Les équinoxes de Cyril PEDROSA

Par Lecturissime

- Ben, tu vois... ça crée un déséquilibre... mais qui met en mouvement."

Pendant les équinoxes, la durée du jour égale celle de la nuit, comme si le monde trouvait alors l'équilibre parfait entre l'ombre et la lumière. Un équilibre fugitif, semblable à l'enjeu de nos destinées humaines, sans cesse malmenées. Tel le metteur en scène d'une symphonie humaine, Cyril Pedrosa meut ses êtres à l'équilibre instable et les suit à la trace durant les quatre saisons.

Qu'il s'agisse de Vincent, de son frère Damien, de sa fille Pauline, de Catherine et de Louis, de Camille, Edith, Antoine, tous ces personnages forment un faisceau de lumière qui éclaire la complexité de la nature humaine. Ils se frôlent, s'interrogent sur l'image qu'ils renvoient aux autres et qui correspond rarement à celle de notre être profond, essaient maladroitement de communiquer, avancent à tâtons dans une vie trop grande pour eux, en cherchant, désespérément, un sens, parce que " Ce serait tellement réconfortant si cela avait un sens."

Leur mélancolie est prégnante, tant leur solitude se répercute dans chaque fibre de leur être.

"Pourquoi ne peut-on pas retenir cela ? Pourquoi faut-il porter sa vie avec soi comme un spectacle éphémère et invisible aux autres ?"

Malgré tout, certains essaient de laisser une trace et continuent de partager, contre vents et marées :

"Photographier pour essayer de saisir cette petite part de vérité humaine, singulière et qui pourtant nous anime tous. L'attraper avec précision et prudence.Tout doucement, du bout des doigts. La monter. Lui donner l'importance qui est la sienne. celle d'un atome dérisoire mais nécessaire parmi l'infini des particules en mouvement. Toutes indispensables les unes aux autres."

Parce que l'art reste cette lumière capable d'allumer les âmes et de maîtriser des destinées humaines soumises à une fatalité désespérante...

Les équinoxes, Cyril Pedrosa, Dupuis, 336 p., 35 euros

C'était ma Bd dde la semaine accueillie cette semaine par Noukette