Ce que l'art ne nous dit pas: Georges Lemmen, Les sœurs Serruys, 1894.

Publié le 25 mai 2016 par Marine

Bonjour à tous, aujourd'hui je suis ravie de partager avec vous une formidable idée (enfin je l'espère) qui a longuement muri dans mon esprit. Vous avez sans doute remarqué que j'ai délaissé le blog pendant plusieurs mois pour diverses raisons : manque de temps, d'inspiration et surtout j'avais la sensation qu'il ne me ressemblait plus. J'ai donc décidé d'y ajouter cette part de moi qu'il lui manquait, ce versant "artistique" si je puis dire.Étudiante en Histoire de l'Art, j'aime entretenir un rapport particulier et personnelle avec les œuvres d'art. Il m'arrive très souvent de m'arrêter sur une toile et d'imaginer ce qu'elle nous raconterait: un regard capté à la volée, qu'était-il en train de faire ? A quoi penses-t-il ? Qu'est-ce qui a provoqué cette expression d'angoisse, de souffrance, ou de joie que l'on perçoit sur ce modèle ? Et cette scène au fond à gauche que l'on distingue mal, qu'est-ce qu'il s'y passe ? Voilà brièvement les questions qui m'animent quand je reste un peu trop longtemps, songeuse, devant une toile. Bien sur pour certains tableaux se référant à la mythologie, à la religion ou un quelconque récit historique, l'histoire est déjà écrite, mais pour les autres ? J'aimerais donc partager avec vous, ces bribes de vies que je me plais à imaginer.Je tiens cependant à vous prévenir que ces histoires ne seront pas à prendre comme vérité absolue, qu'elles ne sont que le fruit de mon imagination et non des faits avérés ou des interprétations validées par des spécialistes. De plus, même s'il me semble important de vous présenter l’œuvre avant de vous livrer mon récit, sachez que je ne reste qu'une modeste étudiante, et que par conséquent, ma parole reste à vérifier. Car même si la plupart du temps je vous présenterais des œuvres étudiées plus ou moins en profondeur de mon côté, je ne suis pas exempte d'erreurs.
Quelle-est cette œuvre ?
Aujourd'hui on ouvre le bal avec une huile sur toile de Georges Lemmen intitulée Les sœurs Serruys peinte en 1894. La toile conservée au Indianapolis Museum Of Art, s'inscrit dans la lignée des recherches néo-impressionnistes. C'est à dire qu'à la suite des impressionnistes, ils ont cherché à pousser au plus loin les travaux sur le rendu de la luminosité et l'interaction des couleurs entre elles. S'appuyant sur les écrits d'Eugène Chevreul ou encore Charles Henry, les néo-impressionnistes, par la juxtaposition de petites touches de couleurs vibrantes tentent de recréer une lumière et des coloris éclatants qui se révèleraient dans l’œil de l'observateur. Même si cette œuvre reste un tableau qui répond à des recherches artistiques très scientifique, je ne peux m'empêcher de faire le rapprochement avec la photographie. Ce cadrage particulier et ces fillettes saisies sur un instant précis titillent mon imagination...
Et que nous diraient-elles ?
"Dépêche toi papa, j'ai les yeux qui me piquent !", se dit cette jolie fillette, un nœud parfaitement lassé dans ses cheveux blonds alors que quelques minutes auparavant, elle affichait un sourire radieux, qui révélait de jolies joues biens dodues. Élisabeth commence vraiment à s'impatienter, voilà bien trois minutes qu'elle est contrainte de garder les yeux ouvert, craignant de devoir recommencer ce périple. Les deux fillettes avaient pourtant tout de suite répondu à l'appel de leur père : "Les filles, venez faire une photo avant de partir chez tante Lucette" Or cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il se débattait avec sa chambre photographique et qu'aucune photographies n'avait été prise. "Ne perdons pas de temps avec cela Richard, on va encore être en retard" crie sa femme de l'autre côté de la pièce, agacée par son obstination. Et c'est un avis que partage Éléonore, agacée d'encore devoir porter la même robe que sa sœur, "si seulement elle était à mon goût..." se lamente-t-elle. Puis son père interrompt ses pensées pour lui demander de poser sa main sur la table. "Parfait!" Il est fin près à prendre sa photo, les deux fillettes ajustent leur pose et regardent l'objectif. Richard commence le décompte, lentement. Élisabeth se met alors à demander à tue-tête à quiconque l'entendrait de bien vouloir faire en sorte qu'il se dépêche de prendre sa photo avant que ses yeux ne se dessèchent  totalement. Éléonore, quant à elle, s'efforce de ne pas paraitre trop irritée par la situation quand elle entend sa mère l'appeler, certainement pour encore lui faire des reproches pense-t-elle vu le ton qu'elle vient d'employer. Elle tourne sa tête en direction de sa mère et est surprise par son père qui vient de lancer le processus photographique. Un soupir collectif retenti, son père ajouta "Merci à tous, on va devoir la refaire !" suivi d'un second soupir poussé cette fois-ci par les trois femmes.
Et toi, que t’évoques ce tableau ?