MONDE / SAVEURS > La France veut sauver ses fromages AOP

Publié le 28 avril 2016 par Fab @fabrice_gil
Saint nectaire, Ossau-Iraty, Pont l’Evêque, les producteurs de fromages français mais aussi européens réclament le respect de leurs labels AOP notamment, dans le Traité de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis qui les remet en cause.

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©AOP


L’Appellation d’Origine Protégée pour un producteur, c’est comme un bijou de famille : tu n’y touches pas. Le problème, pour les Européens, c’est que la notion d’AOP n’a pas de reconnaissance internationale harmonisée. "Aux États-Unis, le brie est un nom générique", souligne Paul Zindy, chargé de mission au Cnaol, Conseil français des appellations d’origine laitière. Et les producteurs américains n’entendent pas changer de position, dénonçant les "attaques" de l’Union Européenne contre ces noms génériques. À la pointe du combat, les producteurs de fromages français ont écrit à la Commission européenne et au ministère de l’Agriculture qui a posé comme condition à la signature, le maintien des Appellations d’Origine Contrôlée comme Protégée.Déterminée, l’Union Européenne a adjoint au protocole de négociation du Traité de libre-échange Europe-EtatsUnis (TAFTA) une liste de 200 appellations qu’elle souhaite protéger, comme le comté (France), le jambon des Ardennes (Belgique), les loukoums chypriotes, la bière bavaroise, le salami hongrois ou encore le Gorgonzola italien. Mais le lobby des laitiers américains s’est mobilisé pour contrer cette liste, avec comme argument : "Nous sommes une nation d’immigrés, un melting-pot culturel. Ce savoir-faire c’est aussi le nôtre, celui de nos ancêtres". Derrière l’apparent folklore des appellations, se joue une vraie bataille commerciale. En 2014, en France, les produits vendus sous signe de qualité et d’origine représentaient 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires.Autre problème : les imitationsEn France, certaines fromageries fabriquent des fromages qui ressemblent aux 45 fromages AOP répertoriés à l’échelle nationale. Dans le cas du Comté, les meules sont toutes dotés de plaques de caséine rouge, et non vertes. "Fatalitas !" dirait Chéribibi. Mais les responsables fromagers insistent sur le fait que ces productions, parce que marginale, restent sans conséquence pour le marché. Pourtant le dérapage entraîne déjà la filière fromagère dans une spirale infernale. L’expérience de nos voisins suisses atteste de la gravité de ladite pratique. "Fromages, le bon goût du terroir", le livreDominique Bouchait, artisan fromager depuis 30 ans, MOF 2011 dévoile les secrets de cette particularité bien française qu’est le fromage, dans un livre signé aux éditions Chêne. Depuis le 16 avril, on y trouve au menu les 45 fromages AOP français assortis de conseils. Si l’homme aime le terrain, épicurien du Sud-Ouest, il aidait déjà -enfant- dans l'épicerie-fromagerie familiale. La grand-mère, Antoinette et ses parents sont pour beaucoup dans sa vocation.Aimer un fromage est totalement subjectif, autant parler de ceux qui ont une charte irréprochable : authenticité et qualité. "C'est également un acte militant, protéger la filière laitière et fromagère, voilà mon but" martèle le fromager. Un cahier des charges strict pour maintenir la qualité, un terroir et un patrimoine à sauvegarder, voilà ce qu'est l'Appellation d'Origine Protégée. "Bien sûr, il y a d'autres fromages que les AOP en France, mais je n'ai pas voulu faire l'encyclopédie du fromage". AF