Paroles de Stampborder, 66 ans, Graphiste

Publié le 18 mars 2016 par Creads @creads

A 66 ans, Jean-Jacques alias Stampborder, est un retraité actif et un inconditionnel puriste de la création graphique. Après une carrière florissante en tant que maquettiste au célèbre magazine Sélection du Reader’s Digest, ce féru de dessin n’a pu mettre un terme à son activité professionnelle. Depuis ses 60 ans, il a fait le choix de continuer à exercer en tant que graphiste freelance. Retour sur le parcours d’un maître à penser !

Bonjour Jean-Jacques. De Mai 68 à la Révolution Numérique en passant par l’émergence du statut de Freelance, on peut dire que tu es le témoin de moments clés de l’économie. Comment t’es-tu adapté à ses profondes mutations de notre société ?

Jean-Jacques : Le monde du travail évolue à une vitesse phénoménale, ce qui nous pousse sans cesse à nous remettre en question pour nous adapter. Pour ma part, ces divers bouleversements ne m’ont effrayé en rien. J’adore relever des challenges et je prends beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux horizons lorsque l’occasion se présente. Je suis un homme qui vit avec son temps ! Et pour preuve, depuis 3 ans, je suis inscrit sur Creads pour maintenir mon activité professionnelle. J’apprécie beaucoup la convivialité de la plateforme et le fait de pouvoir choisir mes projets.

“En tant que retraité, je suis accro à Creads car je peux continuer à m’entretenir intellectuellement. Je ne me vois pas arrêter le graphisme. Pour moi, c’est vital ! »

 J’ai, par ailleurs, essayé de travailler pour des sociétés dans le graphisme mais ce n’était pas à mon goût. Il faut être sacrément en forme pour se déplacer sans arrêts. Au moins, là je peux rester à la maison, tout en ayant une fenêtre sur le monde.

Projet de Stampborder

Une question nous taraude un peu, comment faisais-tu pour travailler sans ordinateur ?

Jean-Jacques : Notre monde d’aujourd’hui vit à l’ère du numérique et je suis de très près cette évolution sans précédents car elle me passionne également. Pendant mes études et une bonne partie de ma carrière, les ordinateurs n’existaient pas. D’ailleurs, aujourd’hui encore, l’inspiration me vient en dessinant sur du papier.

J’ai gardé un rapport au papier dont je ne pourrai me passer pour rien au monde.
Je me souviens encore, lorsque je travaillais
à Sélection du Reader’s Digest,  les ordinateurs pour les graphistes, ne sont apparus que dans certains services seulement; Puis nous avons été formés par groupes successifs.

“A midi, alors que tout le monde déjeunait, je montais au service fabrication pour m’auto-former aux logiciels de création.”

Pour moi, qui avais fait mes classes au lycée technique Corvisart et aux Arts Déco, c’était une véritable révolution ! A Corvisart, il y avait une discipline sans faille. Tout était millimétré et évalué avec une extrême rigueur. Il fallait que le trait soit pur, plaisant à l’œil et bien exécuté. Tout était noté : le calque d’exécution, le report du calque sur la carte à gratter et enfin l’exécution au pinceau ”Raphaël”. Avec beaucoup d’assiduité, j’ai terminé 5ème de ma promo, une bien belle récompense.

Cours Covisart

Peux-tu nous raconter ton expérience en tant que maquettiste chez Sélection ? En quoi consistait ton métier de graphiste ?

Jean-Jacques : J’ai exercé le métier de maquettiste pendant plus de 30 ans, tout d’abord au service de l’édition de livres puis à la publicité et enfin à la promotion de Sélection. Par rapport au brief du client, je devais être capable d’apporter une touche de fraîcheur graphique, de jouer habilement avec la typographie, les couleurs, la mise en page, puis d’en assurer le suivi de fabrication jusqu’à l’impression, etc.
A titre d’exemple, à la publicité, je devais adapter toutes les annonces imaginées par les agences de pub au format du magazine Sélection. Ce n’était pas forcément évident car les annonces étaient souvent pensées pour de très grands formats publicitaires.
Par la suite, lors d’une restructuration, j’ai été amené à changer de service. Je n’étais pas très chaud pour aller à la promotion mais comme un poste était disponible, j’ai accepté. J’avais l’impression d’atterrir sur une nouvelle planète par rapport à la publicité. Les codes couleurs sont complètement différents, la conception d’un mailing en binôme (graphiste et copywriter) était tout nouveau pour moi.

“Je me suis investi encore plus et j’ai fini par avoir l’esprit marketing direct.”

Je suis devenu force de proposition et en tandem avec ma copywritrice préférée, nous avons réalisés plusieurs « winners ». Comme j’adorais la typographie, j’ai proposé de dessiner des polices de caractères manuscrites pour la personnalisation des mailings. Personne n’avait jamais fait cela à Sélection. C’était une première qui a beaucoup plus !

Quel beau parcours ! Quelles sont les personnalités qui t’ont particulièrement inspiré au cours de ta carrière ?

Jean-Jacques : Depuis toujours, j’ai une passion pour la typographie et la photographie et je dois dire que Nicolas Jenson, Alde Manuce, Claude Garamond me fascinent. Ces très grands typographes ainsi que bien d’autres ont joué un rôle déterminant dans l’évolution des caractères typographiques. La classification des caractères typographiques de Maximilien Vox et celle d’Alessandrini ont permis le regroupement decaractères par classes. 9 pour Vox et 19 pour Alessandrini. Par exemple : les linéales, les incises, les humanes, les réales, les didones etc pour Vox. Pour Alessandrini : Les simplices, les emparectes etc.

Stanley Morison, le grand historien de la typographie, créateur du Times New Roman, considère le romain de Jenson comme le plus parfait caractère d’imprimerie jamais gravé. Je m’arrête là car on pourrait en parler des heures…

Morison crée la police Times New Roman en 1931 pour le journal londonien The Times.

Pour terminer, quel est le projet dont tu es le plus fier d’avoir remporté sur Creads ?

Jean-Jacques : Je suis particulièrement fier d’avoir réalisé le logo « Handi Mobility Concept » ; d’autant plus qu’il s’agissait d’un sujet assez sensible. Il fallait l’évoquer en finesse tout en restant compréhensible. J’ai utilisé la technique du « Flat Design » de manière à transmettre un message plus fort : un peu comme en photographie avec le noir & blanc par rapport à la couleur. Avec cette création minimaliste et impactante, j’ai voulu montrer qu’une personne handicapée peut faire adapter facilement son véhicule à son handicap grâce à ce concept.

Polaroid-PDC-Black

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