Handicap: 30 ans de lutte, pourquoi?

Publié le 04 mars 2016 par Harmonic777888 @phbarraque

Voilà plus de trente ans que nous essayons de faire évoluer les mentalités sur le handicap.

Ma compagne a une infirmité motrice cérébrale, ce qui ne l’empêche pas de travailler (au prix de beaucoup d’efforts!), elle est avocate dans les Hauts de Seine chez PriceWaterhouseCoopers. Il a fallu qu’elle aménage sa voiture (comptez le double du prix normal d’un véhicule), qu’elle sensibilise sa société pour que son bureau soit équipé, que les portes des bureaux soient automatisées. En un mot, il faut expliquer, expliquer sans cesse, sans relâche.

Mais dans ce pays la lutte est quotidienne, ne serait-ce que les transports, les taxis, l’accessibilité des magasins, des administrations. On reconnaît une société à la façon dont elle traite les personnes handicapées, ceux qui ne sont pas dans la norme, et la France a encore beaucoup de résistances sur l’intégration (sur toutes les formes d’intégration d’ailleurs!). Ne serait-ce que le report de la loi en 2015 sur l’accessibilité par F.Hollande, une faute politique majeure.

Quant aux médias, ce qui les intéressent, c’est de surfer sur le misérabilisme ou sur l’exceptionnel. Mais tous les handicapés ne grimpent pas jusqu’aux sommets de l’Himalaya ou ne nagent pas avec des palmes dans l’Atlantique! On ne montre pas la personne handicapée, autonome, qui gère une société, qui prend en main sa vie, qui a une vie de famille, des enfants, un compagnon ou une compagne, on préfère s’en tenir au courage, au surpassement de soi, à la vitrine du « plus fragile » qui s’expose chaque fin d’année.

Or, ce que demande une personne en situation de handicap, ça n’est rien d’autre que d’avoir les mêmes droits que le citoyen lambda, pouvoir circuler librement sans aide, pouvoir conduire, pouvoir accéder à un cabinet de dentiste ou de médecin (difficile bien souvent!), pouvoir entrer dans un théâtre ou dans un cinéma sans devoir s’y prendre 3 jours à l’avance parce que le théâtre n’est pas équipé, qu’il faut déboulonner un fauteuil de spectateur (la plupart du temps un fauteuil d’orchestre plein tarif!) pour faire de la place à un fauteuil roulant!

Philippe Barraqué, musicothérapeute, musicologue

*Handicap, un challenge au quotidien, Cesarina Moresi, Philippe Barraqué, éditions Jouvence

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