Claude Monet

Publié le 20 mai 2016 par Jigece

Claude Monet naquit à Paris le 14 Novembre 1840 mais toutes ses impressions d’enfant et d’adolescent sont liées à la ville du Havre où sa famille déménagea vers 1845. Son père y tenait un commerce d’articles coloniaux.
Alors qu’il était encore au lycée, il connut une certaine notoriété en peignant des caricatures qu’il exposa dans le magasin de fournitures de dessin avec lequel Eugène Boudin travaillait à l’époque. Finalement Boudin convainquit le jeune Monet, d’abord réticent, de peindre avec lui en plein air. Monet dira plus tard : « par le seul exemple de cet artiste épris de son art et d’indépendance, ma destinée de peintre s’était ouverte ».
Sa famille n’était pas opposée à ce qu’il devint peintre, mais ses idées indépendantes, sa critique de la peinture académique et son refus de suivre une bonne Ecole d’Art provoquèrent des disputes répétées au sein de sa famille. Finalement, Monet commença à travailler à Paris à l’Académie Suisse, où il fit la connaissance de Pissarro et Cézanne, avant de devoir effectuer ses obligations militaires. Son service militaire en Algérie (1860-1861) fut interrompu par une grave typhoïde qui le ramena en France, où il recommença à travailler l’été 1862 avec Boudin et le peintre-paysagiste hollandais Jongkind, au Havre. Il dira à propos de Jongkind : « …complètant par là l’enseignement que j’avais reçu de Boudin, il fut à partir de ce moment mon vrai maître, et c’est à lui que je dois l’éducation définitive de mon oeil ».
Libéré du reste de son service militaire, il reprit des études plus sérieuses à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, mais surtout il intégra l’Atelier d’un des professeurs de l’École, le suisse Charles Gleyre, où il allait se lier d’amitié avec Bazille, Renoir et Sisley. Dans les années 1860, ces jeunes artistes fréquentaient le Café Guerbois, un endroit où Emile Zola et Edouard Manet se rendaient souvent.

Le Salon de Paris

L’histoire de l’impressionnisme est indissociable de celle du Salon de Paris.
L’évolution sociale, économique et culturelle du XIXème siècle avait eu pour conséquence que les œuvres d’art allaient être créées désormais pour l’essentiel par des artistes indépendants (et non plus au service de quelque prince ou corporation). Pour ces artistes, trouver des possibilités d’exposition constituait une préoccupation existentielle. Les marchands d’art et leurs galeries allaient certes prendre une importance croissante, mais, en France, la possibilité d’exposition la plus importante et incontournable était « Le Salon de Paris ».
À partir de 1863, le Salon se tient tous les ans et un jury composé de membres de l’Académie des Beaux-Arts et de précédents médaillés du Salon sélectionnent les œuvres exposées. Pour la seule année 1863, 4000 oeuvres furent refusées sur les 5000 demandes faites par quelque 3000 artistes, ce qui conduisit en 1863 à la création du « Salon des Refusés ». Pour Monet et ses amis, Renoir, Bazille, Sisley… les années entre le Salon des Refusés et la Guerre de 1870 allaient être placées sous le signe d’une recherche inquiète de leur personnalité artistique et d’une alternance rapide de succès et d’échecs. S’ils furent, à l’exception de Cézanne, sélectionnés au Salon à leur première tentative (en 1865 pour Monet), ils essuyèrent ensuite des refus.
Durant toute cette période, ces jeunes peintres consolidèrent les liens existant entre eux et en développèrent de nouveau, cherchant des inspirations et des thèmes picturaux nouveaux. À l’exception de ceux disposant d’une situation personnelle aisée (Degas, Caillebotte, Bazille), ils connurent des périodes d’amère pauvreté, et en particulier Monet – que Bazille aida financièrement – lorsqu’il dut assumer seul son ménage. Ils peignaient en plein air, dans les environs de Paris ou sur la Côte Normande, où l’expérience des phénomènes d’optique de la lumière et de la couleur qui les passionnaient était plus intense.
Un moment important de l’évolution de Monet fut lorsqu’il peignit en 1869 avec Renoir une série de tableaux à La Grenouillère, un lieu de loisirs et de rencontre à Bougival très prisé des Parisiens, avec baignade, canotage et un restaurant flottant. Les toiles qu’ils peignirent en travaillant avec des touches de couleur rapides et vigoureuses, correspondant à l’animation turbulente du petit monde qui s’y pressait, marquent l’émergence d’un nouveau style artistique dominé par l’impression, inaugurant ce qui allait cinq ans plus tard être appelé « Impressionnisme ».

