532° Du surréalisme en politique...

Publié le 08 avril 2016 par Jacques De Brethmas

Lorsque j'ai entendu le petit Macron annoncer la création de son mouvement, « EN MARCHE » « qui n'est pas un parti » et qui prétend porter des idées « hors clivage gauche-droite des partis traditionnels », mon sang n'a fait qu'un tour.
J'ai affûté mes phrases les plus assassines, mes remarques les plus acides, mes arguments les plus tranchants pour abattre sitôt sortie du nid une si redoutable imposture.
D'abord, on nous a déjà fait le coup. Sans parler d'Edgar Faure, je rappelle que tous ceux qui ont déjà essayé de mélanger les cartes et de nous embrouiller l'échiquier idéologique de cette manière ont abouti à un double résultat : d'une part ils ont été lourdement battus, et d'autre part, ils se sont à l'usage, révélés d'hypocrites droitistes.
D'abord, Lecanuet… Qui se souvient de sa vie et de son œuvre ? Ensuite, c'est Bayrou et son Modem qui n'ont jamais obtenu de résultats électoraux à la hauteur de « leur innovation », et qu'on a surpris à voter plus de 90 % des lois de droite lorsque, d'aventure, ils ont eu des députés.
Le second, c'est Sarkozy qui a débarqué à la foutraque avec des discours de cet acabit. Enfin, quand ça l'arrangeait, puisqu’après nous avoir bassiné avec le « gauche droite c'est dépassé » pendant sa campagne présidentielle de 2007, il dérapait fortement vers l'extrême-droite vers la fin de son quinquennat, sous l'influence de Patrick Buisson.
 

Position qu'il a manifestement maintenue, puisque pour affronter les municipales de 2015, il désignait à nouveau la gauche comme un adversaire à battre pour la droite. Les chiens ne font pas des chats.
«Voter Front national au premier tour, c'est faire gagner la gauche second. »

Mais ce bonimenteur de foire change encore son discours pour préparer sa campagne pour les primaires puisqu'il prétend à nouveau s'élever au-dessus des partis...
Sans doute imagine-t-il que ce ne sont pas les mêmes Français qui l'entendent lorsqu'il prépare des municipales et lorsqu'il se présente à des primaires...
Bref, Sarkozy est un très bel exemple de travestissement politique : quand on est trop à droite, on feint d'ignorer ce que sont la gauche et la droite.
Pour en revenir à notre Macron, je vous disais que j'avais bondi en entendant son imposture.
Fondement de notre République, la gauche et la droite datent de l'assemblée constituante de 1789.
Les diverses définitions qui en ont été données ne laissent aucune place au mélange des genres.
Mes deux préférées sont :
« La gauche, c'est au nom du peuple, la droite c'est au nom du fric ».
et
« Être de gauche, c'est se poser des questions auxquelles on n'a pas de réponse, et être de droite, c'est prétendre apporter des réponses à des questions qu'on ne veut pas se poser. »

Bref, toute tentative de se soustraire à ce cas de figure nie l'évidence. Le pouvoir du fric ne cessera jamais d’exister, et la seule chose crédible à lui opposer est le pouvoir du peuple. L'économie est un outil au service de l'homme, et non l'inverse.

Alors, vouloir abolir le clivage gauche droite, ou comme les plus arrogants, prétendre léviter au-dessus, user de ce discours de « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil » est un boniment de foire, et j'en veux autant à ceux qui les prononcent qu'aux journalistes qui les développent et les analysent à qui mieux-mieux. 
Quant à ceux qui y croient, je me contente de les plaindre, comme je plains tous les gens qui « croient ».
Non mais allô quoi, écoutez le, le Macron :
«J'ai décidé qu'on allait créer un mouvement politique nouveau qui ne sera pas à droite, qui ne sera pas à gauche », «je veux aussi travailler avec des gens de droite»

Cette formation autorisera la «double appartenance» des éventuels militants LR ou PS qui souhaiteraient le rejoindre.!
 Élever les renards et les poules dans le même enclos ? Non mais, il rêve, le Macron !
Qui a, rappelons le, été élevé chez les renards, puisqu'avant de prétendre vouloir être au-dessus des partis, il officiait… à la banque Rotschild et Cie de Paris. (A ne pas confondre avec la banque Edmond de Rotschild, il paraît que la nuance est d'importance..)

Mais vouloir mélanger impunément la gauche et la droite ne pouvait pas plaire à celui qui s'efforce depuis des années de coller des étiquettes de gauche sur des pots de droite et de travestir le loup en agneau, j'ai nommé Manuel Valls.
Qui a immédiatement retoqué son encombrant ministre en déclarant dès le lendemain :
« Dans une démocratie, il y a forcément des forces politiques. Il y a même une gauche et même une droite. Il y a des extrêmes gauches et une extrême droite. Et heureusement. C'est ainsi que fonctionne notre démocratie. Il serait absurde de vouloir effacer ces différences » 

Non, mais il ne va pas nous bouffer le casse-croûte impunément, le petit aux dents longues. A la queue comme tout le monde ! Mais comme le filon est à la mode, il ne faut pas le fusiller non plus. Ainsi, Monsieur Valls poursuit discrètement sa diatribe :
« Mais nous savons aussi que ces perceptions ont changé, que les différences se sont estompées et parfois même elles ne sont pas perçues par nos concitoyens", a-t-il poursuivi. "C'est pourquoi nous devons être capables de dépasser les clivages partisans et de nous situer au-dessus des petites querelles. »

Ce n'est pas le clivage qu'il faut abolir, juste les petites querelles. C'est quoi les petites querelles, Monsieur l'encore premier ministre : S'opposer à une loi qui détruit le code du travail et anéantit 150 ans d'acquis sociaux, par exemple ?
Monsieur Macron, votre patron monsieur Valls a traité « d'absurdes » vos belles proclamations ! Vous ne répondez pas ? A défaut d'être constructive, conservez à notre scène politique cette ambiance de vaudeville qui reste à ce jour son seul intérêt… Engueulez-vous ! Donnez-nous une belle bataille de quolibets…

Autre très grand surréaliste, Jean Marc Ayrault, notre nouveau ministre des affaires étagères, qui déclarait ce matin à France-Info :

 « la France est à la pointe de la lutte contre l'évasion fiscale ».

C'est oublier qu'en décembre dernier, il y a moins de six mois, à la demande du gouvernement, l'assemblée a vidé de son sens une loi destinée à assurer la transparence fiscale des établissements internationaux.
C'était l'occasion. Elle est manquée. Ne sait quand reviendra...
Incompétence ou mensonge éhonté, monsieur Ayrault ? Confondu la droite et la gauche, vous aussi ?