Le nouveau Zamba est arrivé [à l'affiche]

Publié le 07 juillet 2016 par Jyj9icx6

En bas : la petite noire est pour une fois une dame de la haute société avec son peigne espagnol
et Zamba a coiffé le chapeau des vecinos (les propriétaires fonciers qui avaient le droit de vote)
En haut, au-dessus des autres personnages,
à gauche en uniforme, San Martín, à droite en civil, Belgrano


Le petit écolier argentin qui depuis plusieurs années enseigne sur la chaîne éducative Paka Paka à peu près tout le programme scolaire aux enfants argentins, Zamba, le petit Correntino qui aime goûter avec du chipá (le snack à la farine de manioc et au fromage de sa province), revient sur le devant de la scène à l'occasion des fêtes du Bicentenaire qui correspondent aussi aux vacances d'hiver.
Pendant l'ère kirchneriste, le petit écolier en blouse blanche n'a pas échappe à l'idéologisation de le secteur public. Il a été ici ou là un véritable support de propagande politique, notamment pour parler aux minots de personnages politiques comme Domingo Faustino Sarmiento, la bête noire des peronistes, qui en font un parangon de la droite libérale anglophile contre laquelle ils ont toujours lutté. D'après La Nación, le petit bonhomme, qui a conservé sa ligne picturale intacte, serait désormais débarrassé de ces oripeaux politiques et pourrait être mis sous tous les yeux, sans risquer de pré-conditionner les futures consciences politiques des têtes blondes. Je demande à voir, je suis comme saint Thomas sur ces affaires-là (il arrive qu'on remplace une idéologie par une autre, plus discrète mais non moins prégnante).
On retrouve les personnages habituels avec leurs caractéristiques picturales : Zamba lui-même, la petite esclave noire des temps coloniaux avec son fichu coloré sur la tête (à l'antillaise), l'institutrice en blouse blanche comme il convient, le bus scolaire orange qui permet aux enfants d'aller visiter tout le pays, les héros historiques de la Révolution de 1810 (San Martín, Belgrano, les grenadiers à cheval qui ici sont à pied, etc.) et les lieux emblématiques (le Cabildo de Buenos Aires, la Casa Histórica de Tucumán, très en vedette ces jours-ci, les Andes avec leurs neiges éternelles qui préparent déjà le programme de l'année prochaine)...

Capture d'écran


Reste à espérer que la créativité pédagogique et artistique qui a marqué de son empreinte cette formidable série est toujours là, derrière les pupitres de Paka Paka. Car grâce à ce programme, les enfants ont fait des progrès considérables dans la connaissance de l'histoire : lors des visites des musées, ils reconnaissent maintenant seuls les portraits des héros historiques, ce qui facilite grandement le travail des guides et enrichit le contenu muséologique qui peut leur être proposé. Et ce n'était pas du luxe !
Pour aller plus loin : lire l'article de La Nación, qui, fondée par Bartolomé Mitre, l'autre grand parangon de l'idéologie libérale anglophile, semble soulagée par ce changement que la rédaction appelait de ses vœux consulter le site Web de Paka Paka, où l'on peut voir les différents épisodes du programme.