils remplissent leurs ballasts, pour faire descendre leur ligne de flottaison. En arrivant aux ports de destination, ils vident leurs ballasts.
Ce faisant, ils transportent sans sans douter des centaines de petits animaux, spores et oeufs, sur des milliers de kilomètres. Ils contribuent donc à la dissémination accélérée des espèces. Et on estime qu'entre trois mille et quatre mille espèces trouvent ainsi un nouvel habitat chaque jour. Lorsqu'elles survivent sur leur lieu de destination, ces espèces menacent très souvent l'existence des espèces indigènes. Dans la baie de sant Francisco, 230 espèces "étrangères" sont ainsi venu s'établir, et on pris la place des espèces locales. La palourde asiatique a ainsi remplacé les palourdes locales. Or ces palourdes, contaminées au Sélénium, empoisonnent les oiseaux et poissons locaux qui s'en nourrissent...  Dans la mer d'Azov, les méduses Mnemiopsis leidyi en provenance des USA on tellement proliféré qu'elles ont détruit le plancton et condamné à la ruine les pécheurs.
Le nombre d'espèces d'algues toxiques ou vénéneuses a triplé depuis 1984.  Elles peuvent tuer les poissons, les oiseaux de mer, et contaminer les coquillages qui auront été à leur contact, avec risque d'empoisonnement du consommateur.

L'algue tueuse en Méditerranée : la Caulerpa Taxifolia

L'aquarium marin de Stuttgart, en Allemagne, décida dans les années 1950 d'importer et de croiser plusieurs souches de Caulerpa taxifolia d'Amérique du Sud, pour servir de décoration dans ses différents bacs. La variété créée est appelée la « Caulerpa taxifolia aquariologique » 
Après avoir été envoyée dans différents aquariums, la Caulerpa taxifolia est relâchée accidentellement par l'aquarium de Monaco, en 1984. Plusieurs hypothèses différentes se sont affrontées, mais l'analyse de marqueurs moléculaires a confirmé cette thèse.
En 1984, elle couvrait un mètre carré. En 1990, elle recouvrait trois hectares; on estimait, en 1992, que la surface qu’elle occupait était de plus de cent hectares. En 1994, elle occupait plus de 20 fois cette surface et nul ne sait comment arrêter la progression de la caulerpa.
À partir de cette date, elle prolifère sur presque toutes les côtes méditerranéennes. Seules, pour l'instant, les côtes marocaines, de Sardaigne et de Sicile sont épargnées. On peut la trouver de la surface jusqu'à une profondeur de 100 mètres. Elle se développe sur tous types de substrats.  De surcroît, sa progression est favorisée par le manque d'entrain des brouteurs naturels attribué à la présence de toxine synthétisées par l'algue : la taxifolia est en effet toxique pour la faune aquatique...
L'impact de la caulerpa sur l'écosystème de Méditerranée est considérable. Plusieurs espèces végétales vivent sur le littoral méditerranéen et jouent pour la plupart un rôle bien défini dans la chaîne alimentaire. Or cette algue induit une forte diminution de la biodiversité dans les milieux colonisés.  Dès 1991, on a remarqué qu’elle avait recouvert des herbiers à Cymodocea nodosa et surtout à posidonie. L'herbier à posidonie semble dans un premier temps bien réagir au contact de l'algue, en augmentant sa production. Puis, une fois totalement envahie, elle montre des signes de stress (chute des feuilles…) qui abouti à une régression puis à la disparition totale de l'herbier ainsi que les algues poussant sur les posidonies.
Malgré plusieurs années de recherche aucun moyen efficace n'a encore été trouvé pour limiter l'expansion de la caulerpe. Seules les campagnes répétées d'arrachage manuel donnent des résultats. Mais, malgré ces campagnes, l'algue repousse en quelques semaines avec une croissance très rapide de quelques centimètres par jour.

Risques pour la santé humaine

La contamination de l'eau de mer par les eaux usées pose un grave problème. Les bactéries et virus qu'elles contiennent peuvent subsister ne mer pendant les mois, faisant courir de grand risques aux baigneurs et aux consommateurs de fruits de mer : diarrhées, vomissements, maladies cutanées et respiratoires, gastro-entérites (selon l'OMS, 250 millions de cas par an, dûs à la baignade dans des mers polluées), dysentries, hépatites A... La Méditerranée, la mer noire et la Baltique sont particulièrement touchées. L'OMS a noté que même dans des eaux dites "acceptables" selon les normes européennes, 'il existe une chance sur vingt d'être atteint d'une maladie après une seule baignade.
A Minamata, au Japon, des habitants furent contaminés en 1972 par les coquillages qu'ils mangeaient, eux même contaminés par du mercure déversé par une usine de la Chisso Corporation. 40 personnes sont mortes et 4000 autres ont été gravement intoxiquées, victimes de difformités physiques, troubles du système nerveux, de l'élocution, retards mentaux chez les enfants.
Parce qu'ils concentrent jusqu'à cent fois les virus et bactéries, les coquillages et les huîtres sont particulièrement susceptibles d'être des vecteurs de contamination. Ils tuent 25000 personnes chaque année et provoquent 2 millions et demi de cas d'hépatites A. Les poissons concentrent également les polluants. Les populations qui se nourrissent exclusivement de la mer, ou d'animaux qui se nourrissent de la mer, sont très exposées. On a démontré que le lait des femmes Inuit présente des concentrations de biphénil polychlorure (un pesticide agricole) dix fois supérieur à celui des canadiennes du sud, et ce bien que que les inuits vivent à des milliers de kilomètres de toute zone agricole.

Lorsque l'homme aura coupé le dernier arbre, pollué la dernière goutte d'eau,
tué le dernier animal et pêché le dernier poisson,
alors il se rendra compte que l'argent n'est pas comestible
(proverbe indien)


Planète en Danger


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