Le vrai coût des anciens chefs de l’État dévoilé

Publié le 19 avril 2016 par Leblogpolitique

La question revient tous les ans ou presque et à chaque fois c’est un peu la chose. Tout le monde s’interroge sur le coût des anciens chefs d’État de la France, on obtient des chiffres parfois un peu indécents, il faut bien le dire, mais rien ne change et aucune mesure n’est proposée pour les diminuer.

Le trio de la 5e République : 9,6 millions d’euros par an

Presque 10 millions pour nos trois anciens présidents, Giscard, Chirac et Sarkozy, comme le révèle le député PS René Dosière, spécialiste en matière de dépenses de l’État. Il a obtenu ce chiffre en interrogeant le ministère de l’Intérieur qui, selon le député, a mis près de 17 mois pour répondre. On se souvient qu’il avait d’ailleurs déjà interpellé l’opinion en janvier 2015 avec un montant estimé à 6millions d’euros, ce qui était déjà une somme colossale.

Si tout le monde, et le Député Dosière en premier, ne conteste aucunement la nécessité d’un dispositif de sécurité auprès des anciens présidents de la République, c’est véritablement la question de l’ampleur des dépenses engagées qui interpelle. La question est comment concilier sécurité, qui en l’occurrence relève du devoir de l’État, et économie dans la mise en œuvre.

Pour le député PS, il faudrait mieux encadrer ce statut, qui s’étend aussi aux occupants de Matignon, et en limiter les avantages dans le temps. C’est pourquoi il a indiqué avoir déposé un projet de loi allant dans ce sens.

Ce que comprend le dispositif d’accompagnement des anciens chefs d’État français.

Déjà, il faut prendre en compte, dit le député René Dosière, « un appartement de fonction meublé, au service duquel sont affectées deux personnes ; deux policiers pour la protection rapprochée, une voiture de fonction avec deux chauffeurs, et sept collaborateurs permanents ». Ces menus avantages ont été mis en place en 1985 par le premier ministre d’alors, Laurent Fabius, au profit de Giscard.

En plus de cela, le dispositif de protection inclut tant la sécurité des personnes que des biens, donc des propriétés et résidences secondaires, comme celle de VGE dans le Loir-et-Cher ou celle de Chirac en Corrèze. Ainsi, respectivement, la surveillance mise en œuvre par la gendarmerie s’élève à 1 303 163 € et 502 407€. Pour Nicolas Sarkozy, il n’y a ce type de surveillance, bien que la protection rapprochée qui lui est dédiée soit particulièrement couteuse avec 1,8 millions d’euros. Il faut dire qu’une surveillance 24/24 nécessite pas moins de 6 personnes… VGE en bénéficie aussi, mais pas Chirac.

À cela s’ajoute évidemment les traitements mensuels (salaires)  des ex-présidents qui est de 6000€, plus 12000€ (oui oui, toujours par mois) perçus par Valéry Giscard d’Estaing en tant que membre du Conseil Constitutionnel

Quelques chiffres

Valéry Giscard d’Estaing coûte 3,9 millions d’euros au contribuable. Outre la sécurité des biens, la location de bureaux Boulevard St-Germain, l’État paye aussi les abonnements presse de l’ex-président, mais se charge en outre des factures de carburant… Il bénéficie en outre de 2 sous officiers de l’armée de terre et de 3 sous-officiers de la marine pour un coût global de plus de 286 690 € (à quoi cela lui sert-il ?) payé par le ministère dédié, sans parler du personnel du ministère des Finances (3 fonctionnaires).

Nicolas Sarkozy coûte 3,3 millions d’euros à la France. Pas d’abonnement presse, mais de nombreuses lignes téléphoniques et leur abonnement sont à la charge des Français. Il est aussi accompagné d’un fonctionnaire du ministère des Finances. Jacques Chirac coûte 2,4 millions d’euros à l’État.

Quid du coût des premiers ministres ?

Oui, car eux aussi bénéficient d’un statut spécial d’accompagnements après leur départ de Matignon. Déjà, il y a le droit à une voiture avec chauffeur. Et cette voiture est même susceptible d’être changée aux frais de la princesse comme ce fut le cas pour Fillon, Balladur et Rocard pour un montant de 89000 euros en 2014.

Dominique de Villepin, en plus de cela, a bénéficié de la mise à disposition d’un certain nombre de personnels de l’État, alors que son activité professionnelle lui laisse une large marge de bénéfice financier. Un montant qui s’élève à environ 97 000 euros, à 102 000 euros pour Alain Juppé, à 89 000 euros pour Raffarin (qui est en outre sénateur et donc perçoit les avantages et traitements afférents à sa fonction) à 75000euros pour Jean-Marc Ayrault.

La question de François Hollande

Le président de la République a demandé au premier président de la Cour des comptes ainsi qu’au vice-président du Conseil d’État de réfléchir à une réforme de ces différents statuts et avantages.

Bien que le rapport ne soit pas encore public, on imagine que les propositions du député François Dosière, qui ne va pas lâcher prise facilement, seront étudiées. Déjà, quelques lignes directrices se dégagent : dégressivité dans le temps, réfraction en cas d’autres activités, etc.

Et il serait de mauvais goût, vu le contexte économique actuel que des voix s’élèvent contre une réforme de ces statuts somme toute très fragile.