Massacre à Orlando: Tout ca n'est pas très gai.

Publié le 13 juin 2016 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

#jesuischarlie

Massacre au #Pulse, boîte gay à Orlando: Tout ça n'est pas très gai. Et ce jeu de mots est de très mauvais goût. Même si l’humour, même relou, est sans doute la meilleure arme face à l’intolérance, à la bêtise, à la violence. Car ne nous leurrons pas, au-delà des réactions officielles qui seront unanimement indignées, unanimement couleur arc-en-ciel, nous connaissons tous les non-dits, ce que beaucoup pensent mais n’osent dire à haute voix sauf en petits cercles d’amis. « Ce massacre est horrible, bien sûr, mais …  il s’agit d’une boîte homo… » Sous-entendu : « Ils l’ont peut-être un peu cherché, ces spectacles indécents, ces drag-queens, cette exhibitionnisme, ces hommes ou ces femmes qui s’embrassent... » . C’est comme pour les viols, certains continuent, non plus à dire à voix haute – ça non, ce n’est pas politiquement correct - mais à penser « Elle l’avait peut-être un peu cherché » «  On ne s’habille pas comme ça quand on sort » Et progressivement, on en arrive à justifier la burqa, « tenue décente ». Certains donc ne vont pas se sentir Orlando, de la même manière qu’en Janvier 2015, certains ne sont pas sentis « Charlie » parce que : « c’est horrible bien sûr, mais…Quand même, ils faisaient dans la provocation, et puis caricaturer le prophète … » de la même manière que certains n’ont pas voulu observer une minute de silence à la mémoire des victimes du supermarché casher « quand on voit ce que les juifs font aux palestiniens ». Il y a beaucoup de naïveté à croire, à avoir voulu croire qu’une loi, le mariage pour tous, ferait disparaître l’homophobie. Alors que les 3 grandes religions monothéistes condamnent toutes l’homosexualité, comme un pêché, comme un acte contre nature, même si il y a une évolution avec quelques déclarations de tolérance du Pape, ou des Eglises protestantes. Les lois sur la citoyenneté des juifs français il y a deux cents ans, n’ont pas fait disparaître l’antisémitisme. Et au niveau de la planète, la tolérance à l’égard de l’homosexualité est une exception. En Afrique par exemple, les homosexuels sont toujours menacés de prison, voire même de peine de mort. Et il est inquiétant de constater à quel point les préjugés machistes comme la haine des homos, cela va de pair, est répandue dans nos banlieues. Pas facile d’être une jeune femme sexy dans certains quartiers. Et pas facile d’être homo aujourd’hui quand on est beur et que l’on vit à Sarcelles, ou à Marly-Gomont. Croire que Daesh est derrière tout cela, serait nous leurrer, comme le fait de manière cynique Donald Trump. Croire que la raison du massacre d’Orlando est la seule libre circulation des armes aux Etats-Unis, serait également nous leurrer. Un des pires massacres de ces dernières années a été commis dans la pacifique Norvège, où en juillet 2011, un malade d’extrême-droite est allé massacrer tout seul, 77 personnes. Croire que ce sont les seuls homos qui sont visés, serait aussi nous leurrer: En 1989, à l’Ecole Polytechnique de Montréal, 14 étudiants étaient tués, principalement des femmes, par un tueur anti-féministe.Dans nos sociétés démocratiques et de tolérance, nous sommes tous des cibles. La tolérance à l’égard de l’autre est aussi, d’abord une question d’éducation, un effort permanent de toute la société. Nous sommes tous fragiles face aux terroristes de tous bords qui cherchent à créer la division, à opposer non seulement les communautés, mais les individus. Nous sommes fragiles face aux démagogues qui comme Donald Trump, vont exploiter la peur du musulman, la haine de celle ou de celui qui n’est pas dans la norme, dans le moule, dans la majorité.Nous vivons une e-poque formidable.