Ecrire une nouvelle page de l’histoire du radicalisme en France, dans une tradition progressiste, solidariste et libertaire

Publié le 23 juillet 2016 par Radicallibre77

Contribution au congrès du PRG des 2 au 4 septembre 2016, signée par de nombreux militants du PRG77

Le radicalisme est le plus ancien courant politique républicain en France : il a notamment été à l’origine de la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905, de la création du ministère du Travail et des retraites ouvrières et paysannes, ainsi que de l’instauration de l’impôt progressif sur le revenu et de la création du mouvement mutualiste (initié par Léon Bourgeois).

À toutes les grandes périodes de l’histoire de la gauche en France, les Radicaux puis les Radicaux de gauche ont répondu présents : lors du Front populaire, dans la Résistance autour de la figure de Jean Moulin, dans le combat anticolonial avec Pierre Mendes-France, dans la création de la Fédération de la Gauche Démocratique et Socialiste, puis de l’Union de la gauche, de la Gauche plurielle et dans la mise en œuvre des Primaires citoyennes.

Notre tradition et notre histoire s’enrichissent des traditions solidaristes de Léon Bourgeois, progressistes de Pierre Cot et Madeleine Zay, et libertaires dans la défense ardente des libertés. Aujourd’hui que la politique en France suscite un rejet sans précédent dans l’opinion publique, notre conviction est qu’il faut rassembler toute la gauche et les écologistes pour écrire une nouvelle page de l’histoire de la gauche, forte de notre tradition radicale, dans le refus commun des politiques de régression en matière sociale, de laïcité, de défense des droits des étrangers et sur le plan sécuritaire qu’incarnent la droite et l’extrême-droite.

La gauche de gouvernement n’a jamais eu d’ennemi à gauche : ceux qui encouragent des clivages internes à la gauche, voire lorgnent vers la droite en faisant croire que le clivage gauche-droite est dépassé, portent le danger mortifère de la division des forces progressistes en France, et de leur élimination du second tour des échéances électorales majeures de 2017, l’élection présidentielle et les élections législatives.

Nous plaidons donc pour le rassemblement le plus large, suivant une stratégie claire :

- les conditions d’une participation du PRG à la primaire telle que proposée par Mr Cambadelis n’étant aujourd’hui pas réunies, il faut dès à présent envisager une candidature PRG à l’élection présidentielle elle-même, car nous ne pouvons pas être absents de cette échéance majeure ;

- des candidatures radicales nombreuses aux élections législatives, qui doivent permettre à la fois la reconduction de tous nos sortants et candidats de second tour en 2012 dans le cadre d’un accord avec le Parti socialiste, et l’implantation PRG renforcée dans le plus grand nombre possible d’autres circonscriptions, en autonomie ou en coalition avec d’autres forces de gauche et écologistes, partout où nos moyens le permettront et où notre présence n’entraîne pas de risque de perte d’un siège pour la gauche. Par ailleurs, nous défendrons le principe du désistement républicain afin d’empêcher toute élection d’un député d’extrême-droite. Une stratégie doit s’appuyer sur une ligne politique claire. Plusieurs d’entre nous l’avaient déjà affirmé lors d’une contribution commune au précédent Congrès de notre parti, en 2015 : la solidarité gouvernementale n’exclut pas un regard critique et lucide sur l’action conduite, sachant que plusieurs des réformes mises en œuvre n’avaient été ni annoncées, ni concertées.

Des avancées incontestables ont eu lieu depuis 2012 : le rétablissement des moyens du service public de l’éducation nationale, la mise en place de nouveaux parcours d’accès à l’emploi pour les plus jeunes, l’instauration du mariage pour tous et la suppression du délit de solidarité avec les étrangers. Plusieurs changements majeurs sont à mettre à l’actif de nos ministres et de nos parlementaires : la réforme du financement de l’accession au logement que nous devons à Sylvia Pinel, la fin du gel du point d’indice de la fonction publique qu’a obtenue Annick Girardin, la diminution de la baisse des dotations aux collectivités territoriales pour laquelle a bataillé avec succès Jean-Michel Baylet, la lutte engagée par Thierry Braillard contre toutes les formes de discriminations dans le sport, qu’elles soient basées sur les origines, le sexe, l’orientation sexuelle ou le handicap, la création des métropoles – dotées notamment de moyens accrus pour la construction de logements – qu’a portée Anne-Marie Escoffier, ainsi que l’allongement de la période d’interdiction du licenciement des jeunes mères à leur retour dans l’entreprise, … sans oublier l’action déterminante des radicaux pour préserver l’existence des départements ou la défense des principes laïques à tous les niveaux de notre société tiraillée par les dérives communautaristes.

