Moisés Ville proposée au Patrimoine de l'Humanité [Actu]

Publié le 28 avril 2016 par Jyj9icx6

La porte symbolique qui marque l'entrée de certains villages et même des provinces entières...
au milieu de nulle part !


Dans la province de Córdoba, la bourgade de Moisés Ville va être proposée au Patrimoine de l'Humanité. Moisés Ville, 2400 habitants, est la première colonie ashkénaze en Argentine. Elle a donné vie à la figure du Gaucho judío (le gaucho juif), grâce au livre homonyme de Alberto Gerchunoff, prototype de la littérature judéo-latino-américaine, paru en 1909 (1), un ouvrage qui fut adapté au grand écran en 1975 et acheva de populariser cet archétype.

Le jour de la tradition, fêté à Moisés Ville


Cette ville a en effet été fondée par une communauté d'immigrants juifs, 136 familles venues des régions de résidence imposée par le régime tsariste, en Ukraine. Ces gens apportaient avec eux une utopie de développement social grâce à la ruralité, cette ruralité dont les législations européennes depuis le haut Moyen-Age avaient privé toutes les communautés juives partout sur le Vieux Continent. En Amérique du Sud, la ville constitue la première expérience (et l'une des toutes premières au monde) du socialisme ashkénaze issu des théories des années 1840-1850 avec leurs phalanstères et autres coopératives qui connurent ensuite, en Palestine puis dans l'Etat d'Israël, d'autres variantes, dont celle des emblématiques kibboutzim aujourd'hui tous quasiment disparus. Moisés Ville a été fondée en 1889 et, même si les pratiquants forment une minorité dans le village actuel, il n'en vit pas moins encore aujourd'hui au rythme du calendrier liturgique juif, tout en respectant aussi les jours fériés de l'immense majorité catholique du pays.
A Moisés Ville, qui n'est qu'un hameau et non pas une municipalité à part entière (2) on compte trois synagogues, dont la plus ancienne a été construite en 1890 (c'est très vieux pour l'Argentine), plusieurs bibliothèques où l'on trouve des ouvrages en hébreu, en russe et en yiddish, une belle salle de théâtre, de 500 places (rien de moins), le Teatro Kadima qui faisait partir du projet urbanistique des premiers colons, des traditions culinaires qui ont adapté la cuisine cachère ukrainienne et enfin, aussi, un musée qui est l'un des plus significatifs du pays sur la judéïté et le judaïsme.
La Nación a choisi cette semaine de Pessah (Pesaj en espagnol), la grande fête juive, celle de la libération d'Egypte, pour raconter cette ville et ses atouts touristiques dans l'ouest de Córboda, non loin de la Laguna Mar Chiquita, belle et vaste zone marécageuse à la limite avec Santa Fe.
Pour aller plus loin sur la question : lire l'article de La Nación visiter le site Internet du musée de la ville consulter la page Facebook de Moisés Ville consulter la page Facebook de Moisés Ville par les élus.
(1) Grâce à La Nación qui publia ce livre sous forme de feuilleton au cours de cette année qui précédait le Centenaire de l'Argentine. Le livre appartient à cette veine littéraire argentine qu'est l'écriture régionaliste. (2) Administrativement et politiquement, Moisés Ville dépend de la municipalité de San Cristóbal et dispose sur place d'une délégation de la mairie qui gère localement le hameau. Le territoire de cette municipalité (departamento en argentin) présente la particularité de se trouver à cheval sur deux provinces, Córdoba à l'ouest et Santa Fe à l'est. San Cristóbal est sur le territoire santafesino et Moisés Ville est en province de Córdoba. Comme il s'agit d'un hameau, son nom ne figure pas sur les cartes officielles de l'IGN (institut géographique national argentin).