C’est ainsi que cette pastorale, mise en musique par Antoine Renard, est devenue l’hymne de la Commune, et le titre le plus sûr de Clément à la postérité. Cent cinquante ans plus tard, à chaque mois de mai, à chaque grève où ces quatre couplets parfaits se font entendre, la plaie du souvenir se rouvre, les gouttes tombent toujours rouges.
L’éclat de ce succès a éclipsé le reste de l’œuvre de Clément, à travers laquelle court cette mélancolie commune à d’autres révolutionnaires, cette perception aiguë de l’écoulement du temps, tour à tour regret (« Les Français d’autrefois / Pour défendre leurs droits, Faisaient des barricades / Mais ce bon temps a fui ») et promesse (« Les mauvais jours finiront / Et gare à la revanche / Quand tous les pauvres s’y mettront »).
« Ce n’est pas un hasard », note Roger Bordier dans la préface d’un recueil qui paraît — évidemment — aux éditions du Temps des Cerises, « si Jean-Baptiste Clément, engagé dans le combat politique en faveur des déshérités, l’est tout autant dans l’onirisme des évocations amoureuses. Ne s’agit-il pas, ici et là, d’amour ? »
Sébastien Banse
Jean-Baptiste Clément, Chansons du peuple Préfacé par Roger Bordier. Editions Le Temps des Cerises, 134 pages, 11 €