Khenchela : 17 mois sans soins au pénitencier

Publié le 22 juillet 2016 par Amroune Layachi

Autant dénoncés et sanctionnés par le département ministériel de la Justice, autant les actes de maltraitance contre les détenus demeurent de mise et constituent la ligne de conduite, non écrite, de l’administration pénitentiaire.

Le cas d’un détenu de M’sila, emprisonné à Babar dans la wilaya de Khenchela, est édifiant du fait de la cruauté de cette pratique, qui continue à faire une nouvelle victime sans que cette même administration ne daigne prendre ses responsabilités, se soustrayant aux soins nécessaires. Pire, cette administration a procédé  au transfert  de sa  victime  vers d’autres établissements pénitentiaires,  sans que quelqu’un ne trouve à redire.

Dans son récit reproduit dans la requête, ce détenu (G. H.), ayant eu un différend avec un  codétenu a été enchainé et menotté, mis en position agenouillé et l’officier de permanence lui intimait de dire qu’il «n’était pas un homme», ce qu’a  refusé de faire le détenu, lit-on dans sa requête adressée, par l’intermédiaire de son avocat, au procureur général près la cour de Khenchela. Et de poursuivre que cet officier, pris de rage, l’a attrapé par le cou et renversé violemment en arrière, G. H. retombant sur ses mains ligotées s’est fracturé. Mais l’officier a fait appel à trois gardiens qui l’ont roué de coups, jusqu’à ce qu’il crie en  pleurant  qu’il «n’est pas un homme».

Après coup, le détenu a subi une première opération dans une clinique privée, où une broche a été introduite dans sa main, avant qu’il ne soit transféré vers l’hôpital public de Khenchela, où il est resté 28 jours. Une deuxième opération lui a été prescrite à cause de l’échec de la première, puis il a aussitôt été transféré à la prison, sans que l’on s’assure de sa guérison.

Devenu une lourde charge et n’ayant trouvé aucune solution pour s’en débarrasser, l’administration pénitentiaire de Babar a procédé à son transfert à la prison de Bordj Bou Arréridj, après lui avoir fait subi les pires moments de harcèlement moral et physique à la prison de Babar, où l’officier s’en donnait à cœur joie pour le faire souffrir, notamment après avoir appris qu’une plainte a été déposée par ses parents  auprès du procureur de la République du tribunal de Khenchela.

Le père du détenu  ajoute que lors de sa visite le 14 juillet dernier, son fils souffrait de la fracture de sa main depuis février 2015 ; les deux interventions chirurgicales ont lamentablement échoué et il est nécessaire de faire une troisième intervention pour  éviter l’amputation de  sa  main du fait de l’absence de soins depuis plus de 17 mois. Signalons au passage que la plainte déposée par les parents du détenu auprès du procureur de la République a été classée car le détenu G.H. n’a pas été battu  mais qu’il est tombé tout seul.

A la prison de Bordj Bou Arréridj, a déclaré le père du détenu, on se contente de lui faire des massages pour atténuer les douleurs, sinon pour le reste, il est véritablement jeté en pâture. Prenant en charge  cette affaire, le bureau de la LADDH de M’sila demande au ministre de la Justice l’ouverture d’une enquête judiciaire et administrative et de mettre un terme aux pratiques barbares prévalant dans les établissements pénitenciers, ainsi que d’opérer en urgence les soins que nécessite le cas G. H. détenu présentement à la prison de Bordj Bou Arréridj. 
 

S. Ghellab

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