INTERVIEW : C’est du belge, c’est du talent… C’est Stéphanie Anspach

Publié le 24 juin 2016 par Etv @etvonweb

Un mot sur toi… comment te décrierais-tu en quelques mots ?

C’est une question difficile ! Je dirais que suis quelqu’un d’assez déterminé et têtu.

Raconte nous ton parcours.

C’était un rêve d’enfance d’être créatrice de mode. Déjà toute petite je réfléchissais à des noms. J’avais une petite machine à coudre et je créais des petites robes pour mes peluches. J’ai fais un an dans une école privée d’Art mais ce n’était pas pour moi. J’ai donc décidé de me lancer directement en créant ma propre marque.

Comment l’aventure a-t-elle commencée ?  

En Janvier 2014, j’ai diffusé une vidéo sur le net, dans laquelle une jeune fille anonyme se promène de dos. Elle porte un pull, elle est en culotte, hautes chaussettes et baskets blanches. Sur la culotte, il est inscrit “LESS IS MODE”. Le hasard fait que quelques jours après la diffusion de cette vidéo, j’apprends que le dimanche suivant aura lieu a Bruxelles le no/pants/subway/ride. J’ai décidé de profiter de l ‘évènement pour lancer ma collection. Ce fut la première collection que je montrais au public. 10 PULLS, 10 FILLES, 10 LETTRES, UN CONCEPT : LESS IS MODE !

STEPHANIE ANSPACH X LESS IS MODE/CAMPAIGN from Maud Neve on Vimeo.

Comment est venue ta prédilection pour la maille ?  

C’est vraiment une question de sensibilité. C’est une matière que j’aime travailler et qui me fascine. Travailler la maille, c’est partir d’un fil et avoir le choix parmi une infinité de possibilités pour atteindre le modèle que l’on veut. D’un point à un autre, le résultat peut totalement changer d’aspect malgré que le fil soit le même. Je trouve que c’est plus personnel de travailler à base d’un fil plutôt qu’à base de tissu.

D’où vient le Less is Mode ?  

Je l’ai détourné du Less is More de de l’architecte minimaliste Ludwig Mies van der Rohe.    L’idée est de dire qu’on peut porter un pull sans avoir besoin d’accessoires ou de pantalons spéciaux. Quand on porte une pièce forte, elle est suffisante. 

Comment définis-tu le style de ta marque ?

L’important pour moi a toujours été de prendre le mot « prêt-à-porter » au sens du terme. J’ai envie qu’on voit mes vêtements portés dans la rue, d’habiller les gens et de ne pas juste faire des choses complètement conceptuelles qu’on voit parfois chez certains créateurs et qui finalement ne sont pas vendables. Je propose quelque chose qui a du style, pour une femme qui a envie d’être un petit peu différente tout menant un train de vie tout à fait normal : aller chercher ses enfants, faire du vélo, … Ma marque offre un style unique tout en restant portable et confortable.

Comment se passe le processus créatif ?

C’est un processus constant et continu. J’y pense autant en me lavant les dents ou faisant mes courses que quand je suis à l’atelier. Ce sont des petites choses que je capte en permanence ; ça peut être quand je suis dans la rue, ça peut être dans un film, dans un bouquin ou un vieil album photo que je retrouve,… C’est quelque chose qui est en moi. Quand je rentre chez moi, j’épingle mes idées, croquis, images ou bouts de tissus sur un grand panneau en liège. La collection se construit comme ça sur une période de plus au moins trois mois.

Quelles sont tes inspirations ?

De façon générale, je suis très inspirée par Jane Birkin. Ça a toujours été LA muse pour moi et probablement le déclencheur de ma créativité. Pourquoi Jane ? Justement pour ce qu’elle représente… Juste un jean, un t-shirt, un tricot, des baskets mais toujours avec un air très décontracté et beaucoup de classe. Elle a créé un style par son non-style. C’est quelque chose qui me plait beaucoup.

