Journées Catherine Gide : Maria Van Rysselberghe (1/6)

Par Blogegide

La 3ème édition des Journées Catherine Gide a eu lieu les 23 et 24 avril derniers au Lavandou. Après Théo Van Rysselberghe l'an dernier, au travers de son tableau Une lecture, c'est à sa femme, Maria Van Rysselberghe que ces journées ont été consacrées. La parution de la Correspondance André Gide-Maria Van Rysselberghe, aux éditions Gallimard, a permis d'apporter des éclairages nouveaux sur l'amitié qui a uni pendant plus de 50 ans la Petite Dame et le grand homme.

Les 3èmes Journées Catherine Gide au Lavandou

étaient consacrées à la Petite Dame

Juliette Solvès et Peter Schnyder, qui présentent et annotent l'édition de cette Correspondance inédite, ouvraient les Journées Catherine Gide par un panorama de ce fort volume, riche de plus de 800 lettres. " Les lettres échangées avec Gide se différencient des autres correspondances d'André Gide par l'absence de cloisonnement entre les sujets : la littérature y est mêlée à la vie de tous les jours ", explique notamment Juliette Solvès.

Le quotidien (de la liste de courses aux maladies des uns et des autres, des petites tyrannies de Gide aux séjours en cure thermale) voisine avec les comptes-rendus de lectures (des œuvres de Gide ou des amis) ou des rencontres avec les amis. " Une véritable correspondance de l'amitié ", comme le souligne Peter Schnyder. Mais en aucun cas une " amitié amoureuse " comme l'écrit un journaliste dans le Magazine littéraire.

Au contraire, Gide et Maria Van Rysselberghe peuvent y évoquer leurs passions, vécues chacune de leur côté. Lorsqu'elles sont au beau fixe comme celle entre Gide et Marc Allégret :

" [...] j'ai des remords de mon bonheur, et de l'avoir étalé cyniquement devant vous, avec des manières de " nouveau riche ", dignes de pousser à bout notre amitié - et ceci pour vous avoir donné le regard sur certain compartiment secret de mon cœur ", écrit Gide en juillet 1917.

Ou lorsque rien ne va plus entre Maria et Aline Mayrisch :

" Seule dans ce Londres je mène une vie étrange [...] errant avec de mauvaises pensées, ayant perdu toute notion de ma condition sociale. Soulagée d'être seule et triste à défaillir, en proie à tous les vertiges. N'est-ce pas vous savez à quel degré peut monter la détresse de la solitude en voyage. " (23 ou 30 juin 1913)

Juliette Solvès et Peter Schnyder, éditeurs de la


Correspondance Gide-Maria Van Rysselberghe

Maria a trouvé " un homme qui [lui] ressemble ", " un moi plus difficile ". Gide " celle qui [sait] le mieux [ses[ empêchements et [ses] exigences ". " C'est une amitié pure, désintéressée ", confirme Juliette Solvès. Non seulement cette Correspondance ne fait pas vraiment doublon ni avec les Cahiers de la Petite Dame, ni avec le Journal de Gide, mais elle place Maria Van Rysselberghe sur le même plan que Gide : celui de la littérature.

La richesse d'écriture, le style de la Petite Dame n'ont rien à envier à celui de Gide, et comme lui sans doute sait-elle que ses lettres font œuvre. Elle est après tout la première " gidienne "... Des trouvailles drôle ou poétiques parsèment ces lettres souvent plus longues chez la Petite Dame : " Votre lettre est entrée en moi comme Nijinski entrait en scène ", confie-t-elle à Gide. Son grand homme, sa grande ombre, avec laquelle elle ne cesse jamais de converser.