(notes sur la création) Agnès Rouzier

Par Florence Trocmé

Stéphane Korvin continue sa remarquable entreprise de réédition des écrits d’Agnès Rouzier, introuvables depuis des années. Vient de paraître le second volume, dire, encore.
On pourra aussi se référer à l’important cahier que le CCP, Cahier critique de poésie, vient de faire paraître autour d’Agnès Rouzier.
« Je ne dois jamais plus rien lire sans prendre un minimum de notes. Beaucoup travailler pour beaucoup vivre. Ainsi ce Journal de Virginia Woolf a ce côté passionnant, vivant, d’un voyage : une curiosité vorace qui s’apaise. Cela s’intègre comme un moment "intéressant" de mon existence. La lecture n’est pas passive, pas contemplative. Même à ce niveau, elle est "dialogue". Ouverture profondément curieuse, à la fois sur l’autre, à la fois sur le Double. Acquiescement et mise en question, réciproque. Avec toute la patience, l’intérêt, l’intensité d’écoute, requis. Par de telles expériences je communique : c’est comme une réplique, plus apaisante, que l’écriture. La volupté du voyeur avant qu’il entre
lui-même en lice .
Quel est le registre particulier de la lecture que je cherche en recopiant des textes ? Les prendre à l’intérieur de moi ? Mais aussi me rassurer au niveau de ma propre écriture. Appropriation tout aussi bien que pénétration plus intime. Rite de l’éloge : la parole redite, le geste refait. L’approche extrêmement lente. Ce que Barthes appellerait un "exercice mystique" »
Agnès Rouzier, dire, encore, édition Brûle Pourpoint, 2016, p. 111.