Les délices de Tokyo de Naomie Kawase

Par Socrate

 Douceur, tendresse, poésie, beauté, rire, tristesse, vie, mort... Le nouveau film de Naomie Kawase est tout cela et bien plus encore. Un film intimiste et sensible, tiré du roman de Duryan Sukegawa, mettant en scène Kitin Kiki dans le rôle de Tokue, Masatoshi Nagase dans celui de Sentâro et enfin la toute jeune Kyara Uchida dans celui de Wakana.

Sentâro, un homme brisé par la vie, est obligé de vendre des dorayakis (sortes de pancakes fourrés à la pâte de haricots rouges confits) dans sa petite échoppe à Tokyo pour rembourser ses dettes. Seul dans sa petite boutique, il s'ennuie et aimerait engager quelqu'un pour l'aider et passer le temps. C'est Tokue, une vieille femme âgée de 75 ans, qui se présente pour l'emploi. D'abord sceptique, Sentâro finit par l'embaucher et découvre grâce à elle les délices de la pâte An. C'est le début d'une grande aventure pour les deux compères...

Au fil des images, le spectateur découvre le terrible secret de Tokue et comprend l'étrange attitude de la vieille femme. Celle qui écoute ce que les haricots rouges ont à dire, celle qui parle aux arbres finit par ouvrir le cœur de Sentâro. Elle est un peu cette mère qu'il a perdue... 

Le film de Naomie Kawase rend hommage au roman de Duryan Sukegawa et nous offre un regard poétique et émouvant du Japon tout en nous révélant l'horrible destinée des personnes qui comme Tokue ont été touchées par la lèpre. 
Un film qui ne laissera personne indifférent même si l'on peut regretter la froideur extérieure de Sentâro et de Wakana, leur manque "d'épaisseur"... Mais la beauté des paysages et surtout la tendresse de Tokue font largement oublier ces légers manques...