Cruyff, la recherche éternelle de la liberté

Publié le 24 mars 2016 par Tiavina Kleber @ktiav_

Allez, bon vent Cruyff ! ''Bon vent'', comme cette expression te sied bien. Toi qui dans les années 70s souffla sur le monde du football ces bourrasques révolutionnaires propres à ta décennie. Toi qui semblait voler sur le terrain, libre de tout poste, de tout marquage, de toute contraire. Le football total venait de naître, et balayerait l'Europe et changerait la face d'un ballon rond.
Le chef d'orchestre de cette partition résolument rock, c'était toi et toi seul. Ni la place centrale de Rinus Michel dans ce procédé, ni la défaite de 1974, ni les trois C1 consécutives du Bayern ne pourront rien y changer : tu fus seul le roi des 70s, gagnant par tes foulées sauvages ta place au panthéon à côté des autres seigneurs de ce sport. Mais même là, tu étais trop à l'étroit, alors tu t'es enfui aujourd'hui.
Comme tant d'autres de ma génération, je t'ai découvert à travers les livres, les images usées, les pages Wikipédia et la voix feutré d'émotions des anciens. Le football a cela de si beau qu'il est avant tout une fresque historique que l'on prend autant de plaisir à fouler que les terrains présents. On apprends Pelé, on adule Maradona, on respecte Beckenbauer et on s'émeut pour Cruyff. Pour la clope, le petit merdeux devant le Franquisme, les victoires fastes, les défaites injustes, 92, 74 et surtout pour la liberté, partout, toujours, tout le temps.

Il est étrange de voir comment on peut s'émouvoir de la mort d'une personne que nous n'avons jamais vu réellement. Mais c'est peut-être cela ta beauté, tu as toujours su transcender le footballeur pour nous montrer l'homme, le révolutionnaire, le rêveur. Au fond, ce n'est pas le joueur de football que l'on pleure aujourd'hui, mais bien l'idée qu'il en avait.
Enfants, lorsque nous jouions au ballon, on se prenait pour des Zidane, des Henry, des Ronaldo ou Shevchenko. En réalité, nous étions tous un peu des petits Cruyff en puissance sans le savoir. Sans poste fixe, même les gardiens volent, sans conformisme, sans autre désir que celui de dévorer les espaces semblant infinis de la cour de récréation, cheveux au vent et sourire aux lèvre. Et puis nous avons grandit. Aujourd'hui, nous avons même appris à ta mort, Johan. Alors on se rend compte que nous passons nos vies à courir après la balle à la recherche des chevauchées hollandaises de notre enfance.