La famille Legroin, T1 : Travailler plus pour dépenser plus

Par Belzaran


Titre : La famille Legroin, T1 : Travailler plus pour dépenser plus,
Scénariste : Yan Lindingre
Dessinateur : Yan Lindingre
Parution : Janvier 2012


« Travailler plus pour dépenser plus » est un album sorti en janvier dernier. Il est édité chez « Desinge & Hugo & Cie ». D’un format classique, il est vendu pour environ douze euros. J’ai été attiré vers cet ouvrage par le nom de son auteur, Yan Lindingre. Je l’ai découvert à travers « Chez Francisque » ou « Titine au bistrot » qui sont des ouvrages drôles assez uniques dans leur genre. Lindingre ne se donne aucune limite. Certains trouveront cela trop amoral d’autres, comme moi, tout simplement génial ! 

L’histoire tourne autour de la famille Legroin. Francis, le père, nous offre les mots suivants : « Tout, tout de suite et moins cher ! Chacun pour ma gueule et ma gueule en premier ! Ceci n’est pas un slogan politique, c’est l’histoire de ma vie. La vie d’un homme qui travaille plus pour dépenser plus. »

Une famille de beaufs.

L’histoire tourne autour d’une famille classique composée de deux parents et deux enfants. Dès les premières pages, on arrive à la conclusion qu’ils appartiennent à la catégorie des « beaufs ». Il ne faut pas y voir de condescendance de ma part. Mais si on vous demander de décrire votre image du beauf, elle ne tomberait pas loin des traits et des attitudes des Legroin. Cette partie sociale est celle que préfère incontestablement Lindingre. On a l’impression de se trouver dans l’univers de « Titine ». On ne sent pas coupable de rire de leurs maladresses et de leur « beaufitude ». On prend plaisir à rire de leur aberration de raisonnement ou d’attitude. Il n’y a pas de mal à se moquer de personnes qui n’en souffrent pas. Donc on en profite pleinement !

La narration, à l’image de « Titine au bistrot », se décompose en plusieurs chapitres qui se composent chacun de deux, trois ou quatre pages. Les scènes traitent des sujets très différents. On découvre le garçon qui doit réviser son contrôle d’histoire et qui demande une aide bibliographique à son père. On accompagne la famille Legroin en train de regarder une émission littéraire. On les suit en vacances ou on partage un débat familial sur le tatouage. Je vous préviens, ils ne sortent grandis d’aucune de ses aventures. J’ai vraiment ri de leurs incohérences, de leur philosophie de comptoir ! Sincèrement, on passe un vrai moment de rigolade presque malsaine tant les Legroin deviennent des bêtes de foire. Je n’y vois pas un défaut de l’opus, loin s’en faut. En effet, on rigole de bon cœur et Lindingre est un des plus grands pour faire rire sur ce thème-là.

Le fait que l’histoire se décompose en plusieurs scènes fait que la narration est en permanence relancée. Chaque sketch est écrit comme une montée en puissance. En effet, il démarre sur les chapeaux de roue, est dense du début à la fin et se conclue sur une dernière boutade qui occupe la dernière vignette. Chaque histoire ne souffre d’aucun temps mort ni d’autre moment de remplissage. Il s’agit de la richesse du livre. Evidemment, certains moments sont plus drôles que d’autres. Mais aucun n’est bâclé. Chacun nous fait sourire, certains nous font rire. L’humour reste moins trash que dans « Titine ». Certains le regretteront, d’autres l’apprécieront. De mon côté, je trouve que cela offre une lecture un petit peu différente. En effet, les Legroin sont une famille structurée. Le père travaille, la structure familiale est stable. On est à l’opposé de l’univers de Titine où les codes sociaux se différencient énormément des miens !

Les dessins sont sans équivoque quant à l’univers de Lindingre. Les personnages possèdent tous les mêmes caractéristiques physiques. On retrouve le nez porcin. Ils se différencient uniquement par leur genre, la couleur de leurs cheveux et éventuellement leur pilosité faciale. Cela a pour conséquence de mettre tout le monde dans le même sac et parallèlement de créer un véritable environnement graphique dans lequel on prend plaisir à accompagner l’auteur. Le trait est simple, les couleurs également. Certains trouveront le style de Lindingre un petit peu simple. De mon côté, je trouve que le côté édulcoré du trait permet de mettre en valeur les dialogues qui constituent la richesse principale de cet ouvrage.

En conclusion, « Travailler plus pour dépenser plus – La famille Legroin » est un ouvrage de qualité qui m’a offert un agréable moment de lecture. Mes muscles zygomatiques ont été sollicités et je n’aurais aucun mal à m’y plonger une nouvelle fois avec le même plaisir. Même si je garde une affection plus forte pour « Titine au bistrot » que je trouve plus transgressif. Malgré tout, je suis assez curieux de voir si cette série va connaitre une suite qui fera intervenir une nouvelle fois la famille Legroin ou d’autres protagonistes sur les mêmes thématiques. Pour l’instant, je n’en connais pas la réponse. Mais cela est une autre histoire…