Desierto // De Jonas Cuaron. Avec Gael Garcia Bernal et Jeffrey Dean Morgan.
Le film de chasse dans le désert, c’est un sujet mainte et mainte fois éculé au cinéma. Dernièrement nous avions eu Hors de Portée (sorti en e-Cinema en France, avec Michael Douglas) qui n’était pas si mal que ça. Desierto tente donc de jouer sur un registre similaire où un groupe de personnages, puis rapidement de moins en moins, sont pourchassés par un chien et son maître incarné par Jeffrey Dean Morgan. Ce dernier est parfait dans le rôle de l’américain cinglé qui a envie de se faire du clandestin mexicain. Il en devient même très drôle dans sa façon de sur-jouer pas mal de séquences du film. Si cela aurait pu être un défaut ailleurs, ici c’est utilisé de façon intelligente. Jonas Cuaron parvient donc à en faire un vrai moteur à sa façon. Après un premier long métrage passé inaperçu en 2007 (Ano una) c’est surtout en signant le scénario de Gravity qu’il s’est fait connaître du grand public. Il joue encore une fois avec les étendues désertiques mais à défaut d’être dans l’espace, il sera dans le désert de Sonora, dans le sud de la Californie. C’est un terrain de jeu intelligent qu’il parvient à soigné dans l’écriture accompagné du jeune Mateo Garcia. Film d’un réalisateur prodigue, Jonas Cuaron tente de faire du cinéma qui fait cas et qui fonctionne.
Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l'immensité les épuisent et les accablent… Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.
Ce n’était pas forcément ce qu’il y avait de plus facile à faire mais l’on peut remarquer surtout qu’au fond Desierto reste assez bon dans sa manière de gérer la tension durant plus d’une heure et demie. Je dois avouer que je ne m’attendais pas nécessairement à ce que ce film soit aussi riche en séquences d’une violence inouïe. Et encore, le plus terrible là dedans ce n’est même pas la mort d’un être humain (le cinéma nous habitue à ce genre de trucs depuis des années) mais il n’ose que très rarement nous abreuver de la mort d’animaux, tués par l’homme. En l’occurence, c’est pour sauver sa peau qu’il va tuer ce chien, mais c’est tout de même une scène terrible qui n’est pas tue mais montrée sous toutes ses coutures par le réalisateur. Est-il allé trop loin, je ne pense pas forcément puisque cela est fait dans un soucis de réalisme mais tout de même. Aidé par la bande originale produite par Woodkid, le film nous propose par moment quelques belles fulgurances sans pour autant en faire des tonnes. Ce film à la façon bien à lui de créer de la violence qui sort du lot mais au delà de ça, Desierto repose sur tout un tas de principes assez simples et classiques que l’on a déjà vu dans d’autres films. Gael Garcia Bernal de son côté nous fait des trucs sympathiques dans sa façon de donner corps à son personnage.
J’ai beaucoup aimé cette prestation à fleur de peau, mi grain mi sel, avec de l’émotion où il faut. Il lutte pour trouver une échappatoire et même si ce n’est pas facile, le moins que l’on puise dire c’est qu’il est plutôt bon dans ce registre là. Dans le fond, Desierto reste donc un bon film de genre, avec son lot de bonnes surprises et une efficacité redoutable. Mais reste alors tout de même le besoin de celui-ci d’en faire des tonnes par moment (notamment autour de son vilain, caricature de l’américaine qui déteste l’immigration, raciste à souhait et sanguinaire par la même occasion). Desierto aurait pu parler du problème de la clandestinité aux Etats-Unis, notamment au travers de la discussion entre notre vilain et ce flic qui ne semble pas en avoir grand chose à faire des immigrés mais bon, ce n’est pas grave pour autant. L’ambiance est assez bien gérée et les personnages suffisamment sympathiques et attachants (du côté des clandestins bien entendu) pour que l’on reste jusqu’au bout sans aucun déplaisir.
Note : 7/10. En bref, un joli film reposant pourtant sur tout un tas de choses classiques et parfois un poil clichés.