Pour son parcours, Isabel Marant m’a également beaucoup inspirée. C’est une des seules femmes à avoir tout géré toute seule. Je pense qu’elle a une force assez incroyable. Je n’aime pas tout ce qu’elle fait mais c’est un bon exemple à suivre. 

Raconte nous ton premier souvenir mode.

Les dimanches pluvieux que je passais, petite, devant Fashion TV. Je pouvais rester 8 heures devant la télévision. Je rêvais et me disais qu’un jour j’y serais.

Quelle est la pièce fétiche de ton dressing ?

Le t-shirt blanc ! Si j’ai un conseil à donner, c’est le t-shirt blanc. C’est LE basique incontournable. C’est d’ailleurs encore ce que je porte aujourd’hui ! Ca peut être un longues manches, un col bateau, un col rond, un sans manches,  …

Que trouve-t-on dans ton sac à main ?

Il n’y a rien dans mon sac à main ! Je déteste être encombrée de plein de trucs.  On y trouve mon téléphone, mon portefeuille et des écouteurs. Souvent quand je marche en rue ou que je me déplace en vélo, j’écoute de la musique. C’est également quelque chose qui m’inspire : marcher dans la rue, écouter de la musique et observer les gens.

A quoi ressemble une de tes journées types ?

Il n’y a pas vraiment de journée type. Comme je suis livrée à moi même, je peux un peu choisir ce que je fais quand je veux. De manière générale, je me lève assez tôt ! Très souvent, je vais nager le matin et puis je commence ma journée. Dans les périodes de créations de prototypes, je vais à l’atelier. En dehors de ces périodes, je travaille beaucoup de chez moi. Mon salon est transformé en espèce de showroom avec des croquis de vêtements épinglés partout au mur. Il n’y a pas vraiment de règles. Jusqu’à présent (je touche du bois), tout est toujours prêt à temps !

S’il y avait une chose à changer dans la mode d’aujourd’hui ?

Il faudrait enlever les saisons. On demande aux grands créateurs de faire des capsules puis des collections croisières et finalement il y a des collections tous les mois… 8 créateurs sur 10 font des burnouts parce qu’ils n’en peuvent plus ! En Belgique, les saisons ne correspondent de toute façon plus à grand chose. Selon moi, ce serait plus intéressant d’avoir un roulement et quelque chose qui bouge plus souvent mais sans vraiment chaque fois sortir 2 ou plusieurs énormes collections par an. Aussi, il faudrait ouvrir les barrières de la mode qui a toujours été cloisonnée. Selon moi, la mode pourrait s’ouvrir sur plein d’autres domaines que ce soit la technologie, la gastronomie ou l’art. Il serait intéressant de fusionner la mode avec d’autres domaines et ne pas juste faire quelque chose de très exclusif. On tend à ça très doucement mais il y a encore beaucoup de choses à faire !

Nous avons entendu dire que tu avais un fidèle compagnon… ton chat ! Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?

Il s’appelle Serge en clin d’œil à Serge Gainsbourg. Je désirais un animal de compagnie. Comme je bosse souvent à l’atelier, je me suis dit qu’un chat serait idéal. Il est une présence quand je travaille seule chez moi. Je ne vais pas dire qu’il m’inspire mais en tout cas il est important pour moi.

 À quoi rêves- tu pour ta marque? Quels sont tes projets en cours ?

Pour l’instant j’ai tout fais par l’intermédiaire de très jolies boutiques multimarques en Belgique. J’aimerais me développer plus singulièrement. L’idée serait d’ouvrir une boutique ou un e-shop en plus de ces boutiques pour avoir vraiment l’occasion de dévoiler mon propre univers.

Pour finir, et pour oublier un instant ce mauvais temps… quelle sera ta prochaine destination de vacance?

J’aimerais partir en Inde en septembre. Les Indiens sont spécialistes en broderie. En plus du tricot, je me suis pris une petite passion pour la broderie. J’aimerais rencontrer ces gens et leur façon de travailler.