Péage : une taxe déguisée

Publié le 16 juin 2008 par Magazinenagg

L’application du principe « utilisateur-payeur » est aussi valable pour le réseau routier que pour tout autre bien ou service. Il responsabilise les consommateurs et respecte les choix de chacun.
Toutefois, les sommes payées par les automobilistes (taxes sur l’essence, TVQ, TPS, permis de conduire, frais d’immatriculation) sont plus que suffisantes pour financer le réseau routier québécois et le transport en commun. Depuis 30 ans les contributions des automobilistes au budget consolidé des gouvernements provincial et fédéral excèdent les investissements que ceux-ci font dans le réseau routier. En 2007-2008, les automobilistes ont contribué près de 3 000 M$ (1) au revenu du gouvernement québécois et près de 1 300 M$ au gouvernement fédéral. Pourtant, Québec a investi seulement 2 213 M$, incluant les contributions du gouvernement fédéral, dans ce même réseau. Les automobilistes paient déjà près de deux fois plus que ce que le gouvernement investit dans le réseau routier. Le programme de rattrapage annoncé en réaction à l'effondrement du viaduc de la Concoprde permettra de corriger partiellement cet abus.
Dans ces conditions, l’instauration de péage, sans réduire d’autant les taxes et le prix des permis, équivaut à payer deux fois pour le même service. C’est inacceptable.
(1) Voir ici
Otages au volant
Benoît Aubin, Canoë, 11/06/2008 09h37
La Ville de Montréal n'est pas au bout de ses peines, pour vendre son plan d'instaurer des péages routiers un peu partout en région - pour financer le développement d'alternatives à l'automobile.

Ce n'est pas un vilain plan - les alternatives à l'auto sont souvent déficientes, ou pire. Et le contexte économique n'est pas mauvais non plus : le pétrole hors de prix est un motivateur écologique puissant.
Mais les Montréalais ne sont vraiment pas réceptifs à l'idée d'une nouvelle taxe ; les automobilistes le sont encore moins. Les banlieusards, eux, les vraies victimes du système routier régional, ne sont pas réceptifs du tout.

Bien sûr, il y a des postes de péage aux alentours de la plupart des grandes villes voisines. Mais à Boston, Toronto ou New York, ils ont aussi de vraies autoroutes sur lesquelles circuler, des routes dignes d'un péage.

Mais poireautez pendant 45 minutes sur la planche à laver de la rue Notre Dame avant d'arriver au tunnel. Puis débouchez du tunnel sur une route à deux voies qui ressemble plus à une piste cyclable qu'à un turnpike. Sortez du pont Champlain pour vous immobiliser sur les deux petites voies construites sur pilotis dans les années 60. Rentrez la tête dans les épaules quand vous passez sous un viaduc, car on ne sait jamais.

La réfection urgente de la rue Notre-Dame, on en parle depuis le temps où le litre de jaune coûtait 50 cents. Le parachèvement de la 30 qui permettrait de contourner Montréal, pareil

LE DISCOURS ÉCOLO

S'il y a une chose, à part les péages et les promesses non tenues, qui met les automobilistes en rogne, c'est le discours écolo qui les décrit comme de riches pollueurs égoïstes qui gobent tout l'espace dans le confort de leur bagnole.

Rouler autour de Montréal aux heures de pointe est pénible. Personne ne le fait par choix. Dès qu'on s'éloigne un peu du métro, le transport en commun prend un temps fou. Vers les parcs industriels, les secteurs périphériques, c'est souvent l'enfer. En dehors des heures de pointe, c'est le désert. Les automobilistes ne sont pas des profiteurs du système routier, ils en sont les otages, les victimes.

La promesse d'aller chercher 500 millions par année en péage pour améliorer les transports en commun, justement, paraît bien sur papier. Mais nous payons déjà beaucoup de taxes pour un réseau routier débordé et des transports en commun lamentables.

Comment croire que nous en aurions vraiment pour notre argent en payant davantage cette fois-ci ?