Vers la renommée

En 1870, Monet épouse son modèle Camille Doncieux, qui lui a donné son fils Jean (1867-1914) ; en 1878 leur deuxième fils, Michel, naît. Camille pose pour de nombreuses toiles de Monet, comme Les promeneurs, Femmes au jardin et beaucoup d’autres.
En 1874, dans une atmosphère de plus en plus hostile de la part des milieux officiels, Monet et ses amis forment un groupe et exposent dans leur propre salon pour la première fois. Une des œuvres de Monet, Impression, soleil levant donne son nom au mouvement impressionniste qui initie une nouvelle conception de la nature et de l’art. L’acte de peindre et l’œuvre d’art qui en résulte y sont revendiqués comme un plaisir, celui du peintre et de sa création personnelle.
Les années qui suivent voient un essor du courant impressionniste. Monet participe aux expositions du groupe de 1874, 1876, 1877, 1879 et 1882. Durant ces années il crée des chefs-d’œuvre tels que La Gare Saint-Lazare (1877) ou Rue Montorgueil – Festivités du 30 Juin 1878. Cependant, ses toiles trouvent peu d’acquéreurs. Désespérément pauvre, il recherche alors constamment des lieux où la vie soit moins chère : Argenteuil de 1873 à 1878, Vétheuil de 1879 à 1881, Poissy en 1882 et enfin Giverny de 1883 à sa mort.
Monet perd sa femme, Camille, en 1879.
A la fin des années 1880, ses œuvres commencent à attirer l’attention du public et des critiques. La renommée lui apporte du confort et même la richesse. Monet vit alors à Giverny avec ses deux fils, ainsi qu’Alice Hoschedé et ses six enfants. Alice est la femme du propriétaire de grand magasin et collectionneur de tableaux impressionnistes Ernest Hoschedé qui a fait faillite en 1878. Monet peut acheter en 1890 la propriété de Giverny, dans laquelle il vivait en location. Il épouse Alice en 1892, après la mort de son mari.

À cette époque, le peintre est absorbé à peindre des paysages en série. La lumière est toujours le « personnage principal » dans les paysages de Monet, et comme il a toujours pour but de saisir un effet changeant, il prend l’habitude de peindre le même sujet sous des conditions différentes de lumière, à différentes heures de la journée. Ainsi pour la série des meules de foin qu’il poursuit sur deux années. Monet les peint par temps ensoleillé ou gris, dans le brouillard ou couvertes de neige. La célèbre série consacrée à la Cathédrale de Rouen sous différentes lumières est effectuée depuis la fenêtre du 2ème étage d’une boutique en face de la cathédrale. Il en fait 18 vues frontales.

Giverny

Monet va vivre plus de quarante ans, dans sa propriété de Giverny dont il transforme, petit à petit, le jardin en un ensemble décoratif. Monet supprime les mauvaises herbes, les haies, bêche, sème du gazon, plante des arbres ornementaux et crée des séries de parterres de fleurs variées. Il produit également un potager pour nourrir la famille. Le soir, les enfants arrosent et désherbent souvent.
Ce qui n’était à l’origine qu’un verger normand d’herbe et de pommiers devient, avec la contribution de toute la famille, un jardin historique. C’est un travail de patience, que Monet poursuit avec amour. Même quand la tâche devient trop grande pour qu’il puisse l’assumer seul, il supervise son équipe de jardiniers (un chef et six assistants).
C’est en 1893 qu’il commence l’aménagement de son célèbre « jardin d’eau » avec l’étang aux nymphéas qu’il va peindre pour la première fois en 1899 dans Les nymphéas blancs ou Le pont japonais.

Après la mort d’Alice, en 1911, Monet traverse une période difficile où il se contente de terminer ses peintures entamées. En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean.

Les Nymphéas de l’Orangerie

L’idée de présenter les nymphéas dans une salle circulaire sous forme de décoration date au moins de mai 1909. Elle se concrétise en 1914 : Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l’envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l’été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Ce projet l’occupe jusqu’à la fin de sa vie. Monet est entre-temps devenu une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire prend ainsi une allure d’événement national.
Pour l’installation des grandes décorations plusieurs possibilités sont étudiées mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l’Orangerie. Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l’opération de l’œil droit réalisée en janvier 1923. Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais jauni. En plus du port de lunette, l’opération de l’œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement. C’est à cette période qu’il peint certains de ses Pont japonais, qui choque le goût de l’époque. Il retouche également sans aucun répit les grandes décorations. Affaibli par le travail incessant, Monet finit par contracter une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Son agonie prend fin le 5 décembre vers une heure de l’après-midi.

Monet laisse une oeuvre considérable autant par la quantité (plus de 2000 œuvres répertoriées), que par sa recherche constante et sa créativité. Il reste pour toujours le grand maître de l’impressionnisme.