Battle Prince / Purple Rain Vs Sign ‘O’ The Times

Publié le 22 avril 2016 par Heepro Music @heepro

Vs

Ses deux plus grands albums. Parmi une poignée d’autres tout aussi grands albums. Mais, d’un côté, Purple Rain restera son plus grand succès, commercial et critique à la fois. De l’autre, commercialement moins couronné, Sign ‘O’ The Times peut, lui, se targuer d’être le premier très grand album de Prince dans lequel l’Américain mit toute son ambition, ses ambitions. Alors, pourquoi les départager aujourd’hui, les années 80 étant déjà du passé presque bientôt lointain ? La réponse tient en un mot : génie.
Comme beaucoup de monde sur cette planète, si l’on ne connaît qu’un titre du Kid de Minneapolis, c’est assurément « Purple rain », morceau phare de l’album éponyme et dont ce dernier est aussi la bande originale du film du même nom. Le tout saupoudré ici ou là, parfois moins qu’on le croit, ou l’inverse, d’éléments eux aussi plus ou moins autobiographiques. L’année 1984 sera l’année de Prince (on ne mentionnera pas le duel réel ou fantasmé par les media avec un certain Michael Jackson – que tous deux reposent en paix). D’ailleurs, n’oublions pas que ce disque est l’œuvre de Prince et son groupe The Revolution.
Musicalement, les sonorités 80’s sont évidemment présentes, mais Prince savait autant les utiliser que les agrémenter, déjà, de moments plus recherchés, digne de son ambition créatrice. On ne parle pas à son propos de « génie » par hasard… Mes titres préférés sont l’ouverture « Let’s go crazy », « Computer blue », le culte « When doves cry » et « Baby I’m a star ».
Le final, éponyme et on-ne-peut-plus cultissime « Purple rain » n’a pour sa part plus le moindre besoin de commentaire.
Trois ans plus tard, après diverses productions, Sign ‘O’ The Times, viendra marquer un nouveau tournant dans la carrière et discographie de Prince, cette fois-ci délestée des fidèles The Revolution.
Le précédent était on ne peut plus ancré dans les années 80, celui-ci semble percevoir qu’une autre époque sera bientôt sur le point d’émerger. Un tournant, donc, que l’artiste aura définitivement su relever ne serait-ce que de prime abord dans le titre choisi. À dessein, le titre éponyme, single connu de (presque) tous montre toute cette ambiguïté paradoxale en cinq minutes si précieuses : une boîte à rythmes… soutenue par une véritable batterie. Et c’est bien autour de ce duo aussi improbable que génial que tout le morceau se développe.
Musicalement, l’entrée en matière de ce double album est fantastiquement géniale, génialement fantastique. La musique électronique qui commence à faire fureur autant en Amérique du Nord qu’en Europe n’est pas reniée ; les influences blues, funk ou rock non plus. Énorme. Énormissime. Jouissif. « Sign ‘o’ the times » aurait même mérité de durer deux fois plus longtemps, mais dès lors aurait pu ou dû être placé en fin de disque (le premier ou le deuxième).
Plus loin, « Hot thing » démontre que Prince n’a rien perdu en lascivité, et on aurait pratiquement l’impression que la musique est une cousine pas si éloignée que ça de ce que faisait justement à la même époque les quatre Anglais de Depeche Mode.
L’album, malgré sa longueur, parvient à maintenir un parfait équilibre. Le rocailleux et orientalisant « The cross » précède magnifiquement les dix minutes de folie de « It’s gonna be a beautiful night », qui doit être encore plus dément sur scène, lieu où le Kid était réputé pour être « chez lui », au point de pouvoir assurer des concerts de plusieurs heures sans le moindre souci. Enfin, « Adore » rappellera de toute évidence que, quelques années plus tard, un certain D’Angelo n’a pu que vouloir s’inspirer de son aîné.
Pour une fois, je ne vous dirai pas lequel des deux je préfère. À moins que vous ne réussissiez à lire entre les lignes. Je dirai juste : les deux. Ou celui que vous voulez.

(in heepro.wordpress.com, le 22/04/2016)