Alfred Manessier

Publié le 11 mai 2016 par Jigece

« Le désespoir n’est pas concevable pour moi. Le désespoir, je l’ai mis définitivement à la porte… c’est un abandon… Pour moi, la peinture est un moyen de salut. »
Alfred Manessier, né le 5 décembre 1911 à Saint-Ouen dans la Somme et mort le 1er août 1993 à Orléans, est un peintre non figuratif français, considéré comme un des maîtres de la Nouvelle École de Paris.
Profondément imprégné dès son enfance par les paysages et la lumière de la Baie de Somme, il consacre de nombreuses toiles aux méandres et reflets du fleuve, au littoral picard, aux ports du Nord.
D’abord fortement influencé par Rembrandt dont un de ses oncles lui a offert une biographie, il est un élève studieux, apprécié de ses maîtres. Mais c’est en copiant les maîtres du Louvre, qui ne cessent de l’émerveiller, qu’il découvre l’importance de la couleur et de la lumière. Peu à peu, sa peinture évolue vers la construction et l’abstraction (lui parle plutôt de non-figuration).
À partir de 1947, le vitrail occupe une grande partie de son œuvre. Il en réalise un grand nombre, sur demande des dominicains des Bréseux d’abord, puis des dominicains du Saulchoir. Mais à partir des années 1960, les vitraux et leur conservation le préoccupent assez pour qu’il crée en 1964 « l’Association pour la défense des vitraux de France » avec un groupe d’amis.
S’il est en bonne place dans les lieux de culte et les couvents par ses tapisseries, peintures, vitraux, Manessier refuse l’étiquette de « peintre religieux », et à partir de 1956, date de l’Insurrection de Budapest, il réalise un grand nombre de toiles « politisées », en rapport avec les violences du monde : Guerre d’Algérie, exécution de Puig Antich par le régime franquiste, guerre du Viêt Nam, misère des Favellas ou lutte des noirs américains pour leurs droits. Ces toiles portent le nom de Hommage notamment à Martin Luther King, à Teilhard de Chardin, au père Dom Hélder Câmara, ou de Passions.
Sollicité dans les années 1960 pour créer des costumes de ballets ou de théâtre, il a abordé un grand nombre de techniques, dont une gigantesque lithographie, et il laisse derrière lui une œuvre considérable, qui a évolué à la suite de ses voyages : dans les Flandres, en Hollande, au Canada, dans le midi de la France. Son œuvre a été couronnée par plusieurs prix internationaux, notamment en 1962, où il reçoit le Grand Prix International de Peinture à la XXXIe Biennale de Venise (il est le dernier peintre français à avoir reçu cette distinction, avant que ne débute l’hégémonie américaine).
« La vie, a dit un jour Jean Anouilh, c’est bien, mais ça n’a pas de forme ». Manessier lui en a donné une.
Le 28 juillet 1993, il est victime d’un accident de la route dans le Loiret, et il meurt le 1er août 1993. Il est inhumé dans le cimetière de son village natal. Son épouse Thérèse est morte en 2000.