Ceux qui restent. Marie Laberge

Par Nelcie @celinelcie

Une fois n’est pas coutume, c’est un partenariat avec le site Babelio que je vous présente aujourd’hui. En effet, le site m’a proposé de recevoir le roman de Marie Laberge, Ceux qui restent. Le résumé m’a paru très intéressant, aussi ai-je postulé pour le recevoir.

Synopsis

En avril 2000, Sylvain Côté s’enlève la vie, sans donner d’explications ni à sa famille ni à ses amis. Il ouvre une trappe sous chacun des siens. Ce garçon jeune à qui tout semble réussir disparaît et nul ne comprend.
Des années plus tard, sa femme Mélanie s’accroche à leur fils Stéphane, aujourd’hui devenu un fier jeune homme qui s’égare ; son père Vincent est parti vivre près des arbres muets ; sa mère Muguette a laissé échapper le peu de vie qui lui restait. Seule la si remuante et désirable barmaid Charlène, sa maîtresse, continue de lui parler de sexe
et d’amour depuis son comptoir.

Mon avis

Alors.
(généralement, quand je commence un article par « alors, point à la ligne », ça signifie « Putain, comment je vais exprimer mes ressentis, parce que c’est carrément pas clair dans ma tête »).

Alors.
Je n’ai pas grand-chose à reprocher de spécial à ce livre : La plume est agréable, même s’il m’a fallu me faire à quelques expressions canadiennes qui m’étaient inconnus. Le sujet est traité sous un angle que j’ai trouvé tout à fait intéressant et judicieux…
Le thème justement : Un homme qui se suicide et sans doute ne s’imagine pas le grand vite qu’il laisse derrière lui, au-près de sa famille, de ses amis. Et ce sont donc ceux-ci qui vont s’exprimer à travers ce récit.

Le roman est construit en alternant les points de vue des différentes personnes. Un style que j’apprécie beaucoup, car je trouve que cela donne souvent un bon rythme à la lecture.  Nous découvrons donc les effets que peut avoir le suicide d’un proche : rage, dégoût, tristesse, trahison… Comment s’organiser, reprendre sa vie, continuer sa vie…

La première moitié du livre est peut-être un peu longue, mais d’un côté se rapproche assez de l’ambiance du roman : ce moment de latence où les proches apprennent le suicide, se retrouvent abasourdis et ont besoin de prendre le temps pour digérer l’information, rassembler leurs idées. Sur la deuxième partie, sans assister à un retournement de situation grandiose, on sent qu’il se passe quelque chose de différent, que l’on est moins dans l’expectative.

En soi, les personnages sont plutôt intéressants. Très nombrilistes pour certains, curieux, sympathiques ou non… Et puis, le fait qu’ils ne présentent Sylvain ni comme un parfait salaud, ni comme un homme parfait, ajoute à leur incompréhension envers son geste fatal.

Bref, voyez-vous, je n’ai rien de spécial de négatif à dire de ce roman. Sauf que voilà. L’histoire ne m’a pas touchée comme je l’aurais souhaité. J’aurais voulu ressentir plus d’émotion, je m’attendais à ce que cette histoire, ces personnages me serrent plus le coeur. Mais non. En refermant le livre, j’avais un sentiment de frustration, l’impression d’être passée à côté sans savoir pourquoi exactement. Du coup, pendant plusieurs jours, je me suis triturée le cerveau en me demandant ce qui avait cloché entre ce roman et moi-même.
Et je crois que j’ai en partie trouvé !
Parce que oui, c’est bien écrit, oui le sujet est bien traité… Et justement, c’est ce qui coince pour moi : le sujet est presque trop bien traité. Je le disais plus haut, les personnages présentent Sylvain comme ni bon, ni méchant. Quelque part, ça me fait penser à ces sermons, lors d’enterrement, où l’on dépeint toutes les qualités du défunt, sans omettre ses petits défauts, avec humour, bien entendu ! Parfois, ça sonne faux, ça manque de naturel. Et c’est un peu ce que j’ai ressenti ici : malgré les émotions ressenties par les personnages, comme une sorte de récit mécanique qui casse cette empathie que j’aurais pu avoir pour eux.

Donc, le roman est agréable à lire, le thème n’est certes pas facile à traiter, mais l’auteure se cantonne un peu trop au côté émotion et « leçon de vie », sans vraiment se risquer à surprendre ou à prendre le contre-pied. Il n’y a rien de surprenant dans les récits des différents proches de la victime, et je trouve cela dommage.