Le Bicentenaire à travers les unes nationales du lendemain [Bicentenaire]

Publié le 11 juillet 2016 par Jyj9icx6

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Hier, se tenait le troisième jour des festivités du Bicentenaire, concentrées sur la capitale fédérale. Les unes des journaux portaient toutes sur le succès populaire qu'ont connu les célébrations à San Miguel de Tucumán et dans toutes les autres villes d'importance car pas une n'avait boudé l'événement, même dans les trois provinces dont les gouverneurs n'ont pas voulu se rendre à San Miguel se joindre au président de la Nation.

Página/12 reprend la formule de Cambiemos sur le récit K (le récit kirchneriste)
et tente de le retourner contre Mauricio Macri (le récit macriste)
El relato K désigne la façon de raconter
l'histoire du pays et l'action du gouvernement qu'a développée Cristina Kirchner


Toutes les unes sauf celle de Página/12 qui se tient sur une réserve dédaigneuse et ne consacre au discours de Mauricio Macri qu'une petite manchette où il déforme les propos du chef de l'Etat : "Cher Roi, ces hommes [les députés qui ont voté l'indépendance] ont dû avoir quelque angoisse de se séparer de l'Espagne", alors que, je peux le dire pour l'avoir écouté in extenso, Macri parlait des hésitations (bel et bien historiques) (1) des constituants à l'heure de rendre le pays indépendant comme on peut avoir des craintes à s'assumer et à prendre la responsabilité de construire un pays sans plus pouvoir reporter la faute des éventuels échecs aux autres (claire allusion aux slogans kirchneristes, qui attribuent aux puissances impérialistes les difficultés de l'Argentine). La phrase de Macri ne s'adressait pas à l'Espagne et n'était nullement une remise en question de la décision prise il y a deux cents ans (mais alors vraiment pas !) mais une critique, certes très sévère et même cruelle, du complotisme permanent qui sous-tend le discours péroniste (notamment celui de Página/12) (2). Le reste de la une parle d'autre chose et profite de l'occasion pour faire un bilan ravageur de la politique économique du nouveau gouvernement, accusé de toutes les perversions politiques, mensonge, maquillage des données (avant, c'était l'opposition qui accusait l'INDEC de fournir des chiffres faussés), appropriation des décisions efficaces du gouvernement précédent. Bref, Página/12 fait aujourd'hui ce qu'il reprochait il y a sept mois à La Nación et à Clarín. C'est triste...
Hier, La Prensa n'a pas publié en ligne sa une du jour.

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Ce matin, deux éditoriaux montrent ce renversement dans le paysage médiatique argentin. Dans La Prensa, c'est un gouverneur radical (alliance Cambiemos majoritaire dans le pays) qui décrit le changement intervenu dans le pays, l'arrivée d'un pluralisme authentique et ce en quoi il voit une neutralité idéologique dans les cérémonies officielles (3). Dans Página/12, c'est Horacio González qui part en croisade contre un gouvernement à qui il reproche de ne plus tenir le même discours historique que le précédent, alors que le discours du précédent était lui aussi un récit tout aussi simpliste que celui qu'on critique aujourd'hui. Je l'analyse dans un autre article de ce jour.
Pour aller plus loin : lire l'éditorial de La Prensa lire l'éditorial de Página/12.
(1) C'est bien parce qu'ils éprouvaient une certaine angoisse devant la gravité de leur décision, sachant quelles représailles s'étaient abattues sur les peuples qui avaient déjà déclaré leur indépendance en 1811 dans le nord du continent, qu'ils ont mis aussi longtemps à faire cette déclaration. Depuis Mendoza, San Martín a travaillé au corps les trois députés de Cuyo avant d'arriver à les convaincre de prendre cette décision. Donc, oui, Macri avait raison : ils ont été pris de vertige à l'idée de se séparer de la puissance coloniale. (2) Et comme d'habitude, il est des plus probable que la vérité politique se trouve au milieu. Il y a dans les échecs de l'Argentine une responsabilité des pays industriels qui font tout ce qu'ils peuvent pour tenir dans un degré inférieur de développement les pays issus de la colonisation et une responsabilité des gouvernants nationaux et des citoyens qui les élisent, puisqu'ils font souvent des choix politiques contraires aux intérêts du pays et se laissent souvent aller à une corruption rampante et omniprésente, qui ruine les potentialités du pays tout entier. (3) Neutralité est sans doute un bien grand mot mais il est clair que les lignes choisies sont pacifiées et relèvent beaucoup moins qu'avant d'un sectarisme partisan.