Les Fils de la Terre de Jinpachi Môri et Hideaki Hataji

Par Manuel Picaud
Je poursuis ma mise en avant des ouvrages sélectionnés pour le prix Asie-ACBD 2008 qui sera dévoilé le 5 juillet.
Si le manga trouve ses origines au 12e siècle, son développement date de l’après Hiroshima. Les occupants américains et les dirigeants japonais ont vite compris l’attrait et l’efficacité que pouvait avoir cette mode d’expression alliant l’image au texte pour changer les mentalités et redonner du courage et le goût du travail à la population. Encore aujourd’hui, le manga participe au développement personnel et à la transmission de message parfois politique. Je me souviens des premiers mangas qui incitaient les paysans à adopter de nouvelles de méthodes de production en 1945. Depuis, ils sont de moins en moins nombreux à cultiver la terre et le pays est devenu encore plus dépendant de l’étranger pour la nourriture.
Les Fils de la Terre est un manga en trois épisodes pour redonner envie aux Japonais de retrouver une certaine indépendance agricole. Je vous invite à lire la chronique de Catherine Princen sur Auracan.com. Comme dans les Gouttes de Dieu, le lecteur découvre le sujet à partir des yeux et des aventures d’un néophyte Shintaro Natsume chargé à lui tout seul de remobiliser la jeunesse sur l’agriculture. Ça paraît une tâche démesurée mais l’auteur Jinpachi Môri réussit à crédibiliser son sujet. Les personnages dessinés par Hideaki Hataji sont également attachants et participent à l’adhésion au sujet. Certes, je ne vais pas dire que me voici convaincu d’une reconversion dans l’agriculture mais franchement le dépaysement sans jeu de mot est plaisant, instructif et bien raconté en texte et en images. Que demander de plus ?