La Rochelle : il veut réveiller l’université

Publié le 03 mai 2016 par Blanchemanche
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Publiéle 03/05/2016  par Agnès Lanoëlle

Jean-Marc Ogier, le nouveau président de l’université de La Rochelle, souhaite mettre les étudiants en situation par rapport aux pratiques économiques© ARCHIVES XAVIER LÉOTY

Jean-Marc Ogier, son nouveau président élu la semaine dernière pour succéder à Gérard Blanchard, entend décloisonner et rationaliser le modèle universitaire

Dès le lendemain de son élection, il a pris possession de son bureau de nouveau président de l'université, avec vue sur la prairie du Technoforum. La semaine dernière, Jean-Marc Ogier a été largement élu par ses pairs pour succéder à Gérard Blanchard, désormais conseiller régional. Son style tranche voire décoiffe. À 48 ans, cet enseignant-chercheur et directeur du laboratoire L3i, spécialiste de numérique et de dématérialisation, est un président tout feu tout flamme, au débit de paroles impressionnant. Il rêve de donner un grand coup de pied dans le modèle universitaire. Il la veut plus intégrative, plus inventive, plus innovante, plus adaptée au monde du travail. Ce bourreau de travail, qui a seulement besoin de quatre ou cinq heures de sommeil par nuit, enchaîne depuis les réunions avec sa garde rapprochée. « Je prends la mesure de ma tâche », reconnaît-il, cinq jours après son élection.Publicité« Sud Ouest ». Vous avez très largement devancé votre adversaire Mathias Tranchant qui se préparait pourtant depuis longtemps et qui était l'héritier naturel de Gérard Blanchard. Qu'est ce qui a fait la différence selon vous ?Jean-Marc Ogier. C'est d'abord la nature de notre projet « transformant » qui croise tous les secteurs : l'international, la recherche, l'innovation pédagogique. C'est un projet rare en France. Nous avons, par exemple, réfléchi sur la réussite de nos étudiants en licence qui a chuté de la 5e à la 25e place ces dernières années : nous devons intensifier les relations avec le lycée, identifier des vœux post-bac et les profils intellectuels des candidats pour éventuellement les réorienter. Ce qui a fait aussi la différence, c'est l'approche systémique au niveau des ressources humaines. J'ai consulté et monté un programme avec tous les personnels.Vous prônez la pédagogie inversée, une culture qui n'est pas encore très répandue chez nous. Expliquez-nous…La pédagogie inversée est un outil. Il faut parler « d'acquisition de compétences par les jeunes ». Le monde professionnel attend aujourd'hui des jeunes des connaissances mais aussi des compétences : d'autonomie, de rebond, de négociation, d'ingéniosité… Il faut créer ces espaces pédagogiques. L'enseignant met à disposition des apprenants des contenus de connaissances sous forme de livres, de vidéos. Mais il faut aussi mettre les étudiants en situation par rapport aux pratiques du monde économique et leur demander, en groupe, de résoudre ces problèmes.Vous évoquez très librement la relation entre université et le monde économique qui doit être plus présent et même acteur, selon vous.L'université doit former des jeunes à être efficaces et elle doit s'adapter dans la construction de ses offres. Il n'est pas normal que certaines filières continuent d'alimenter un marché aride. Nous avons une responsabilité de service public. Mais attention, il ne s'agit pas seulement de former des jeunes à court terme mais aussi de construire leur esprit critique.Quelles sont les priorités que vous souhaitez mettre rapidement en œuvre ?Notre université (qui appartient actuellement à la communauté inter-académique d'universités et d'établissements du Centre Limousin Poitou-Charentes, soit Comue, NDLR) doit rapidement se rapprocher de l'Aquitaine. Il y a à la fois une cohérence territoriale (transports, accès aux savoirs) et des recherches communes dans les domaines de la transition énergétique et environnementale et du numérique. Nous avons déjà des partenariats étroits. Mais nous avons confiance dans la capacité de la nouvelle région à investir dans l'innovation et la recherche supérieure. L'autre point, c'est bien sûr de trouver un modèle économique alternatif qui croise rationalité de la dépense et augmentation des recettes. L'une de nos propositions est la modularisation des enseignements, proche de ce qui se fait pour la formation continue des adultes. Au lieu de proposer quelques heures par semaine sur un semestre, on met en place des cours intensifs sur une ou deux semaines. L'employeur qui ne pouvait envisager de former un salarié pourrait alors le faire. L'université rationalise et fait rentrer des recettes. Il faut aussi que l'université soit plus innovante, créer des interactions entre les laboratoires de recherches et les entreprises du territoire. Cela passe par de la co-construction dans les parcours pédagogiques jusqu'au transfert de technologies. Je rêve de faire naître des start-up au sein de l'université pour contribuer au développement économique du territoire.Vous avez promis de quitter vos nombreuses fonctions pour vous consacrer seulement à la présidence. Qu'en est-il ?Je tiens parole. Je suis en train de mettre entre parenthèses tout ce que je faisais par ailleurs. Je suis en train de quitter la direction du laboratoire L3i, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. J'ai déjà décliné plusieurs rapports de thèses. J'entends juste rester membre d'une société savante internationale qui réunit 10 000 chercheurs et qui ne me mobilisera que deux fois par an.http://www.sudouest.fr/2016/05/03/il-veut-reveiller-l-universite-2348777-1391.php