J’comprends rien. Petit précis de phraséologie et pédagogie d’atelier.

Publié le 14 juin 2016 par Jfcauche @jeffakakaneda

Un atelier, ça passe par des échanges, des tas d’échanges. Je me suis amusé à compiler quelques petites astuces que j’utilise au quotidien, quelques éléments plus ou moins pédagogiques qui me servent à aider les enfants. Des petits bouts de tranches de vie…

Monsieur, vous…

Pas de ça dans mes ateliers. Je partage des choses avec les enfants, leur apprend des tas de trucs et ils m’en apprennent des tas d’autres alors c’est « Jean-François, tu ». On m’a fait remarquer une fois que cela n’était pas bon pour le respect. Quel respect ??? Un respect imposé ou mieux, mérité ? Je les respecte, ils me respectent et notre hiérarchie est non pas verticale mais horizontale. Comme dit l’adage : « celui qui fait est légitime ».

J’comprends rien !

Cette phrase est souvent désespérante. On a l’impression d’avoir été super clair et bam… Qu’est-ce que tu ne comprends pas exactement ? Qu’est-ce qui te bloque ? Creusez un peu. Vous constaterez bien souvent que les dégâts ne sont pas si importants et qu’il y a juste un ou deux points à reprendre.

Jean-François ! Jean-François ! Jean-François ! Jean-François !

Parfois 5 ou 6 questions en même temps. L’erreur serait de vouloir y répondre au même moment. Prenez les questions rapidement. Établissez un ordre comme à la boucherie : « Alors, toi 1 ; vous deux en 2 ; toi en 3 et le petit groupe, je viens vous voir juste après. » Regroupez les enfants si les questions sont similaires.

Idem quand j’explique et qu’un enfant vient parler en même temps pour poser une question. Je l’interromps gentiment en lui disant d’attendre et que je viendrai le voir juste après.

N’hésitez pas à faire de l’apprentissage par les pairs, c’est-à-dire à ce que les enfants s’entraident et s’expliquent les différentes notions entre eux. Cela fonctionne très bien et ils sont ravis de pouvoir vous aider.

Chaque fois que je le peux, j’évite de leur répondre directement mais leur donne quelques éléments de réflexion. Certains enfants arrivent alors à résoudre le problème d’eux-mêmes.

Qu’est-ce que je fais maintenant ?

Ces enfants demandent souvent une attention constante. À cette question, on répond généralement en reprenant point par point la méthode : « alors tu prends ce câble, tu le coupes à peu près là et tu le branches ensuite ici. Ok ? » OK ! Trente secondes plus tard, une fois le câble coupé : « Qu’est-ce que je fais maintenant ? »

Solution : les responsabiliser. Vous appeler constamment est une sécurité pour eux, une manière de ne pas affronter l’inconnu alors n’hésitez pas à les encourager et à les pousser à improviser par eux-mêmes. On valide ensuite ou on les aide à corriger leur réalisation mais ils auront au moins fait quelques pas seuls.

Jeaannn-Frannnsssouahhhh…

Interdiction de m’interpeller d’une voix larmoyante car il n’y a rien de désespérant dans ce que l’on fait et ils sont parfaitement capables de relever le défi.😉 Je les encourage à rester positifs autant que je le peux.

J’sais pas comment faire…

Mauvaise réponse : « Alors regarde : tu fais ça, ça et ça. »

Il vaut mieux leur poser la question : « tu ferais comment ? » Les enfants esquissent alors un geste, attendant que l’on réagisse ou pas. Le regard se fait ensuite interrogateur. « Ok, c’est bon. Continue. » Peu à peu, ils avancent et oublient complètement votre présence. Je leur fais remarquer à la fin que je ne suis pas intervenu et qu’ils ont agi seuls. Ils savent donc comment faire. Il leur manquait simplement une validation pour gagner en confiance.

J’suis un crack. Moi, j’connais.

Réaction typique de mise en sécurité. Quand un enfant me sort cela en début d’atelier, je suis certain à 95% qu’il se planque derrière cela par peur de l’inconnu. Cela se vérifie quasiment à chaque fois car le crack fait en fait piètre figure face à ses camarades. Qu’est-ce qu’on fait ? On le laisse à part dans ses certitudes ? Ce qui, pour ma part, fonctionne en général le mieux est de lui accorder un peu de temps, un suivi un peu plus personnel et ensuite de le mettre en capacité d’affronter les écueils de l’apprentissage. Cela rate parfois mais il arrive souvent qu’il finisse par rejoindre le groupe et fasse preuve d’un bel engagement.


Classé dans:Éducation, Storytelling