Népal : Les défis du pays 1 an après le séisme

Publié le 22 avril 2016 par Cmasson

Le blocage cet hiver de la frontière entre l’Inde et le Népal a également restreint les ressources alimentaires disponibles et accessibles dans le pays.

Pour Action contre la Faim, après la mousson, l’hiver, la lenteur de la reconstruction et les blocages de denrées, il faut éviter la détérioration des conditions de vie des populations durement frappées par le tremblement de terre. Auprès de la population depuis 2011, l’ONG a renforcé ses opérations humanitaires et maintient son devoir de  témoignage. 

Découvrez le reportage photographique de Stephen Dock pour Action contre la Faim
7,8 –1 an après le séisme au Népal

Le redressement est en cours, la reconstruction tarde

Malgré la mobilisation des ONG et le travail des rescapés, la reconstruction peine à se concrétiser.
Les conditions climatiques, les difficultés d’accès aux villages dues à la géographie montagneuse et aux routes endommagées ont entravé les efforts. Des soubresauts politiques, d’août 2015 à février 2016, lorsque des opposants à la nouvelle Constitution annoncée par le gouvernement ont manifesté leur mécontentement en bloquant l’un des axes routiers majeurs d’approvisionnement du pays, ont provoqué une pénurie de carburant et d’autres biens essentiels, notamment des produits médicaux et alimentaires de base. La réhabilitation a de fait ralenti.

Le gouvernement népalais conditionne l’aide financière

Les autorités mettent en place un mécanisme d’allocation complexe : afin de recevoir une aide à la reconstruction des habitations, la population devra respecter de nouvelles normes antisismiques.
1 an après la catastrophe, la population, les acteurs de la société civile ainsi que les donateurs institutionnels internationaux attendent toujours de connaître ces modalités d’assistance, ce qui prolonge la précarité des familles qui ignorent encore où et quand elles pourront rebâtir leur foyer et leur existence.

Pour Martin Rosselot, Directeur Pays d’Action contre la Faim au Népal, « le redressement est en cours mais la reconstruction des bâtiments, des maisons, des économies locales doit se concrétiser. La mobilisation doit se maintenir et nous devons rester aux côtés des Népalais sur le terrain et les moyens financiers ne doivent pas faiblir. De nombreux défis attendent la population, comme l’approvisionnement en nourriture et la sécurité alimentaire, qui  dépendent du rétablissement des moyens de production agricole.»

1 an après le séisme meurtrier, les récoltes seront difficiles et peu abondantes

Les pertes subies lors du séisme sont importantes, tant au niveau des cultures que du bétail.
Préoccupées par les besoins immédiats nés de l’urgence, les familles ont prioritairement construit des abris temporaires et des maisons de fortune. Parfois déplacés, souvent à la recherche d’un travail d’appoint pour pouvoir acheter des biens de première nécessité comme les vêtements et la nourriture, les hommes et les femmes n’ont pas pu cultiver les champs.
2/3 de la population dépendent de l’agriculture du pays. Faute de temps et de moyens, après tous les efforts fournis suite au séisme, beaucoup de terres n’ont pas été travaillées l’an passé.

L’insécurité alimentaire est une menace sérieuse qui mobilise Action contre la Faim

Pour ces rescapés, les programmes se concentrent sur le recouvrement des moyens de subsistance : plus de 500 foyers ont reçu des sacs de protection pour conserver les graines, le grain et les stocks de nourriture disponibles. 800 foyers de fermiers bénéficieront en outre d´appuis multiples à la relance de leurs activités culturales et d´élevage.

La priorité : permettre l’autonomie des rescapés

Dans les villages les plus reculés notamment, Action contre la Faim a mis en place des activités dites "Argent contre travail". 

« Ces programmes permettent aux familles de recevoir de l’argent en échange de quelques heures de travail d'un de leur membre au service de la communauté – souvent du déblaiement, au sein des programmes de l’ONG et de ses partenaires nationaux. Cette intervention a mobilisé 4 779 travailleurs et bénéficié à environ 24 000 individus. Elle participe à l’autonomisation des familles, qui peuvent recouvrer un pouvoir d’achat après avoir tout perdu, et prendre elles-mêmes leurs décisions quant aux dépenses à initier. Le plus souvent, les enquêtes post-distribution l'ont vérifié, le principal poste de dépense et de loin, reste la  nourriture » précise Martin Rosselot.

Avec l’appui des bailleurs institutionnels et la solidarité des donateurs, le travail d’Action contre la Faim au Népal depuis 1 an, c’est :

  • le déploiement d’une réponse humanitaire d’urgence dès les premières heures
  • des programmes dans 7 des 14 districts les plus touchés : Katmandou, Bhaktapur, Lalitpur, Nuwakot, Rasuwa, Makwanpur, Ramecchap
  • l’assistance des populations en abris temporaires ; santé mentale et soutien psycho-social; eau, hygiène et assainissement ; sécurité alimentaire ; préparation à l’hiver ; nutrition
  • des partenariats forts avec le Ministère de la santé népalais et 3 ONG népalaises
  • une aide essentielle à 35 000 individus au cœur de l’hiver
  • 180 000 personnes soutenues.
     

Porte-parole disponible depuis Katmandou
Contact presse :
Karima Zanifi  – kzanifi@actioncontrelafaim.org
01 70 84 72 37 / 06 70 01 58 43

 

© Photographie Stephen Dock