Mais d’autres engagements de François Hollande ont été abandonnés, comme le droit de vote des étrangers aux élections locales, la réforme de la fiscalité, ou le non-respect par le patronat des contreparties attendues de l’important effort consenti avec la mise en œuvre du CICE (où est donc le million d’emplois promis ?…).

La fin des fermetures de services publics dans les zones rurales ou les zones urbaines défavorisées, que nous avions défendue lors des primaires citoyennes, reste d’actualité, comme la relance de la construction d’une Europe fédérale, l’abrogation du Concordat en Alsace-Moselle, la mise en place d’un vrai droit à choisir de mourir dans la dignité ou la légalisation de la consommation et de la culture de cannabis.

Enfin, et sans rentrer dans le détail desdites réformes, nous ne pouvons que déplorer la manière pour le moins contestable de mener certaines réformes, les conduisant à l’échec (comme la déchéance de nationalité) ou à de sérieuses difficultés (comme la loi travail El-Khomri, sa première version inacceptable et ses versions successives toujours imparfaites et/ou discutables) : là où notre société aurait besoin de concertation, d’apaisement et de consensus on en arrive à toujours plus de fractures, de rancœurs et de divisions, sur fond de défiance démocratique, de replis identitaires/corporatistes/clientélistes et de dérives extrémistes… Cela n’est pas la République une et indivisible, laïque et sociale, que nous voulons, celle fondée sur une démocratie politique et sociale apaisée et constructive, respectueuse de chacun de ses corps intermédiaires et plus attachée à l’intérêt général à long terme qu’à la posture tactique ou la petite communication de court terme !…

Membres de la majorité, mais non socialistes, nous avons une place particulière et un rôle à jouer qui nous est propre, s’inscrivant dans notre tradition solidariste, progressiste, laïque, libertaire et eurofédéraliste :

- défenseurs des libertés publiques, nous refusons que la mise en œuvre de la nouvelle loi sur le renseignement fasse fi du respect des libertés individuelles dans un déséquilibre entre le juge et le policier, ni que la France s’enferme dans un état d’urgence permanent ;

- attachés au pacte social et républicain issu du Front populaire et de la Résistance, nous n’acceptons pas les fermetures de services publics de la santé et de la justice ni la baisse continue des dotations aux collectivités locales, échelons indispensables à la mise en place des politiques sociales de proximité, ni la marche forcée vers des intercommunalités non démocratiquement et librement choisies ;

- solidaristes de convictions, convaincus que l’épanouissement individuel doit s’inscrire dans le cadre d’une société solidaire protectrice de chacun dans l’intérêt de tous, nous plaidons pour l’instauration d’un revenu universel, qui permette de refonder le dispositif d’aides sociales aujourd’hui dépassé et d’instaurer un plus juste partage des richesses produites (en complément de la nécessaire réforme de la fiscalité) ;

- parce qu’elle ne peut plus être remise à plus tard, il faut mettre en œuvre cette profonde réforme fiscale : la fiscalité des entreprises doit être refondée pour avantager l’artisanat et les PME et non les grands groupes, tandis que la fiscalité des ménages doit rejouer un rôle redistributif : en particulier, le bouclier fiscal mis en œuvre depuis 2012 est le plus favorable aux grandes fortunes jamais instauré dans notre pays ! La fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG et la révision des bases locatives de la taxe d’habitation, anciennes et datées, sont des propositions anciennes de notre parti plus que jamais d’actualité – eurofédéralistes depuis toujours, nous entendons voir se mettre en œuvre une véritable gouvernance politique de l’Union Européenne, sans doute en commençant par son « noyau dur » de 6 à 8 pays se retrouvant sur ces objectifs communs, permettant de mettre en œuvre une diplomatie enfin coordonnée ainsi que de nouvelles politiques sociales (smic) et stratégiques notamment dans le domaine industriel avec une priorité donnée à la recherche, pour créer une relance keynésienne sur le continent européen et élever le niveau de croissance potentielle, sans oublier le principe de laïcité qui doit devenir la norme et non l’exception en Europe

Sur ces sujets comme sur tant d’autres, la France et la gauche ont plus que jamais besoin d’un Parti Radical de Gauche puissant, clair sur ses objectifs et fidèle à ses traditions. Telle est notre ambition pour écrire, ensemble, une nouvelle page de l’histoire du radicalisme en France, dans une tradition progressiste, solidariste, laïque et libertaire.