Rural noir

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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La force de « Rural noir » réside surtout dans sa simplicité.

Des personnages simples : Une bande d’adolescents unis pour la vie. Du genre que rien n’arrête et qui nous ramène à nos propres heures d’une jeunesse presque oubliée. Souvenons-nous de cette inconscience que nous avions pour alliée, celle qui nous faisait dire et faire des choses qui nous paraissent folles de notre regard adulte. Ces quelques années pendant lesquelles ont ne sait qui on est, coincé entre deux âges : la candeur de l’enfance perdue à tout jamais et la raison de l’adulte encore abstraite. Benoît Minville réussit à créer la nostalgie nécessaire pour s’imprégner de ses personnages et rappeler à son lecteur qu’il a un jour, eu quatorze ans.

Une histoire simple : Le retour à la terre et aux racines d’un homme. Le besoin de recouvrer une innocence perdue à travers ceux qui sont restés ou la nécessité de réparer des erreurs passées. Benoît Minville a su utiliser des situations où ses lecteurs peuvent se projeter en insufflant un modernisme criant de vérité. L’intrigue est vraisemblable et n’est d’aucune manière alourdie d’un trop plein d’actions. L’auteur a su rester terrien et ancré dans la réalité.

Un décor simple : La Nièvre, campagne désertée par ses médecins. L’agriculture en crise comme partout ailleurs mais aussi ses champs de blé qui réveillent l’odorat et ses cours d’eau qu’il faisait bon approcher l’été. Ceux qui ont quitté le lieu où ils ont grandit comprendront la mélancolie que peut procurer ce genre d’endroits.Une odeur de foin fraîchement coupé, quelques pêcheurs à la patience infinie campés devant le lit d’une rivière ou encore un bouquet de pâquerettes et de bleuets savamment composé lors de vacances interminables… autant de petites choses simples de la vie qui donnent un regard indulgent et teinté de bonheur sur une enfance vécue à la campagne.

Avec « Rural noir », Benoit Minville met en lumière l’amitié. Celle qui maintient en vie et qui l’éclaire les jours sombres, mais aussi celle qui crie vengeance et qui engendre parfois la violence. Construit sur une alternance entre deux époques avec des phrases courtes et incisives, le style Minville est percutant et cadencé à coup de rock et de métal. Les amateurs de Métallica, ACDC et Nirvana verront leur lecture rythmée aux coups des riffs de guitares électriques.

Bien campé dans son époque, « Rural noir » est un petit roman noir fort bien écrit qui a ce mérite de faire replonger, l’espace d’un instant, dans une adolescence oubliée, la rendant presque plus séduisante qu’elle ne le fut.